Georges Rouquier est né le 26 juin 1909 à Lunel-Viel (Hérault). Il apprend les métiers de typographe et de linotypiste et trouve son premier emploi dans une imprimerie parisienne en 1925. Mais sa vraie passion est le cinéma, dont il est un spectateur boulimique, appréciant tout particulièrement Nanouk l'esquimau (Robert Flaherty, 1922), Les dix commandements (Cecil B. DeMille, 1923) et La ruée vers l'or (Charles Chaplin,1925). Lecteur assidu des revues de cinéma, il découvre un jour dans l'une d'elles que le cinéaste Eugène Deslaw a réalisé La marche ds machines (1928) pour 2 500 F. Sa réaction est immédiate: «2 500 F ? Et il y en a qui feraient du cinéma et pas moi?». Il achète une caméra d'occasion, va voir Deslaw et, fort des conseils de celui-ci, filme au hasard de ses promenades dans Paris. Rouquier a manifestement un regard de cinéaste, car Deslaw gardera certains de ses plans pour les introduire dans ses propres courts métrages.
En 1929, fort de sa toute nouvelle expérience, il va tourner près de Montpellier, en 35 mm, Vendanges, qui sera présenté en première partie de programme au Studio 28, la salle d'art de l'époque. Dans les années 30, tout en conservant son métier d'imprimeur, il s'initie aux techniques, alors balbutiantes, du son et du doublage, et continue de hanter les salles obscures.
Il revient à la réalisation en 1942, avec Le tonnelier, qui reçoit le Grand Prix au Congrès du film documentaire. Le succès de cette première oeuvre lui permet de poursuivre dans la voie qui semble la sienne, l'exaltation des gestes du travail et, au delà, des traditions et de la culture des hommes.
Farrebique, son premier long métrage, sur la vie quotidienne, rythmée par les saisons, d'une famille de paysans rouergats, obtient de nombreuses récompenses et connaît un succès international. 38 ans après, pour Biquuefarre, Rouquier reviendra sur les lieux du tournage de Farrebique faire le constat, désabusé, de l'évolution du monde rural. Ce film, le testament du cinéaste, recevra le Grand Prix spécial du jury au Festival de Venise.
Entre Farrebique et Biquefarre, Rouquier a signé de nombreux films documentaires sur la sécurité du travail (Un jour comme les autres, Le bouclier), la construction d'un barrage (Malgovert), la prévention des accidents (Une belle peur), une voiture (La bête noire) ou la Camargue (Le sel de la terre) en France et, aussi, au Canada : Le notaire de Trois-pistoles (qu'il refusa de signer) et Sire Le Roy n'a plus rien dit, consacré à l'ameublement canadien des 17e et 18e siècles. Il réalisa aussi des films médicaux, des oeuvres de commande, pour la Sécurité Sociale, l'Éducation Nationale, des organismes officiels. Pour la télévision scolaire, il tourna un Robert Flaherty et pour la série Les saisons et les jours, qu'il produisit pour la 3e chaîne de l'ORTF, il signa, entre autres, Les goémoniers, Les ardoisiers des Monts d'Arrée...
Documentariste aux accents lyriques et poétiques, Rouquier ne réalisa
que deux longs métrages de fiction: Sang et lumière, sur le
monde de la corrida, avec Daniel Gélin et Zsa-Zsa Gabor, et S.O.S.
Noronha, film d'aventures autour d'une station de radio-guidage perdue dans
l'océan, interprété par Jean Marais et Daniel Ivernel.
Georges Rouquier fut aussi comédien: Il prête sa voix à Chris Marker pour Lettres de Sibérie (1957) Voltaire dans Mandrin (Jean-Paul Le Chanois, 1962), Jeff dans le film de ce titre de Jean Herman (1969), le procureur dans Z (Costa-Gavras, 1969), un maître verrier dans L'amour nu (Yannick Bellon, 1981).
Georges Rouquier est mort à Paris, le 19 décembre 1989. Il laisse une oeuvre unique qui illustre parfaitement sa conception du cinéma: «Les faits, les faits, le fond d'abord. La forme, je m'en fous, pourvu que le fond soit là, clair, simple.»
