Yamabuki

2022

Avec : Kang Yoon-Soo (Chang-su), Inori Kilala (Yamabuki), Kawase Yohta (Le père de Yamabuki), Wada Misa (Minami), Miura Masaki, Kurozumi Hisao, Matsuura Yuya, Aoki Munetaka. 1h37.

Maniwa, petite ville dans les montagnes de l'ouest du Japon. Chang-su, un ancien jockey olympique de l'équipe de Corée du Sud, criblé de dettes suite à la faillite de l'entreprise paternelle, travaille dans une carrière. Il vit avec Minami et sa fille en bas âge, qui a fui son mari et sa famille il y a sept ans. Pendant ce temps, Yamabuki, une lycéenne qui a perdu sa mère et vit avec son père policier, se met spontanément à manifester de manière silencieuse à un carrefour, en pensant à des causes par-delà l'océan. À leur insu, les vies de Chang-su, de Yamabuki et des autres habitants de la ville commencent doucement à s'entrecroiser.

L'histoire de trouver un endroit où s'enraciner lorsque les obstacles de la vie vous ont découragé. Centrée sur les vies de Changsu et Yamabuki. À travers lui je pouvais symboliser la question de l’endroit où l’on veut vivre, et avec qui. A

Le yamabuki [kerria japonica] est une fleur qui s'épanouit chaque printemps, comme la fleur de cerisier, mais discrètement à flanc de montagne, dans d'humbles lieux peu ensoleillés. Elle servait autrefois à désigner en argot l’ancienne monnaie japonaise, ce qui permet d’évoquer la dimension économique très présente dans le film. Le parallèle entre le charme discret mais puissant des yamabuki qui subsistent et la possibilité d’évoquer certaines vies discrètes qui survivent grâce à leur force et leur vitalité est mis en jeu.

Les séquences animées réalisées par Sébastien Laudenbach au générique de début et de fin encadrent cette histoire comme si elle était contenue entre les couvertures d’un livre. Le récit décrit à l’intérieur est une histoire à dimension sociale avec une thématique lourde et parfois tragique. Il y est aussi question de sentiments amoureux.

Pour les Jeux olympiques il a fallu construire des infrastructures à Tokyo et pour cela on a creusé dans les montagnes, un peu partout au Japon. On les a transformées en gravier qui a ensuite servi à faire du béton pour construire ces infrastructures. Il y a eu déplacement, à la fois des montagnes, des pierres vers Tokyo, mais aussi des gens pour des questions économiques, car on a fait venir de la main-d’œuvre depuis la province. l’équitation était représentée au JO et Maniwa possede un centre équestre dans lequel évolue aussi un jockey olympique. Ll’équitation étant généralement réservée aux membres des classes privilégiées c'est un détail pour décrire l’arrière-plan de Chang-su afin de montrer d’où il vient et mieux l’incarner. Sa présence se révèle de plus en plus importante à mesure que le récit progresse. Même si elle ne vient pas du même milieu, on sent qu’elle suit une trajectoire parallèle à celle de Chang-su. Ils se croisent mais ne prennent conscience de l’existence l’un de l’autre qu’à la fin.

La mère de Yamabuki est une correspondante de guerre japonaise, épris de justice au point de tout laisser de côté pour partir sur des lieux en crise. Les manifestations ont lieu à un carrefour , un lieu qui a une forte portée symbolique. C’est à cet endroit que Chang-su et Yamabuki se rencontrent à la fin du film; un lieu symbolique où se croisent des personnes d’idéologies et d’origines différentes, vivant ensemble dans cette petite ville rurale.

La mère est correspondante de guerre et exerce une profession indépendante alors que le père est policier et incarne l’autorité du pouvoir en place. La génération suivante est celle de Yamabuki, qui semble vouloir emprunter une voie que l’on peut qualifier de « progressiste ». Son petit ami est le fils aîné d’une famille à l’esprit traditionnel et provincial. Il n’a pas envie de quitter sa région natale. Il est empreint du sens de la famille et finit par s’engager dans les forces d’autodéfense. Au-delà des idéologies, des convictions, il aime Yamabuki même s'il ne partage pas les mêmes idées. C’est ce qu’incarne ce jeune couple d’une certaine façon

Entre la séquence du sermon du père et le moment où on le voit pleurer se déploie un passage onirique qui montre Yamabuki s’en aller dans le désert. On peut donc imaginer qu’elle quitte ce monde ce monde en renonçant à cette vie qui n’en vaut pas la peine. Mais l'esthétique de la séquence est celui d'un univers onirique. Cela ne veut pas nécessairement dire qu’elle quitte lemonde au sens littéral. On peut aussi penser qu’elle s’inscrit dans les pas de sa mère lorsqu’elle revêt son foulard et s’enfonce dans le désert ou bien qu'ell jette un regard aigu sur le monde lorsqu’elle se détourne un peu de l’image et qu’elle choisit sa propre voie.

Il y a aussi Jin, la prostituée chinoise dont le père japonais est absent, sans oublier les relations entre Minami et son ex-mari. Le film se déroule au sein d’une société japonaise profondément patriarcale, mais il montre aussi des femmes indépendantes comme Yamabuki et sa mère. Au centre se trouve Chang-su, qui se cherche une famille.

Source : Dossier de presse.