(1930-1997)
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Enfant unique, Bo Widerberg est né à Malmö, ville portuaire de la côte sud de la Suède, le 8 juin 1930. Il y réside, presque sans discontinuité, jusqu’à sa trentième année et y écrit quatre romans et deux recueils de nouvelles.
Parallèlement à cette activité, Widerberg se passionne pour le cinéma international (Demy, Truffaut, Godard ou encore Shadows de John Cassavetes, auquel il rendra hommage dans Amour 65). En 1960, Widerberg est engagé comme critique cinématographique au journal Expressen à Stockholm. Deux ans plus tard, une anthologie de ses articles est publiée sous le titre Regards sur le cinéma suédois dans lequel, à l’instar de Truffaut une décennie avant lui dans Une certaine tendance du cinéma français, il éreinte une culture cinématographique marquée par une apathie visuelle et un culte servile envers le cinéma d’Ingmar Bergman. Bo Widerberg a pourtant fréquenté le maître, dont il apprécie Jeux d’été et Monika, lorsque celui-ci monta des pièces au théâtre municipal de Malmö. Entre-temps, Bergman s’oriente, selon le reproche de Widerberg, vers des films « verticaux » - métaphysiques en somme - au lieu d’explorer les relations entre les hommes dans des films « horizontaux ». Sa critique virulente du cinéma suédois coïncide avec sa découverte de la Nouvelle Vague française. Il en loue la spontanéité, la sensualité, la priorité donnée à la transmission de l’émotion et rêve de devenir à son tour le héraut de la contestation cinématographique faisant appel à de jeunes comédiens et s’éloignant des studios dont il a horreur (il suivra cette ligne de conduite jusqu’à sa dernière œuvre).
Le premier essai de Widerberg est un court métrage pour la télévision, Le Petit garçon et le cerf-volant mais Gustav Scheutz, producteur impressionné par son pamphlet, lui permet, avec un budget très modeste, de réaliser Le Landau (1963) que Pierre Braunberger, distributeur du film lors de sa sortie en France, rebaptisera Le Péché suédois, présenté à la Semaine de la Critique à Cannes en 1963. A l’été 1963, il tourne, à nouveau dans sa ville natale, Le Quartier du corbeau (1963), dans lequel il évoque le parcours d’Anders, prolétaire désirant devenir écrivain en 1936, au moment des élections qui vont entériner la victoire du Parti social-démocrate à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Les réactions critiques sont négatives mais ces impressions défavorables ne doivent pas cacher le triomphe fait au film et sa sélection aux Oscars en 1964.
Sans cesse à la recherche d’un équilibre, Amour 65 s’organise justement autour de scènes de conversations à bâtons rompus improvisées au milieu d’un canevas rigoureusement établi narrant la panne d’inspiration d’un cinéaste qui entend faire venir de Londres Ben Carruthers, acteur de Shadows de John Cassavetes afin de renouveler « le naturel » de son cinéma. Le tournage faillit être interrompu et certaines personnalités du cinéma suédois s’indignèrent de l’énorme consommation de pellicule.
A l’automne de la même année, Widerberg réalise Hello, Roland! (1966) d’après son propre roman Le Dragon vert, une satire des milieux publicitaires et de la mode. Le film à peine achevé, il tourne Elvira Madigan (1967) qui relate un fait divers authentique survenu en 1889. Composé essentiellement d’extérieurs, tourné en couleurs avec une actrice inconnue, Elvira Madigan correspond aux exigences de Widerberg et acquit une notoriété internationale. Il peut ensuite faire son choix entre les contrats que les maisons de production américaines lui proposent. Mais il est capricieux, impulsif, déteste planifier quoi que ce soit et ne respecte pas les contrats. Pourtant, après la reconnaissance internationale et le succès d’Adalen 31 à Cannes en 1969, il part aux Etats-Unis réaliser Joe Hill, portrait d’un syndicaliste exécuté à tort en 1915. Le film lui vaut pour la troisième fois consécutive une reconnaissance cannoise.
