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Peur sur la ville

1975

Avec : Jean-Paul Belmondo (Le commissaire Jean Letellier), Charles Denner (L'inspecteur Moissac), Adalberto Maria Merli (Pierre Valdeck / Minos), Rosy Varte (Germaine Doizon), Roland Dubillard (Le psychologue), Jean Martin (Le commissaire divisionnaire, Sabin), Catherine Morin (Hélène Grammont), Germana Carnacina (Pamela Sweet), Giovanni Cianfriglia (Marcucci), Lea Massari (Nora Elmer), Jacques Rispal (Cacahuète), Jean-François Balmer (Julien Dallas). 2h05.

Terrorisée par des appels téléphoniques anonymes dénonçant sa vie privée, une femme, Norah Elmer, victime d'un accident cardiaque, tombe par la fenêtre et s'écrase sur le sol. Cette même nuit, le commissaire Jean Letellier et son adjoint, l'inspecteur Moissac, interrogent le patron d'un bar, sur la présence à Paris d'un certain Marcucci. Il s'agit de l'instigateur d'un braquage de banque à Asnières. Letellier avait abattu ses complices mais Marcucci s'était enfui en voiture tuant l'inspecteur de police conduisant la voiture de Letellier ainsi qu'un passant. Letellier, viré de la brigade anti-gang et affecté à la police criminelle n'a depuis de cesse d'arrêter Marcucci pour retrouver son ancien poste. Le patron de bar, surnommé Cacahuète, se révèle être un marchand de sommeil pour une trentaine de Maliens dormant dans sa cave. Il est suffisamment sous pression pour permettre d'avertir Letellier s'il voit Marcucci.

Chargé de l'enquête Norah Elmer avec son adjoint Moissac, le commissaire Letellier est contacté par un homme disant s'appeler "Minos", qui lui lance un défi, revendique la responsabilité de la mort de Norah et annonce vouloir entreprendre une croisade contre la licence des mœurs. A chaque crime, il livrera une partie de sa photo, pour que le puzzle une fois complet, il soit arrêté.

Letellier n'est pas soulevé d'enthousiasme par sa nouvelle mission. Il n'en rencontre pas moins une série de jeunes femmes récemment menacées par des maniaques, notamment Hélène, infirmière à l'hôpital de La Trinité, qui, sur le conseil d'un ami, Pierre Valdeck, a prévenu la police.

"Minos" commet un second meurtre, celui de Germaine Doizon, au nez et à la barbe de Letellier qui entreprend, au péril de sa vie, de le poursuivre, mais n'hésite pas à le laisser filer pour "coincer" Marcucci que ses adjoints ont repéré en voiture. Après une poursuite sur les toits de Paris, dans les Galeries Lafayette et dans le métro, Letellier parvient à abattre Marcucci.

Mais Minos, stupéfait et déçu d'avoir été abandonné dans la poursuite pour une autre proie, accuse au travers des journaux, Letellier d'avoir préféré jouer au cow-boy plutôt que de le poursuivre et d'être ainsi responsable de ses futurs crimes.

Désavoué par ses supérieurs, Letellier demande à être relevé de l'affaire. En vain. Il surveille alors Hélène mais ne peut empêcher son assassinat. L'étau se resserre cependant autour de "Minos". Le laboratoire reconstitue les fragments d'un objet perdu par le meurtrier au cours de sa fuite : un œil de verre. Letellier réalise alors que le coupable n'est autre que l'ami d'Hélène, Pierre Valdeck. Après avoir lancé une grenade à l'entrée d'un cinéma porno, le déséquilibré s'est réfugié chez la vedette d'un film osé, Pamela Sweet, qu'il séquestre avec sa famille. Letellier feint d'accepter les conditions de Valdeck mais parvient cependant à l'arrêter avant que celui-ci ne fasse sauter tout l'immeuble.

Film tout à la gloire de Jean-Paul Belmondo avec la poursuite sur les toits de Paris et dans le métro et l'attaque finale, où au bout d'un filin tendu depuis un hélicoptère, il fracasse la fenêtre d'un immeuble où avec ses otages, s'est réfugié Minos...  qu'il corrige jusqu'à plus soif. Charles Denner, en fidèle second, assume la partie un peu plus intello, sachant retrouver dans La divine comédie, Minos, la terrible voix qui juge et prononce les condamnations dans l'enfer de Dante. Il donne aussi son ton décontracté au film.

Le ton de l'époque est à la libération des mœurs. Dans l'entretien à la radio avec Jacques Paoli, un psychologue dévoile le danger que fait peser la répression sexuelle imposée jusque-là par la société. Elle peut provoquer la névrose de l'enfant "plongé dans la détresse de la puberté". Il souffre de voir afficher l'indécence, l'enfer, le péché, autant de notions imposées par son éducation (on entend sa mère, navrée du destin de son fils) qui créent le refoulement, voire la shizophrénie. Pierre, l'auteur des meurtres est ainsi par ailleurs chef de clinique, marié avec deux enfants.

Dans la société les années post-68, la repression sexuelle qui a précédé la libération des moeurs provoque des névroses

Jean-Luc Lacuve, le 19 septembre 2024.

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