Le Temple du Soleil de Konârak, situé sur la côte orientale du sous-continent indien, est l’un des exemples exceptionnels de l’architecture et de l’art des temples, comme en témoignent sa conception, sa taille et ses proportions, ainsi que la sublime force narrative de ses ornements sculptés. C’est un témoignage extraordinaire du royaume d’Orissa (XIIIe siècle) et un exemple monumental de personnification de la divinité qui documente de manière exceptionnelle l’histoire de la diffusion du culte de Surya,le dieu-soleil. En ce sens, il est directement et matériellement lié au brahmanisme et aux systèmes de croyance tantriques.
Le Temple du Soleil marque l’apogée de l’architecture de Kalingan : tous les éléments qui le définissent atteignent leur forme la plus aboutie et la plus parfaite. Chef-d’œuvre du génie créateur de par sa conception et sa réalisation, il est une présentation monumentale du char du dieu-soleil, doté de douze paires de roues et tiré par sept chevaux, qui évoque sa course à travers les cieux. Il est orné de descriptions iconographiques sophistiquées et raffinées de la vie et des activités de l’époque. Côté nord et côté sud se trouvent 24 roues sculptées d’environ 3 m de diamètre chacune, ainsi que des motifs symboliques illustrant le cycle des saisons et des mois qui complètent la structure du temple-char. Entre les roues, le soubassement du temple est entièrement décoré de sculptures en relief représentant des lions fantastiques, des musiciens, des danseurs et des scènes érotiques. Comme de nombreux temples indiens, le Temple du Soleil comprend plusieurs unités spatiales distinctes et bien organisées. Le vimana (sanctuaire principal) était surmonté d’une haute tour couronnée d’un shikhara (chaperon) qui a été rasée au XIXe siècle. À l’est, le jahamogana (salle d’audience) domine les ruines de sa masse pyramidale. Encore plus à l’est, le natmandir (salle de danse), aujourd’hui dépourvu de toit, s’élève sur une haute plate-forme. On trouve diverses structures secondaires à l’intérieur de l’enceinte rectangulaire, percée de portes et ponctuée de tours.
Par sa forme, le Temple du Soleil est un témoignage exceptionnel du royaume hindou d’Orissa (XIIIe siècle), sous le règne de Narasimha Deva Ier (1238-1264). Sa taille, son raffinement et sa conception illustrent la force et la stabilité de l’empire Ganga ainsi que les systèmes de valeur du contexte historique. Ses sculptures narratives extrêmement esthétiques et visuellement impressionnantes nous apportent aujourd’hui un éclairage inestimable sur la vie religieuse, politique, sociale et laïque des gens de l’époque.
Le Temple du Soleil est directement associé à l’idée et à la croyance en la personnification du dieu-soleil dont les Vedas et les textes classiques donnent une vague idée. Le Soleil est personnifié en tant qu’être divin possédant une histoire, des ancêtres, une famille, des femmes et une descendance. En tant que tel, il joue un rôle très important dans les mythes et légendes de la création. Il est en outre associé à toutes les légendes qui entourent sa création artistique – la plus évocatrice étant sa construction qui a pris plus de douze ans et a mobilisé 1 200 artisans – et aux récits concernant le profond dévouement de son maître bâtisseur, Bisu Moharana, rejoint plus tard par son fils (né pendant cette période). La situation et le nom de Konârak sont des témoignages importants de tous ces liens et sa réalisation architecturale est associée aux traditions vivantes du brahmanisme et des pratiques tantriques.