Dans un train qui traverse la campagne italienne, un grand escogriffe anglais, Arthur, rêve d'une jeune femme blonde, les épaules nues sous le soleil. Il est réveillé par le contrôleur qui réclame son billet et pour lequel Arthur tend un papier officiel. Son élégance attire le regard des jeunes femmes du compartiment. Elles sont d'autant plus séduites qu'il les compare à des représentations de femmes étrusques. Mais le charme est rompu quand un colporteur assure qu'Arthur, à son odeur, sort de prison et lui balance avec mépris une paire de chaussettes multicolores.
C'est Pirro qui vient le chercher à la gare de Cecina dans une voiture pourrie et insiste pour le ramener au village. Arthur refuse : il veut couper les ponts avec ses anciens amis qui l'ont laissé à la traine lors d'un vol. Piro insiste pour dire que Spartaco a payé l’avocat lui permettant de sortir au bout de quelques mois seulement ce qui redouble la colère d'Arthur qui ne veut rien devoir à leur revendeur. Mais la route est longue jusqu'au village de Riparbella et Arthur se laisse conduire jusqu'à la joyeuse bande de tombaroli, ces pilleurs de tombes étrusques qui dévalisent pour quelques sous les nécropoles antiques fournissant le marché de contrebande de l’art ancien. Arthur préfère visiter Flora, la mère de Beniamina, la jeune fille blonde pour laquelle il entretient un amour inconsolable dont le souvenir lui revient par brèves visions solaires. Elle a probablement rejoint le royaume des morts ce qu’il refuse d’admettre, d’un commun accord avec Flora, source de leur solide affinité élective. Flora, ancienne gloire lyrique, vit dans son manoir familial délabré qui menace ruine aidée par Italia, une jeune femme qu'elle présente comme une élève à laquelle elle apprend le chant. Les deux filles de Flora et leurs filles adolescentes n'aiment guère cette intruse qui permet à leur mère de subsister dans son manoir alors qu'elles souhaitent le vendre. Alors qu'elles pillent les derniers objets de valeur encore au manoir, elles accordent à Arthur un vieux manteau du père décédé car Arthur n'a sur lui que son léger costume blanc de l'été. En parcourant les chambres qu'il croit désertes Arthur découvre un bébé ; c’est celui d'Italia qu'elle cache de Flora.
Arthur rejoint sa pauvre cabane de tôles sous les contreforts humides de la ville et se réchauffe avec le réchaud à gaz. Arthur participe au carnaval de l'épiphanie sur le char de ses amis tombaroli auxquels se joint l'énergique Flora dont Piro tombe amoureux.
Arthur a un don et se laisse convaincre par les tombaroli de continuer à leur indiquer par ses talents de sourcier où se trouve l'entrée de galeries conduisant aux tombeaux étrusques. Un vieux paysan vient leur indiquer un champ propice et Arthur fait semblant de ne rien trouver, s'écroulant comme victime de son don. Mais la nuit, ils reviennent et trouvent quelques pièces d'archéologie. Ils vont les vendre dans un cabinet médical où leur pièces sont transmises à un certain Spartaco qui leur en donne, à prendre ou a laisser, quelques billets. Arthur refuse sa part pour être quitte envers Spartaco de ses frais d'avocat.
Italia vient visiter sa cabane avec son bébé et se montre tendre envers Arthur puis l'accompagne au bal du village. Arthur refuse de danser mais Italia séduit la petite troupe, d'abord hostile, par son énergie joyeuse. Arthur, séduit lui aussi, entraine Italia loin de ses amis mais ils les retrouvent bientôt avec le camion et discutent ensemble jusqu’au bord de la mer polluée par l'immense centrale électrique au charbon. Italia donne un baiser à Arthur qui reste pourtant distant et Fabiana finit par révéler à Italia l'amour inextinguible d'Arthur pour Beniamina, la disparue. Pire, Arthur est bientôt pris de transes ce que ses amis interprètent comme le signe d'une galerie souterraine à proximité. Il suffit de creuser un peu pour découvrir une tombe scellée et donc jamais ouverte. Italia crie son dégout pour cette profanation et s'en va avec le camion menaçant d'appeler la police. A l'intérieur de la tombe, les tombaroli découvrent des peintures délicates et surtout une statue de déesse protectrice des animaux marins et terrestres. Mais ils ont à peine le temps de se réjouir qu'ils entendent les carabiniers et sont obligés de fuir emportant seulement la tête de la déesse qu'ils ont décapitée à la hâte. A leur grande surprise, ils ne sont pas poursuivis par les carabiniers. Ceux-ci sont en fait une bande rivale qui à enfilé des costumes de policiers.
