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George Albert Smith

(1864-1959)
181 films
   
   
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George Albert Smith nait à Londres en 1864. Après la mort de son père, Charles Smith, sa mère s’installe avec son fils à Brighton où elle s’occupe d’une pension de famille. Au début des années 1880, George Albert Smith se fait remarquer très jeune comme hypnotiseur. Puis il monte avec un partenaire un spectacle de télépathie au grand Aquarium de Brighton, ce qui lui permet d’adhérer à la Société de recherches psychiques  qui s’intéresse aux manifestations paranormales. En 1892, à 28 ans, il obtient la gestion des St. Ann’s Well Gardens, le Parc floral de Howe (ville jumelle de Brighton). Sa contribution dans le renouvellement des attractions proposées au public du parc est éclectique et pleine d’imagination : envol de montgolfières, exhibition de singes en cages, sauts en « parachute », diseuse de bonne aventure, une grotte où l’on peut admirer un ermite, et surtout des projections de photographies sur verre avec un duo de lanternes magiques qui autorise les dissolving views, les fondus enchaînés entre chaque photographie.

En 1896, George Albert Smith découvre le cinéma en assistant à une projection des " vues photographiques animées" des frères Lumière. Il fait la connaissance d’un droguiste de Brighton, James Williamson, qui tient une boutique de fournitures pour photographes. Ils s’associent pour financer la construction d’un modèle de caméra qui va leur permettre de faire eux-mêmes des films. Ils s’aperçovent aussi que l'atcivité commerciale de projection de film existe déjà en Angleterre, sous la houlette de Robert William Paul qui les encourage.

Tandis que James Williamson étudie et met au point des installations pour développer des pellicules 35 mm, George Albert Smith transforme un pavillon thermal en laboratoire de cinéma, développement et tirage de copies. Suit bientôt un appareil de projection maison qui fait des deux hommes les premiers cinéastes britanniques après R. W. Paul. Mais ils produisent et réalisent séparément leurs films.

Le 29 mars 1897, George Albert Smith ajoute des films à son programme de projections de vues photographiques fixes. C’est ainsi que paraissent ses premiers films, très influencés par ce qu’apporte Georges Méliès avec ses "tableaux", ainsi qu’il nomme ses prises de vues, où l’on retrouve l’ambiance des numéros de variétés au music-hall.

Charles Urban, réalisateur américain venu s’installer à Brighton en 1897, achète ces films par le biais de sa société, la Warwick Trading Company. L’Américain organise même des séances où sont présentés conjointement des films de G. A. Smith et de G. Méliès. C’est ainsi qu’en 1899, grâce à l’appui financier de Charles Urban, G. A. Smith fait construire, à l’imitation de Méliès, un studio de prises de vues animées entièrement vitré, dans le parc floral de Hove qu’il continue à diriger en plus de sa nouvelle activité de cinéaste. Le baiser dans un tunnel (1899) et La mésaventure de Mary Jane (1903) font preuve d'autant d'ionnovation que de grâce et d'impertinance.

En 1904, George Albert Smith perd la gestion du Parc floral de Hove, et pour marquer son désaccord, s’éloigne de la ville pour s’établir à 5 km, à Southwick. Charles Urban lui propose de reprendre le projet de cinéma en couleurs qu’avait commencé le chercheur Edward Raymond Turner, soutenu financièrement par un certain Frederick Marshall Lee, puis par Charles Urban lui-même, et qui était mort un an auparavant. Ce procédé complexe à trois objectifs munis de trois filtres, prenant à la suite trois photogrammes différents, apparaît très vite à G. A. Smith comme étant sans avenir, à juste titre. Le réalisateur se prend au jeu de l’invention et développe en une demi-douzaine d’années un autre procédé, inspiré de l’original, mais plus simple, dont le premier film commercial, Un rêve en couleur date de 1911. Ce procédé, le Kinémacolor (Kinemacolor), pour lequel G. A. Smith reçoit une Médaille d’argent de la Société royale des arts (Royal Society of Arts) nécessite une caméra et un appareil de projection spécifiques. Les films paraissent bien en couleur, mais les inconvénients du Kinémacolor sont multiples : le bleu et le blanc sont peu ou mal rendus, les couleurs sont un peu pâteuses. Et surtout, le procédé nécessite l’investissement d’un équipement qui fonctionne exclusivement pour le Kinémacolor. De plus, afin que le passage alterné, d’une image filtrée en bleu-vert à l’image suivante filtrée en rouge-orangé, ne provoque pas un clignotement désagréable à l’œil, la vitesse de prise de vues et de projection est portée à 32 images par seconde et se révèle gourmande en pellicule.

