Canada 1875. Le fermier Matt Calder a passé plusieurs années en prison pour avoir tué l'homme qui menaçait son meilleur ami. Il retrouve son fils Mark, 10 ans, dans un village de prospecteurs, où une chanteuse de saloon, Kay l'a recueilli. Les trois personnages vont donc faire le voyage ensemble, partageant leur temps entre de paisibles haltes nocturnes sur la rive et la dangereuse navigation sur les rapides. La constante menace indienne, une rencontre avec deux inconnus, dont l'un est l'homme à qui appartenait la concession de Harry, seront parmi les nombreux dangers qu'ils croiseront sur leur route. Au contact de Kay, le caractère bougon de Matt, son intolérance, la rigidité de sa nouvelle morale d'aventurier repenti, s'atténueront quelque peu.
Western psychologique, précurseur des westerns écologiques des années 70, c'est une allégorie de la libération que chacun doit provoquer en lui-même pour atteindre le bonheur.
Le bonheur de La rivière sans retour est une notion à la fois formelle et morale. Sur le plan formel, Preminger valorise tous les éléments formels mis à sa disposition : les extérieurs canadiens, le CinémasCope (maîtrise du cadre dès le prégénérique, scènes de salon exploitant avec aisance toutes les ressources de l'écran large, usage de la grue particulièrement brillant) Marilyn Monroe.
Sur le plan moral La rivière sans retour est par excellence le film de la libération. Au fur et à mesure des péripéties, les personnages se débarrassent, s'allègent de leurs préjugés, de leurs illusions comme de leurs biens matériels. Les étiquettes, les vieux démons, les idées fausses volent en éclats ou sont anéantis, tandis que les personnages forment peu à peu une vraie famille, découvrent avec une gravité teintée d'humour ce qui leur convient le mieux. La traversé du fleuve équivaut pour eux à un bain de jouvence d'où le spectateur sort lui aussi régénéré.