Yi-Yi

2000

(A one and a two). Avec : Nien-Jen Wu (N.J.), Elaine Jin (Min-Min), Issei Ogata (Ota), Kelly Lee (Ting-Ting), Jonathan Chang (Yang-Yang), Hsi-Sheng Chen (Ah-Di), Su-Yun Ko (Sherry). 2h53.

N. J. Jian, sa femme Min-Min et leurs deux enfants forment une famille moyenne classique. Ils partagent leur appartement de Taipei avec la mère de Min-Min.

N. J. a des parts dans une société informatique qui a réalisé des profits importants l'année précédente, mais fera faillite si elle ne change pas de stratégie. Petit à petit, il se fait à l'idée de s'associer avec le Japonais Ota, un concepteur de logiciels de jeux novateurs. Mais les choses se compliquent le jour où la mère de Min-Min est victime d'une attaque. Ce même jour, N. J. tombe nez à nez avec son amour d'enfance, Sherry, qui est mariée et qu'il n'a plus vue depuis plus de vingt ans.

Comme beaucoup d'hommes dans la quarantaine, N. J. en est à un stade où il se demande si sa vie aurait pu être différente. La rencontre fortuite avec Sherry lui donne envie de tout laisser tomber et de repartir à zéro...

Film très irritant ; A commencer par la formule énoncée dans le courant du film comme quoi le cinéma sert à vivre plusieurs fois, notamment des vies que l'on n'a pas vécu. N'est-ce pas un peu stupide ? Il ne viendrait à personne l'idée de demander la même chose à la littérature ou à la peinture. Ce n'est parce que le cinéma suscite plus facilement l'identification qu'il n'est pas, avant tout, dispensateur d'émotion (révélation d'une forme alors que le réel apparait souvent informel).

Cette multiplicité de la vie est de plus contredite par le règne du semblable que veut instituer le film. Je veux bien admettre que l'on ne cherche pas à raconter la vie de plusieurs personnages mais d'un seul saisi aux différents moments de sa vie. Mais est-ce bien intéressant cette façon assez sure de soi de poser un personnage comme modèle ? L'enfant montre ce que l'on ne voit pas (moustique, derrière la nuque). Cette "idée" est à la rigueur maline, ça fait sourire ! mais de là à provoquer l'émotion !

Le père ne veut pas revivre son histoire d'amour pour ne pas être contraint, comme les autres, d'être adultère : encore une raison maligne mais bloquante émotionnellement. Et puis, il n'y a pas jeu : la femme "dangereuse" est particulièrement mal traitée : au contraire des membres de la famille qui bénéficient de nombreux gros plans, elle n'en a droit à aucun qui la mettent réellement en situation de reconquérir son ancien amant.

Et puis les "idées" de mise en scène sont plaquées, pouvant intervenir dans n'importe quelle scène de n'importe quel film : la lueur rouge, figurant un coeur, sur le corps du personnage à travers la fenêtre ; les feux passant du vert au rouge puis au vert ; le montage parallèle sur les garçons et les filles qui se prennent la main.