Filmographie
1929 |
Vendanges |
1942 | Le tonnelier |
Commentaires de Goeoges Rouqier : 23 mn. | |
1943 | Le charron |
1943 | l'économie des métaux |
1943 | La part de l'enfant |
1947 | Farrebique |
Avec : les habitants de la ferme de Farrebique, leurs parents et leurs voisins. 1h30. La vie quotidienne d'une famille de paysans de Goutrens (Aveyron), à la limite méridionale du Massif Central, parmi lesquels : le grand-père, maître de la ferme, la grand-mère, une brave femme silencieuse ; Roch, le fils aîné, aux idées un peu rétrogrades ; Berthe, sa femme; Henri, le fils cadet, ouvert aux idées modemes ; la tante Marie ; le père Fabre, un voisin, et sa fille la Fabrette ; enfin, les enfants, Raymondou, Simone, Maria, Yvetou. |
|
1947 | L'oeuvre scientifique de Pasteur |
(co-réal. avec Jean Painlevé). Ce film de fiction, réalisée par Georges Rouquier en 1947, reconstitue la démarche scientifique de Pasteur lors de sa découverte du vaccin contre la maladie du charbon. | |
1949 | Le chaudronnier |
1950 | Le sel de la terre |
24 mn. Tourné en Camargue , le film montre la lutte contre linvasion du sel, un fléau qui menace de transformer le pays en désert car on a oublié les anciens qui, avec leurs stations de pompage, leurs digues et leurs réseaux de canaux découlements étaient arrivé à maîtriser les désastres causés par le sel |
|
1952 | Un jour comme les autres |
Avec : Jacques Marin (Pierrot), Jacqueline Gaudin (Madeleine), Louis Bugette (Le contremaître). 35mn. |
|
1952 | Le lycée sur la colline |
1954 | Sang et lumière |
Avec : Daniel Gélin (Ricardo Garcia), Zsa Zsa Gabor (Marilena), Christine Carère (Pili). 1h39. Ricardo Garcia est un torero accompli dont chaque prestation dans les arènes se solde par une moisson de trophées et par les acclamations du public. Au cours d'une corrida, pourtant, tout bascule. Le Trianero, deuxième banderillero de Garcia, succombe à ses blessures après s'être fait perforer l'intestin. Cette mort fait naître en Garcia une sourde colère qui se transforme bientôt en peur irrationnelle et en sentiment de culpabilité. .. |
|
1954 | Malgover |
(co-réal. avec Daniel Lecomte). | |
1955 | Arthur Honegger |
1955 | Lourdes et ses miracles |
1956 | La bête noire |
1957 | S. O. S. Norohna |
Avec : Jean Marais (Frédéric Coulibaud), Ruy Guerra (Miguel), Daniel Ivernel (Mastic), José Lewgoy (Pratinho). 1h40. 1930, sur une île, Noronha, à quatre cents kilomètres des côtes du Brésil. Une station de radio y est installée pour guider les avions de l'Aéropostale qui franchissent l'Atlantique vers Dakar, au Sénégal. Une nuit, Frédéric Coulibaud, le chef de la station, découvre qu'un de ses opérateurs radio a été poignardé, que les émetteurs sont hors service et que le téléphone a été coupé... |
|
1958 | Une belle peur |
1959 | Le notaire de trois psitoles |
1960 | Le bouclier |
1964 | Sire le roy n'a plus rien dit |
1976 | Le maréchal-Ferrant |
1984 | Biquefarre |
Avec : Henri Rouquier (Henri), Maria Rouquier (Maria), Roger Malet (Raoul), Marius Benaben (Lucien), André Benaben (Marcel). 1h30 Farrebique, quelque trente-huit ans après... Raymond a repris l'exploitation avec Jeannette, sa femme, comme son père, Roch, l'avait prévu. Mais l'époque n'est plus la même et, aux environs, les fermes se sont transformées, l'élevage s'est modernisé, la culture s'est spécialisée, la mécanisation s'est développée. À Biquefarre, propriété voisine de Farrebrique, Raoul veut vendre... |
|
(1909- 1989)
| ||
4 films +19 C. M. | ||
2 |