La natation

1933

Voir : photogrammes

Avec : Jean Taris. 11 mn

La piscine de l'Automobile-Club de France. Jean Taris détenteur de 23 records nationaux et champion du monde du 800 mètres est sur un plot de départ, prêt à plonger.

Il est dans l'eau. Battements de jambes. Mouvements des bras. Respiration. Virages au bout du bassin. Taris sort de l'eau, s'essuie. Un gros homme fait des cabrioles aquatiques ; d'autres nageurs plongent, évoluent dans l'eau tandis que, sur le bord, une femme maigre en maillot de bain, à plat ventre sur un tabouret, s'escrime à reproduire les mouvements - bras et jambes - de la brassemais on n'apprend pas à nager en chambre.

Taris replonge. Il est filmé à l'endroit à l'envers, au ralenti. On suit son entraînement : à la planche lorsqu'il travaille les battements de jambes : celles-ci liées par une ceinture de liège lorsqu'il n'avance qu'avec les bras. Tous ces mouvements, brasse, crawl ou dos crawlé, sont détaillés en surface et sous l'eau.

Taris a terminé son entraînement : il sort du bassin par un plongeon (filmé) à l'envers et se retrouve au bord de l'eau tout habillé. Puis il part en marchant sur l'eau. Lorsqu'il se retourne et salue les spectateurs en ôtant son chapeau, il semble être au fond de l'eau !

La Gaumont Franco Film Auberi (G.FFA.) avait créé, au cours de l'été 1930, une filiale "Le Journal Vivant", dirigée par Constantin Morskoï et qui se proposait de produire dès courts métrages documentaires consacrés aux sciences, aux arts, aux sports et aux grandes activités humaines.

Chaudement recommandé par Germaine Dulac, directrice de la production de la G.FF.A., Jean Vigo, qui avait réalisé, début 1930, A propos de Nice, son premier film, est sollicité pour mettre en scène un sujet consacré au sport. Vigo choisit Taris ou la natation dont le protagoniste sera le champion Jean Taris, né à Versailles le 6 juillet 1909 et alors détenteur de tous les records de France sur les distances de 100 à 1500 mètres.

Le tournage a lieu en janvier 1931 à la piscine de la rue de l'Elysée dont le bassin est équipé de hublots et permet donc de filmer un nageur sous l'eau. Les prises de vues devaient durer deux ou trois jours mais la grande complexité des éclairages exigés par les plans très travaillés prévus par Vigo prolonge le tournage sur une semaine. Puis le cinéaste consacre deux semaines à un premier montage qui réduit le film à 80 métres de pellicule, soit à peine trois minutes de projection ! Morskoï trouve le résultat excellent mais prie Vigo de reprendre son montage pour arriver aux 300 metres prévus, soit une dizaine de minutes. Vigo se remet au travail avec Jean Arroy, un journaliste également réalisateur de courts métrages et livre enfin le film souhaité par ses producteurs.

Malheureusement pour Vigo, "Le Journal vivant" disparaît courant 1931 pour faire place au "Journal Gaumont" et à ses actualités hebdomadaires que dirige Germaine Dulac. Le cinéaste tentera en vain, début 1932, de concrétiser un second projet, sportif - que devait être réalisé en trois versions : française allemande et anglaise - consacré celui-là au tennis et au champion Henri Cocher, alors classé premier joueur mondial.