Arthur veut rejoindre Italia mais celle-ci a été chassée de la maison de Flora, désormais condamnée à la maison de retraite par ses filles qui ont été offusquées par la présence de ses deux enfants. Les tombaroli veulent vendre la tête de la statue à Spartaco mais au cabinet du médecin, ils ont la surprise de découvrir que Mélodie est secrétaire. Pendant ce temps Spartaco, qui se révèle être une jeune femme blonde, trafiquante d'art ancien de haut vol. Elle a fait transporter la statue dans un container et c'est sur un bateau au large de la côte qu'elle a convié de riches amateurs d'art pour la vente clandestine de la statue. Guidés par Mélodie, qui croyait bien faire en rapportant la tête de la statue, Arthur et sa bande s'y retrouvent et menacent de révéler le pot aux roses. Les négociations trainant en longueur, Arthur jette la tête de la statue à l'eau.
Au retour, Arthur fait un rêve prémonitoire de sa mort prochaine. Ses amis l'ont mis au banc et c'est la bande rivale qui le recrute pour des fouilles le lendemain. En rentrant, Arthur voit sa maison démembrée par les forces de l'ordre. Il rejoint à la gare abandonnée de Riparbella un matriarcat de plusieurs femmes avec enfant dont Fabiana et Italia qui a pris cette initiative. Le soir, Arthur et Italia s'embrassent passionnément. Au matin cependant, Arthur se lève et rejoint la bande rivale de tombaroli qui avec un bulldozer creuse là ou Arthur a désigné l’entrée d'une galerie. Arthur est contraint de s'y enfoncer et est bientôt enseveli. Alors qu'il se croit mort, il voit poindre un trou de lumière où passe le fil rouge tiré par Beniamina. C'est bien elle qui tire le fil avant qu’il ne se casse. Arthur est alors présent à ses côtés, enfin réuni à elle.
Le film se présente comme un univers morcelé dont on est convié à recoller les morceaux comme le fait Pirro une fois qu'il a pillé une tombe. Nombre de scènes sont laissées en suspens dont l'explication est donnée plus tard (Les enfants cachés d'Italia, le fantôme de Beniamina et son fil rouge, l'identité de Spartaco, le rêve prémonitoire du train). Les formats d'images différents, le 1.33 du 16 mm, le 1.66 du super-16 et le 1.85 du 35mm, brouillent les pistes du temps. L'espace est également morcelé avec le souvenir solaire de Beniamina et son fil rouge qui relie les vivants et les morts, comme le briquet doré donné par le contrôleur du rêve et qu'Arthur retrouve pour éclairer la galerie; ou bien encore les transes d'Arthur qui lui mettent la tête en bas.
C'est l'esthétique de la ruine qui menace sans cesse : les tombes étrusques et leurs vestiges abîmés par le temps ou le vandalisme mais aussi la cabane en tôles sous les contreforts de la ville, le vieux manoir décati de Flora avec ses grotesques abîmés par l'humidité des murs, la gare abandonnée reconvertie en communauté matriarcale ou l'usine électrique au charbon qui pollue la plage. Cet univers est gangrené par le désir de profit généralisé et sans scrupules des années 80 où se situe le film ; ce sont les filles de Flora se jetant sur les derniers objets de valeurs ou les tombaroli pillant sans conscience leur passé. La chanson de geste qui scande deux ou trois fois leur odyssée témoigne néanmoins d'une certaine tendresse, les faisant les perdants aux petits pieds de cette course au profit.
Le désespoir de ces pillages de la beauté soustraite au public par les marchands trouve son incarnation la plus éclatante avec le moment tragique du transport de la statue lorsque Italia, en montage parallèle, chante un air d'opéra en play-back. Face à ce désastre, la violence se déchaîne d'autant plus violente qu'elle est métaphorique avec les bielles neuves, efficaces et bien huilées et terriblement agressives de la machinerie somptueuse et coûteuse du bateau sur lequel a lieu la mise aux enchères.
Seule la bien nommée Italia est en avance sur son temps, constituant une communauté matriarcale, ouverte aux hommes mais où les femmes et leurs enfants ont le premier mot et le dernier mot.
Jean-Luc Lacuve, le 17 décembre 2023