Many, 15 ans, vient du Pendjab. Son passeur, Kamal, lui a promis du travail mais, vu son jeun âge, préfère le contraindre à rencontrer le service de l'immigration illégale. Il est protégé par son âge et placé dans une famille d'accueil avec une obligation de scolarisation.

Deux ans plus tard, Samy est en 3e avec d'autres enfants dans la même situation que lui et avec lesquels il s'entend bien : il y a Daniel, le comique à l'embonpoint jovial, Sami toujours prêt à rendre service et surtout Elisabeth, venue du Sri Lanka qu'il défend dans la cour et qui ne fait alors pas mystère de son attirance pour lui.
Mais Many a des soucis plus pressants. Ses parents restés en Inde, attendent qu'il leur envoie de l'argent et comprennent mal les explications de Fréderic, l'éducateur de Many qui leur explique qu'il va falloir qu'ils attendent  que Many ait fini ses études pour cela. Many essaie de concilier ces deux impératifs en courant les petits boulots mal payés. Il envie son compatriote, Sony, avec lequel il est venu en France, qui a dix-neuf ans a obtenu la nationalité française et travail au noir.

La compétence de Many en fait un auxiliaire précieux pour Kamal qui, oubliant qu'il est encore mineur lui confie la tache de faire passer des clandestins à Orly. Many refuse mais se sent une dette envers lui quand son copain Sony lui dérobe 1500 euros.

Ce n'est pas la police qui va piéger Many mais sa famille d'accueil puis le collège qui découvrent la double vie de Many et l'excluent du collège pour et son manque d'assiduité et avoir soutiré des faux arrêts de maladie à Samy. Many est dorénavant sous le coup d'une procédure d'expulsion police. A moins qu'il n'apporte des renseignements à la police. Many résiste, il reçoit une boite décoré d'un bébé tigre de sa famille d'accueil. Kamal, arrêté puis surveillé par la police, lui demande de s'occuper de trouver un patron pour son dernier clandestin. C'en est trop pour Many. Il livre Kamal à la police. Il est en France, en larmes.

Le montage énergique, la succession rapide des plans, le recours fréquent aux gros plans sont en adéquation avec l'énergie, la gentillesse et la compétence jamais démentie de Many. Le premier baiser échangé dans un musée, des parties de football ou des fêtes de classe, les virées au cœur de Paris sont la preuve d'un bonheur possible et qui devrait être normal. Hélas les adultes attendent que l'adolescent réponde à une norme et ne le juge qu'en fonction de celle-ci. Many piégé par les contradictions multiples de ces normes ne peut, in fine, que se retourner contre celui à qui il n'avait jusque là pas su dire non.

Jean-Luc Lacuve le 21/01/2015

 

Genre : Drame de l'adolescence