De la fin des années 1960 au début des années 1970, Bo Widerberg est un cinéaste majeur de la scène internationale qui jouit autant d’un succès critique que public. Il revient en Suède tourner Tom Foot en 1974 autour d’un petit prodige du football : Johan Bergman. En 1976, il tourne Un flic sur le toit. Pendant longtemps le plus gros budget pour un film nordique, à la fois film d’action, film à grand spectacle, thriller et réflexion sur le fonctionnement des sociétés scandinaves, ce film est l’adaptation du roman L’Abominable homme de Säffle écrit par Maj Sjöwall et Per Wahlöö, les créateurs du polar nordique dans les années 60 et 70.
Les années 1980 voient Bo Widerberg osciller entre le cinéma et la télévision. Il revient au polar en 1984 avec L’Homme de Majorque dans lequel deux flics poursuivent un braqueur meurtrier qui s’avère être un membre de la garde rapprochée du ministre de la Justice. Le film est une réussite. Presque dix ans s’écoulent avant que Widerberg ait à nouveau l’opportunité de faire un film, en 1995. Dans La beauté des choses avec dans le rôle-titre son propre fils, Widerberg persiste dans son tableau des amours impossibles avec l’aventure amoureuse d’un jeune homme et de son professeur dans le Malmö des années 40. Le film est à nouveau nominé aux Oscars.
Bo Widerberg meurt d’un cancer à l’âge de 66 ans le 1er mai 1997.
Source : Mårten Blomkvist, biographe de Bo Widerberg,
Filmographie :
1962 | Le Petit garçon et le cerf-volant |
(Pojken och draken). Téléfilm | |
1963 | Le péché suédois |
(Barnvagnen). Avec : Inger Taube (Britt Larsson), Thommy Berggren (Björn), Lars Passgaard (Robban), Lena Brundin (La camarade de travail de Britt). 1h35.
En suède, dans les années 50. Britt Larsson, jeune femme, ouvrière d’usine, fait la connaissance de Björn, d’origine bourgeoise, cultivé mais compliqué, qui disparaît aussitôt. Elle rencontre ensuite Robban, jeune guitariste et chanteur, brouillon mais touchant, dont elle tombe enceinte. Elle décide de garder l’enfant. Ils partagent un appartement, mais leur ‘couple’ ne tient pas le choc… |
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1963 | Le quartier du corbeau |
(Kvarteret Korpen). Avec : Thommy Berggren (Anders), Keve Hjelm (Le père), Emy Storm (La mère), Ingvar Hirdwall (Sixten), Christina Frambäck (Elsie). 1h41.
1936, Malmö. Anders, six ans, vit avec un père alcoolique et une mère bourreau de travail. Pour dénoncer l’injustice sociale, il veut devenir écrivain... |
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1965 | Amour 65 |
(Kärlek 65). Avec : Keve Hjelm (Keve), Ann-Marie Gyllenspetz (Ann-Mari), Inger Taube (Inger), Evabritt Strandberg (Evabritt), Ben Carruthers (Benito Carruthers), Björn Gustafson (Björn), Kent Andersson (Kent). 1h36.
Keve, un jeune réalisateur, est marié Ann-Mari. Mais l'union bat de l'aile et il peine à trouver l'inspiration. Comme chaque été, il réunit des amis.. son ex, Inger, dans leur villa de bord de mer et rencontre Björn et sa femme, Evabritt. Ils sont bientôt rejoints par le célèbre acteur américain Ben Carruthers qui interprétait Benny dans Shadows. Keve, obsédé par son film, compte sur lui pour retrouver un souffle, tandis que tout ce petit monde se livre à des jeux très troublants |
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1966 | Heja Roland! |
Avec: Thommy Berggren (Roland Jung), Mona Malm (Hanna Jung), Ulf Palme (Ö.J.), Holger Löwenadler (Waldemar Vassén), Ingvar Kjellson (Skog), Carl Billquist (Svensson), Lars Göran Carlssonv(Mortell). 1h36.
