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Onze fioretti de François d'Assise

1950

(Francesco, giullare di Dio). Avec : Aldo Fabrizi (Nicollo, le tyran de Viterbo), Arabella Lemaitre (Claire), Novices des couvents.

DVD Carlotta Films

1- François et ses compagnons reviennent de Rome, autorisés à prêcher par le pape Innocent. Trouvant un paysan et son âne dans leur cabane de Rivotorto, ils renoncent à les déloger.
2- Leur nouvel abri, Sainte Marie des Anges, est minuscule. Frère Ginepro rentre un jour presque nu : il a donné son habit à un pauvre. François lui interdit désormais un tel geste.
3- François prie parmi les oiseaux. Jean, un simple d'esprit, veut suivre les frères. Il répète les paroles et les gestes de François et s'émerveille de tout.
4- Quand l'habit de François prend feu, Jean brûle le sien. Ginepro éteint les flammes, mais François intervient : "Si le feu fait mal, faut-il pour autant faire mal au feu ?"
5- La communauté est en émoi : Claire et des Clarisses viennent en visite. Seul incident : Ginepro rentre encore à moitié nu…
6- À la cuisine, Ginepro officie avec Jean le Simple. Pour nourrir un frère malade d'avoir trop jeûné, Ginepro va couper le pied d'un porc, dont le propriétaire se fâche.
7- "Comme c'est difficile !", dit François dans un moment de doute. Il prie et pleure à la fois. Dans la nuit passe un lépreux, qu'il va embrasser.
8- Ginepro a une curieuse idée : préparer les repas pour quinze jours afin d'aller prêcher. Touché par son zèle, François l'autorise à partir.
9- Ginepro prêche devant une cascade : personne ne l'entend ! Puis les hommes du tyran Nicolas jouent avec lui comme avec un ballon. Nicollo, effrayant, coincé dans son armure, prend le prédicateur pour un tueur. Désarmé par son innocence, il renonce à l'exécuter et lève le camp avec sa soldatesque.
10- Il fait froid. François et Léon demandent la charité dans une maison dont on les chasse à coups de bâton. "Tout supporter pour Dieu, là est la joie suprême", constate François.
11- Les frères donnent leurs maigres biens aux paysans et partent. À un carrefour, ils tournent sur eux-mêmes jusqu'à tomber étourdis. Le sens de leur chute leur indique la voie. "Dispersez-vous, prêchez la Paix", leur dit François.

Film totalement à part dans l'oeuvre de Rossellini où les miracles tombent souvent de manière fulgurante sur les individus. Le film représente un versant du sacré plus apaisé et sans drame

Les actes de la vie de saint François, comme dans Païsa, seront des petits bouts juxtaposés côte à côte sans aucuns liens. C'est une émotion majeure de Rossellini dans le cinéma que d'arrêter de raconter une histoire linéaire.

Rossellini choisit assez peu dans les textes des Fioretti ceux racontant la vie de saint François. Il choisit pas mal de textes à côté racontant la vie de Ginapro. C'est un simple, inventif, un peu fou, un fantaisiste qui n'a pas de responsabilité. Du coup, Rossellini décentre le film car il n'a pas envie de faire un film pieux qui exalterait la vie de saint François mais plutôt un film sur la fantaisie et l'innocence. Au final, le film évoque davantage Ginapro que saint François.

Dans la vie de saint françois, Rossellini choisit le moment de la pureté. Le moment où les frères ne sont encore que douze et pas des milliers. Il sont reconnus par le pape mais pas encore pris dans les affaires du monde. ctte vie dans la cabane c'est le moment de leur innocence maximum.

Rossellini ne veut pas parler de politique. Il a tourné un douzième épisode qu'il n'a pas mis dans le film et qui était plus politique. Saint François sur un marché se portait au secours d'une prostituée qui était agressée. Il faisait scandale et comparaissait devant deux évêques dans la cathédrale. Cet aspect politique vis à vis de l'église instituée, il l'abandonne pour exalter l'émergence d'une façon très pure de vivre la chrétienté.

L'idée du film remonte à Païsa où Rossellini a vécu quelques jours dans un couvent dominicain. Il ne veut de film en costume et cherche des costumes et des décors invisibles aussi bien d'aujourd'hui que du Moyen âge. Il veut que pour l'essentiel, les moines soient de vrais moines qu'il choisit parmi des novices proches. Il reprend le moine de Païsa et un clochard, le frère Jean, un peu débile. Le tyran Niccolo est interprété par Aldo Fabrizi, le curé de Rome ville ouverte, excessif et burlesque pour incarner le pouvoir. Pour jouer Sœur Claire, il sollicite Arabella Lemaitre qui représentait la production américaine, Selznick, dans Stromboli. C'est la fillle d'Arabella Lemaitre qui jouera la vierge dans Le messie, comme si Rossellini vait institué une dynastie virginale.

Les moines sont filmés comme sortant d'un bas-relief : gris dans la boue grise. Ce sont comme des moines qui font parti du limon de la terre. Collé au fond du mur, de temps en temps, ils s'avancent comme si un peu de spiritualité se détachait. Rossellini veut épurer l'image, le plus simple possible. Il veut revenir à une représentation esthétique primitive de Giotto aussi beau aussi pur aussi simple que du Giotto. Rosselinni tasse les moines dans le plan, serrés les uns contre les autres comme dans les fresques de Giotto les moines sont serrés comme dans une boite de conserve ou un aquarium. C'est pour ça que les espaces sont tout petits. A l'inverse, quand ils sortent, ils courent et dansent comme dans une comédie musicale. Des hommes entre eux compacte et qui s'expriment par la danse, le mouvement, les gestes. Cela devient un film burlesque. Ce qui importe c'est le concept et les détails, rien au milieu

Au début tous les moines se ressemblent. On ne sait pas qui est saint François il faut attendre cette phrase bizarre "Pourquoi toi, pourquoi tout le monde te suit ?". la séquence avec le lépreux est tournée en nuit américaine. Il ne s'est rien passé : le lépreux reste un lépreux. François n'est pas le christ. C'est comme si les étoiles éteint tombées sur la terre. Plus tard avec le tyran Niccolo on aura aussi l'effet des cotons blancs comme dans Amarcord

Dans le monde, il y a beaucoup de pesanteur, les moines sont dans la grâce. La grâce naît de la fantaisie. Ainsi Ginapro semble commander au lourd chaudron. ce thème de la pesanteur et la grâce Rossellini le rejoue avec l'amure de Niccolo. Rossellini sait que les armures n'existent pas encore mais il la veut car il tient à son idée d'opposer le pouvoir très lourd à la grâce. Le tyran est prisonnier de cette armure, les soldats font voler Ginapro et concourent malgré eux à la grâce.

Source : Analyse d'Alain Bergala sur le DVD ci-dessous.

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films, octobre 2008. Nouveau master restauré haute définition, version originale, sous-titres français.

Suppléments :

  • La présentation du film par Roberto Rosselini.
  • L'analyse d'Alain Bergala
  • Le prologue rajouté pour l'exploitation du film à Venise et aux Etats-Unis.