Mais c’est un coup venu d’un habitant de Brighton même qui va interrompre la carrière de cinéaste de  George Albert Smith. Un inventeur du nom de William Friese Greene qui, déjà en 1891, clamait qu’il avait réalisé des films avant Laurie Dickson  travaille à l’époque sur un procédé semblable au Kinémacolor, le Biocolour. Bien que William Friese-Greene ne soit pas un concurrent dangereux sur le plan financier, Charles Urban lui fait savoir qu’il attaquera en justice son procédé pour contrefaçon du Kinémacolor s’il prétend le commercialiser. Friese-Greene fait appel, arguant que le brevet déposé par Charles Urban est vague et incomplet et qu’il ne peut être opposé à tout autre procédé. Il demande son invalidation et l’obtient en appel auprès de la Chambre des Lords en 1914. Sa victoire est vaine, son procédé Biocolour ne convaincra jamais personne, alors que le procédé de G. A. Smith permettra le tournage en couleur de quelque deux-cent cinquante films courts. Sans doute ulcéré par la démarche de William Friese-Greene, George Albert Smith décide alors de se retirer de la production et de la réalisation. De toute façon, son procédé aurait été obsolète dès l’apparition du Technicolor américain pendant la guerre, dont la première version, bi-chrome, ressemblait pourtant étrangement au Kinémacolor.

Après la guerre, George Albert Smith se consacre à l’observation des étoiles et devient même sociétaire de l’Académie royale d’astronomie (Royal Astronomical Society). Un peu comme son ami Georges Méliès, il est redécouvert tardivement par le milieu du cinéma britannique à la fin des années 1940 et il est fait sociétaire de l’Académie du film britannique (British Film Academy) en 1955, quatre ans avant sa mort, à l’âge de 95 ans.


 
Filmographie :

1897 : Weary Willie ; Tipsy-Topsy-Turvy ; The Sign Writer ; Nursing the Baby ; Making Sausages ;The Maid in the Garden; ; The Haunted Castle ; Hanging Out the Clothes ; Gymnastics - Indian Club Performer;Comic Shaving; Comic Face ; Children Paddling at the Seaside ;The X-Ray Fiend.

1898 : Vagues et Embruns (Waves and Spray); The Runaway Knock ; A Practical Joke; The Policeman, the Cook and the Copper ; Photographing a Ghost; Le Meunier et le Ramoneur (The Miller and the Sweep) ; Le Mesmerien (The Mesmerist) ; La Femme Barbière (The Lady Barber) ; Faust and Mephistopheles ;Les Frères corses (The Corsican Brothers) ; Cendrillon (Cinderella); Animated Clown Portrait ;Ally Sloper

1899 : Saint-Nicolas (Santa Claus); The Legacy ; Le baiser dans un tunnel ; A Good Joke ; Aladdin and the Wonderful Lamp

1900 : The Two Old Sports ; Two Grinning Yokels ; Letty Limelight in Her Lair ; Laissez-moi rêver encore (Let Me Dream Again) ; A Jolly Old Couple ; An Incident on Brighton Pier ; The Old maid's valentine ;The House That Jack Built ; The Conjurer ; Scandale au-dessus d'une Tasse de Thé (Scandal Over the Teacups) ; Grand-maman enfilant une aiguille (Grandma Threading Her Needle) ; Ce qu'on voit dans un télescope (As Seen Through a Telescope); La loupe de grand-maman (Grandma's Reading Glass)

1901 : Whiskey Versus Bullets ; The Death of Poor Joe ; Photograph from an Area Window ; The Monocle: Me and Joe Chamberlain; The Little Doctors ;The Little Doctor and the Sick Kitten ; The Last Glass of the Two Old Sports ; The Kitten Nursery ; Une Bonne Histoire (A Good Story) ;The Bill Poster's Revenge ;The Inexhaustible Cab

1902 : Deux Vieux Beaux au Music-Hall (The Two Old Sports at the Music Hall) ;Too Much of a Good Thing; Oh That Collar Button! ; Les Contes de ma mère l'Oye (Mother Goose Nursery Rhymes) ;The Cakewalk ; The Comedian and the Flypaper ; Grandma Threading Her Needle

1903 : Sick Kitten ; Dorothy's Dream ; mésaventure de Mary Jane ; Pa's Comment on the Morning News ; The Monk in the Monastery Wine Cellar ;After Dark; or, the Policeman and His Lantern

1904 : The Baby and the Ape

1908 : A Visit to the Seaside

1909 : Natural Colour Portraiture ; Kinemacolor Puzzle

 

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