Le jeune Roland veut écrire. Pour gagner sa vie, il prend un poste dans une agence de publicité. Il se retrouve au département qui fait la promotion des cosmétiques. Il est chargé de faire des études de marché sur un nouveau remède contre les boutons. |
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1967 | Elvira Madigan |
Avec : Pia Degermark (Elvira Madigan), Thommy Berggren (Sixten Sparre), Lennart Malmer (Kristoffer), Cleo Jensen (Cleo). 1h31.
1889. Un lieutenant de l'armée suédoise d'origine noble, le comte Sixten Sparre, a déserté pour s’enfuir avec une célèbre danseuse de corde, la belle Elvira Madigan. Un amour fou les enflamme et chacun abandonne ses devoirs, elle le cirque, ses amis et son public, lui, sa femme, ses enfants et l’armée. Ils fuient bientôt leur pays pour trouver refuge dans la campagne danoise, où ils vivent un bonheur intense. Mais l’hostilité à leur liaison illégitime et la précarité de leur vie devient pesante… |
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1968 | Den vita sporten |
Documentaire | |
1969 | Ådalen 31 |
Avec : Peter Schildt (Kjell Andersson), Kerstin Tidelius (La mère de Kjell), Anita Björk (La mère d'Anna), Marie de Geer (Anna), Olof Bergstrom (Le père d'Anna), Roland Hedlund (le père de Kjell),Jonas Bergstrom (Nisse). 1h50.
1931. A Adalen, au nord de la Suède, la grève a débuté depuis 93 jours. Kjell Andersson, fils d'un docker, s'éprend d'Anna, la fille d’un directeur d’usine. La revendication se durcit quand les patrons font appel à des Jaunes, des ouvriers d’autres provinces, pour faire le travail des grévistes. L’armée arrive en ville pour faire respecter l’ordre, et le ton monte. Pendant ce temps, à l'insu des parents, Kjell et Anna sont emportés par leur sentiment. |
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1970 | Une mère avec deux enfants en attendant un troisième |
(En mor med två barn väntandes sitt tredje). Court métrage documentaire. Avec : Vanessa Redgrave, Bo Widerberg. 7' | |
1971 | Joe Hill |
Avec : Thommy Berggren (Joe Hill), Anja Schmidt (Lucia), Kelvin Malave (The Fox), Evert Anderson (Blackie), Cathy Smith (Cathy), Hasse Persson (Paul). 1h58.
En 1902, deux immigrants suédois, Joel et Paul Hillstrom, arrivent aux Etats-Unis. Ils doivent faire face aux amères réalités, une langue nouvelle et l'effroyable pauvreté qui règne dans les quartiers de l'East Side à New-York. Paul quitte la ville, Joel y reste, amoureux d'une jeune Italienne. Mais l'aventure est de courte durée. Rien ne le retenant à New-York, Joel, devenu Joe Hill, se met en route vers l'Ouest pour retrouver son frère |
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1974 | Tom Foot |
1976 | Un flic sur le toit |
1979 | Victoria |
1979 | En handelsresandes död |
Téléfilm | |
1980 | Rött och svart |
1981 | Missförståndet |
Téléfilm | |
1981 | Linje Lusta |
Téléfilm | |
1984 | L'homme de Majorque |
1986 | Le chemin du serpent |
1988 | En far |
Téléfilm | |
1989 | Vildanden |
Téléfilm en trois parties | |
1990 | Hebriana |
1992 | Efter föreställningen |
1995 | La beauté des choses |
(Lust Och Fägring Stor). Avec : Johan Widerberg (Stig), Marika Lagercrantz (Viola), Tomas Von Brömssen (Kjell), Karin Huldt (Lisbet), Nina Gunke (Mère de Stig), Kenneth Milldoff (Père de Stig), Bjorn Kjellman (Sigge), Frida Lindholm (Olga). 2h05.
1943. Alors que ses camarades sont très occupés à parler de sexualité, un trouble s'installe entre Stig, jeune lycéen et son professeur Viola. Stig est attiré par cette femme belle et mature, Viola aime chez Stig sa jeunesse et son innocence. Ils deviennent vite amants. Mais Stig rencontre fortuitement Kjell, le mari de Viola, représentant de commerce, alcoolique et fantasque. Une étrange relation d’amitié va naître entre eux. |
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