Journal intime

Rome, 1945. Dans le désordre qui règne, un journaliste d'une trentaine d'années, Enrico Corsi, attend dans une salle de rédaction un appel de son journal florentin. Le coup de téléphone arrive enfin qui lui apprend la mort de son frère cadet, Ferruccio, auquel il était profondément attaché. Enrico évoque dans son souvenir le drame de son existence familiale.

Sa mère mourut en 1918, peu de temps après la naissance de Ferruccio. Son père, immobilisé à l'hôpital, ne devait pas tarder à les quitter. Les deux orphelins furent recueillis par leur grand-mère, Rosa, qui, faute d'argent, se résigna à confier Ferruccio au majordome d'un riche gentilhomme anglais. Adopté par le ménage Sarocchi, Ferruccio perdit pratiquement tout contact avec sa famille et grandit dans l'aisance tandis que les membres de celle-ci se débattaient dans toutes sortes de difficultés. Puis le gentilhomme mort, Sarocchi connut un revers de fortune et ne pu continuer à entretenir l'adolescent... En 1935, le hasard mit en présence les deux frères; Ferruccio demanda à Enrico la permission de partager son logement. La profonde fraternité qui les liait leur fit un temps oublier leurs problèmes d'argent et de santé. Mais Enrico dut entrer en sanatorium, laissant son frère...

A sa sortie, deux ans plus tard, Enrico trouvait un emploi dans un journal et retrouvait Ferruccio marié à une jeune fille, Enzina. Peu après, les deux frères enterraient leur vieille grand-mère dont ils avaient essayé d'adoucir les derniers jours dans l'hospice de vieillards où elle avait cherché refuge... La guerre sépara à nouveau les deux frères jusqu'en 1944. Ferruccio et sa femme avaient eu une petite fille, mais le jeune homme était miné par un mal mystérieux. Enrico l'emmena à Rome où il fut hospitalisé. Mais son état ne cessait de s'aggraver. Sans sa femme et son enfant, Ferruccio était parvenu aux limites du désespoir et avait supplié son frère de le ramener près des siens à Florence. Convaincu qu'aucun espoir de rétablissement n'était permis, Enrico avait frété une ambulance pour que son frère retourne dans sa ville natale...

Maintenant, Ferruccio parti à son tour, Enrico mesurait tout le poids de sa solitude en songeant qu'il faudrait, bon gré mal gré, avoir le courage de continuer à vivre.