Les premiers films de Béla Tarr, lors de sa période des films socialistes, ont un style heurté où les personnages s'affrontent dans des rapports de tension dont rendent compte les champs-contrechamps. La forme se fera ensuite méditative, très lente, avec des humains qui se confrontent aux limites de leur condition.
Le lieu est là avant les personnages et sera là après. Il est générateur de ce qui va se passer entre les personnes. Ce sont bennes apparemment vides, le no mans' land noyé de pluie de Damnation ou Karrer épie le mari de la femme qu'il aime dans une petite ville socialiste de Hongrie mais qui a déjà liquidé ses projets industriels.
L'anecdote : convaincre le mari d'embarquer une marchandise douteuse comme lui a proposé l'aubergiste avec 20 % de commission s'efface devant un personnage englobé, absorbé par ce qu'il voit. La perdition du lieu est nuancée par le raffinement du lettrage du Titanic bar.
Karrer vu depuis l'arrière la grille est le signe que Béla Tarr minimise l'action fonctionnelle, Karrer est absorbé par ce qu'il voit. Dans les films socialistes, fête foraine, brasserie, cabaret, sont mise en scène d'un écart , "j'attends que le soleil se lève le temps sera plus beau (nid familial) mais obligé de vivre dans la maison du père ou les romances sentimentales rapports préfabriqués (pivoines fanées) les hommes chantent les femmes s'ennuient.
La chanson dans le Titanic bar est la dernière chanson que l'on entendra chez Béla Tarr. il y aura beaucoup de musique dans Satantango mais plus de chanson. celle-ci n'est plus de promesse d'écart, fin d'un amour, la chanson ne raconte plus d'histoire. Métronome la pluie introduite à l'intérieur. Structure mélodique simple. La manière dont le lieu pèse. Schopenhauer la musique qui exprime la volonté, ne veut rien son propre anéantissement, fond obscur rôle structurant mais plus illustratif.
Exprimer l'innommable, tissus sensible commun partagé, tissu donné
d'un coup circulation entre comme des points de condensation séparés
: moulures, yeux clos mains serrant le micro, arpège obstinée.
Ensemble de points par lesquels passe série qui ne fait pas corps.
C'est l'objet du plan séquence peuvent Tse découper des actions.
Plus d'histoire pas de transformation de structure temporelle. Plus de commencement
plus de fin le milieu définit un entre. Ce qui les tient ensemble.
Des seuils par lesquels l'extérieur entre et se condense mais en aucun
point particulier. Trajet d'un point de condensions à un autre. Le
temps comme étoffe sensible. Deleuze image temps plus que Bresson montage
haptique à l'aveugle faire le tour des espaces et des corps compose
pas d'action lier un plan à l'autre montage a l'intérieur du
plan qui relie un point à un autre. Résonner els éléments
avec els autres mais chacun sans signification. La coexistence n'existe que
dans ce trajet.
Le temps doit s'ouvrir. Les arrivées et les départs du mari.
Tout nait étoffe d'attente, de ce qui se reproduit mais aussi du nouveau
produire du nouveau à l'intérieur de l'étoffe échappé
à la pluie, à l'inertie. Les gagnants et les perdants après
la fin du communisme Karrer, floué par ses complices, les dénoncera
; les chiens ne font plus que passer mais aboient. Du coup se met à
quatre pattes et aboie plus fort qu'eux... histoire de perdition.
L'inertie de la répétition, le changement est un leurre Mouvement circulaire : à la fin, on revient au départ histoire de la manipulation. Création des déviations, contribuent à la manipulation mais énergies qui échappent au nihilisme. Se saisit de la figure de l'idiot le support de l'entêtement de l'énergie créer une ligne droite qui s'écarte de la courbe.
Foi dans la capacité des plus médiocres de s'enfoncer dans
la veulerie pour faire dévier la ligne. Affirmation égalitaire
n'importe qui peut tracer une ligne droite dans le cercle qui l'enferme.
Satantago : la fin qui n'en finit pas de recommencer. Partager l'argent qui
résulte de la vente. Irais le grand escroc qui sera une vraie communauté
; suicide de la fillette utiles escroquerie de son frère naissance
d'un arbre aux pièces d'or elle se suicide ; Irias joue sur la culpabilité
ferme modèle vieux manoir abandonné et il va les disperser.
Celui qui n'était pas parti se barricade et écrit les premiers
mots du film. Idiot et manipulateur. Marche et mort de la petite Estive.
(Oui les anges comprennent et elle se sentait sereine les arbres, la pluie
et la nuit, tout respirait la tranquillité. Tout ce qui arrive est
bon se dit-elle. Tout était simple en fin de compte.
Idiote qui en comprend rien se laisse manipuler, croit aux histoires les plus
invraisemblables) dans le roman ce qu'elle se dit et ce que les autres disent
d'elle. A cette idiotie empirique, on peut ajouter l'idiotie transcendantale
: croire que l'on a compris que les choses ont un sens et qu'elles s'enchaînent.
Au cinéma, pas question de franchir la barrière que représente la surface des corps, ce qu'il y a dans leur tête. Ne pas inventer pour un art de la surface des cops et de leur déplacement. Les paroles sont rejetées à la fin après la course, le corps de l'idiote se concentre sur lui-même acte de sa propre pensée deux mouvements opposés, le corps pénétré par l'intérieur, promesse toujours déçue mais aussi corps qui se distrait de la ligne droite qui s'abstrait dans la pluie. Le visage émerge du noir et marche dans la nuit. Corps lavé par la pluie et la nuit, hébété. L'énergie passe dans l'obstination, plus que dans la tête. Cops nu robe pantalon, cardigan de sa mère rideau de cuisine : échapper à la misère le chat mort qu'elle a torturé et empoisonné. Elle était, là, sure d'être la gagnante ; puissance commune des opprimés.
Corps inerte mais marche inertie en mouvement exprime en force qui lui est
propre. Usage du plan séquence qui construit la consistance d'un mouvement.
Ce que le cops en marche construit le discours qui viendra ensuite. Force
des faibles. Puissance plastique se communique à la suite du film qui
corrigera la manipulation, scinder de l'intérieur.
Roman Irignas parle et regarde l'effet. Dans le film sans contrechamp rêverie intérieur pas anticipation de l'effet à venir mais liasses aux pieds du cops d'Estig les corps cesse de tourner en rond même si la communauté idéale n'existe pas.
Conférence de Jacques Rancière sur Béla
Tarr
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donnée au Centre Georges Pompidou en décembre
2011
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sur
Dalymotion (1h17)
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