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" San Francisco
1887. La boxe, qui est loin d'être le noble art qu'elle est devenue
par la suite est un sport pratiqué sans règles qu'on relègue
aux confins de la ville dans des exhibitions clandestines. Jim Corbett, modeste
employé de banque, fils d'un cocher irlandais, y assiste souvent. Après
une rafle, il aide le juge Geary, grâce à un gros mensonge, à
échapper aux poursuites et s'acquiert ainsi sa reconnaissance. Comme
beaucoup de ses concitoyens, le juge adore la boxe et voudrait la voir pratiquée
par des gentlemen.
Corbett pratique
la boxe et devient rapidement l'un des plus célèbres boxeurs des Etats-Unis.
Sa célébrité allant de pair avec un certain dandysme, il est bientôt connu
sous le surnom de "Gentleman Jim". Il s'éprend de Victoria Ware qui ne manifeste
tout d'abord que le plus grand mépris pour ce parvenu et s'affiche au contraire
avec Clinton Dewitt. Victoria espère que Jim sera battu, mais ce dernier va
de victoire en victoire. Jim affronte enfin le plus grand boxeur des U.S.A.,
le "grand" John L. Sullivan. Le match est un combat de titans dont Jim sort
vainqueur. Victoria comprend qu'en réalité elle n'a jamais cessé d'aimer Jim.
Jacques Lourcelles
: Troisième
des sept films de Walsh avec Errol Flynn, et sans doute la plus brillante
de leurs collaborations. A travers la personnalité de l'acteur (dont
il se plaît à dégager d'autres aspects que Curtiz, qui
venait de le diriger dans douze films) et à travers la biographie de
Corbett, Walsh dessine le portrait d'un homme ambitieux, culotté, rusé,
vaniteux, insolent chez qui l'appétit de vivre, extrêmement développé,
est polyvalent et constamment à la recherche d'autres nourritures.
C'est ce caractère polyvalent qui fait de lui un parfait héros walshien. Corbett veut devenir à la fois un citoyen respecté de la haute société de San Francisco, un grand acteur shakespearien, etc. Refusant la spécialisation, il incarne un art de vivre où l'élégance et l'ironie sont essentiels et qui ne se fixe jamais de limite ni de but ultime à atteindre.
Corbett-Flynn, vu par Walsh, est un artiste de la vie, non un esthète, dont les défauts même sont si énormes qu'ils en deviennent des qualités et alimentent le courant d'énergie, ici toute positive, qui le traverse et le relie au monde. Son ambition, non dénuée de calcul, ignore cependant cette raideur, cette amertume, cette tension morose qui rendent tant d'ambitieux défaits et malheureux, alors même qu'ils ont atteint leur but. L'ambition de Corbett, elle, est joyeuse et en perpétuel mouvement.
Pour la transcrire, Walsh use d'un style parfaitement classique, sans parti pris qu'on verra aussi bien triompher dans un découpage en plans fixes (à la John Ford) que dans un découpage ultra-vif où les mouvements d'appareils abondent, où la caméra, sans jamais s'essouffler, épouse avec naturel les élans d'enthousiasme d'un héros en perpétuelle transformation. A la fin, au sommet de la gloire, il deviendrait presque humble dans la merveilleuse scène de son salut à Sullivan, scène que Walsh a jugée suffisamment importante pour la consigner dans ses mémoires.
Gentleman Jim est sans doute le film le plus heureux de Walsh et,
à chaque vision nouvelle, on reste émerveillé par l'énergie
qui s'en dégage, par sa vivacité et sa jeunesse miraculeuse.
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