Un train sort d'un tunnel. Un autre train s'y engage. Dans un compartiment de ce train, un homme badine avec sa voisine d'en face, lui prend un baiser, se rassoit, dépose son chapeau sur la banquette puis revient embrasser tendrement la femme sur les deux joues. En se rasseyant, il écrase son chapeau, qu'il remet ensuite en forme avant de se replonger, ainsi que sa compagne, dans la lecture de leurs livres... juste à temps avant que le train ne sorte du tunnel.
George Albert Smith interprète lui-même le personnage masculin en compagnie de son épouse. Laura Bayley, Mme G. A. Smith, a alors 35 ans et deux enfants et a joué les deux années précedentes dans quatre films de son mari. Le détail de leur relation conjugale est important, car il rend ce premier baiser de l'histoire du cinéma plus convenable pour les spectateurs de l'époque.
Le film est composé de trois plans tout à fait remarquables : le "plan érotique" tourné dans son studio étant monté entre deux morceaux du plan du train. Celui-ci reprend l'innovation de Cecil Hepworth, qui a eu l’idée de créer un effet qu’il a baptisé Phantom train ride (course du train fantôme). Il a disposé sa caméra sur un wagon-plateforme et la course de la locomotive se transforme en une sorte de survol de la voie de chemin de fer, le cadre de l‘image ne comporte aucun accessoire qui pourrait révéler que la caméra est embarquée sur la locomotive. ici La caméra s'avance après le croisement d’un autre train
Le succès sera immédiat, le sujet léger et son habile mélange avec le Phantom train ride font que ce film plaît. Il est immédiatement copié par James Bamforth, qui vend des photos sur verre et des cartes postales à Brighton, mais avec beaucoup moins de talent, la phase de séduction est absente et le couple semble se connaître depuis longtemps. Dans ce dernier film, le train ne sort pas du tunnel, il arrive plus banalement dans une gare. En 1901, c’est au tour du réalisateur français Ferdinand Zecca, très attentif à chaque sortie d’un film de G. A. Smith, de faire Une Idylle sous un tunnel, comme il a déjà fait un Arroseur arrosé, d’après Louis Lumière.