Claire Simon marche d'un pas décidé entre chez elle et l'hôpital, remarquant passer devant le cimetière du Père-Lachaise. Elle confie que l'initiative du film vient de Kristina Larsen, la productrice qui vient de passer deux ans à l'hôpital où elle a découvert ce monde des soignants et des patientes car le service de gynécologie où elle se trouvait englobait tout ce que les femmes traversent au cours d'une vie.
Les premiers entretiens entre patientes et médecins concernent des demandes d'avortement. Les premières sont invités à se confier, à se raconter. Une patiente est opérée pour une endométriose avec les pinces d'un robot qui découpe précisément les chaires malades. Le médecin guide par la voix les opérations qu'effectue son assistante avec dextérité.
Après les entretiens exprimant le choix de l'avortement, viennent ceux pour la une Procréation Médicalement Assistée (PMA). Un couple sénégalais, elle la quarantaine, ingénieure en informatique, lui professeur d'université la soixantaine ; un couple plus jeune dans la trentaine, lui avec une concentration faible de spermatozoïdes, elle avec presque trop d'ovocytes avec des risques médicaux si surdosage. Une ponction d'ovocytes dans les ovaires, douloureuse, est effectuée auprès de la patiente à laquelle la médecin montre ce qu'elle fait sur un écran. En parallèle, une infirmière explique de façon guillerette au patient les précautions d'hygiène à prendre pour le recueil du sperme. La jeune femme sait que ce n'est que le début d'un long processus mais s'arme de courage puisque c’est le prix de l'amour lorsque l'on a rencontré le compagnon de sa vie juste avant qu'il ne soit trop tard. Un laborantin mesure le taux de concentration en spemtaozoides repère ceux qui, recueillis dans son éprouvette, sont mobiles ou statiques et parmi ceux-ci combien sont vivants. Une laborantine plus expérimentée lui montre comment on récupère les spermatozoïdes pour les introduire dans l'ovocyte. Elle dit son impatience tous les matins de voir si la fécondation s'est opérée. Et puis enfin un embryon est introduit dans l'utérus. Le couple se tient la main.
Un accouchement facile avec beaucoup d'attention et la tendresse de la mère pour sa petite fille nouvellement née. Le liquide amniotique jaillit lors d'une césarienne, puis le chirurgien extrait avec énergie un bébé puis un deuxième qui sont mis en couveuse. Une femme évoque son accouchement douloureux avec une psychologue, tout en allaitant son bébé.
Au dehors, des femmes manifestent contre les violences obstétricales et gynécologiques ? Elles témoignent de leurs expériences douloureuse face à des examens brutaux et non consenties qui vont parfois jusqu’au viol.
Une jeune femme enceinte souffrant d'un cancer est accompagnée par son mari. Elle ironise sur le sort injuste des femmes: " Nous les femmes, nous sommes faites pour souffrir, on nous a toujours dit ça, n’est-ce pas ?"
Claire Simon apprend qu'elle à un cancer du sein et que l'ablation est inévitable. La reconstitution dans la foulée que souhaite Claire Simon ne peut guère être envisagée si la maladie est trop avancée. Mais le PET-scan donnera les informations nécessaires.
Un chirurgien explique dans un espagnol hésitant à une jeune femme que son cancer de l'utérus ne lui laisse que peu de chance, voire pas de chance du tout, d'être fertile à l'avenir puisque les séances de radiothérapie vont exposer ses ovaires. Il lui conseille un prélèvement d'ovocytes qui sera congelé pour pallier à cela.
En salle de réunion, les médecins discutent de la possibilité d'adapter les traitements pour sauver un organe pour préserver des chances de fertilité, de continence.
Une chirurgienne explique à Claire Denis où auront lieu les incisions et par conséquent les cicatrices pour l'opération. Claire Denis souhaite donner toutes chances à un sauvetage du sein même si le drainage insuffisant risque d'entrainer des complications obligeant à une seconde opération plus invasive.
Une femme, en consultation après une ablation du sein, est encouragée à davantage de séances de kiné pour retrouver la mobilité de son bras où la lymphe s'est installée. Une patiente refuse catégoriquement de réduire sa consommation de cigarettes ou d'alcool.
Parfois la maladie est la plus forte. C'est ce que dit la soignante à la patiente qui partira dans cinq jours en soins palliatifs si la seconde série de chimio ne parvient pas à réduire l'occlusion intestinale.
Un médecin explique à une femme trans qui atteint l'âge de la ménopose qu'elle va devoir réduire des injections d’estrogènes.
Claire Simon, dont le reflet marque la perte des cheveux, dit que lorsque l'on parcourt l'hôpital on entend des histoires de patientes et de médecins mais que la différence entre celles des médecins et des patientes est que, pour ces dernières, il n'y a qu'une histoire qui compte, la leur.
Quelques semaines plus tard,Claire Simon sort de l'hôpital heureuse que l'opération se soit bien déroulée et que ses cheveux commencent à repousser.
Claire Simon a filmé durant sept semaines, en 2021, le service de gynécologie-obstétrique de l’hôpital Tenon, à Paris, dont le corps féminin occupe le centre des activités. Elle précise que ce n'est pas un film sur l'hôpital mais sur les patientes, et sur leurs corps. En face, le médecin doit convertir ce récit de soi en réponse scientifique et guider la malade pour qu'elle parvienne à faire sien ce choix éclairé. Ainsi de cette clinicienne s’assurant, par des questions stratégiques, que l’adolescente qu’elle a en face d’elle ne souhaite pas avorter sous la pression d’un parent.
Le film inverse ainsi rapport habituel, où l'on se concentre plus sur l'institution que sur les malades. C'était aussi le cas pour La vie est immense et pleine de dangers (Denis Gheerbrant 1994), l'histoire d'un petit patient, mais aussi d'une communauté d'enfants atteints d'un cancer ou de Hospital (1970) et Near Death (1989) de Frederick Wiseman, deux films importants sur le rapport à la maladie et à l'institution hospitalière. Johan van der Keuken réalise Vacances prolongées (2000) alors qu'il est atteint d'un cancer.
Source : Dossier de Presse.