Nilovna est mariée à un ivrogne engagé par ignorance dans les rangs des "Cent noirs", une organisation d'extrême-droite. La répression tzariste traque intellectuels et ouvriers qui contestent un régime bientôt moribond. Nilovna s'inquiète des lectures et des fréquentations de son grand fils Pavel. Après la mort subite du mari, la police perquisitionne chez elle. Abusée par de fausses promesses, la mère révèle la cachette des armes de son fils. Pavel est arrêté et emprisonné. Pour Nilovna, c'est le début d'une prise de conscience qui la conduit à devenir complice d'un projet d'évasion. Au cours d'une visite à la prison, alors, qu'un gardien est distrait par la chute d'un cafard dans un bol de lait, elle glisse un billet dans la main du détenu. Profitant d'un début de mutinerie, Pavel parvient à s'évader. Dehors, le fleuve en plein dégel charrie d'énormes blocs de glace. Pavel saute d'un bloc à l'autre et échappe à ses poursuivants. Un cortège de manifestants se forme. La cavalerie militaire charge et tire. Pavel est tué. La mère s'empare du drapeau rouge, en tête du défilé, avant de s'écrouler sous les balles. En guise de conclusion allégorique, l'image des créneaux du Kremlin apparaît en surimpression.
"Pour ce film, écrit Poudovkine, je m'efforçai d'abord de me tenir aussi loin que possible et d'Eisenstein et de presque tout ce que m'avait appris Koulechov. Je ne voyais pas comment j'aurais pu me limiter - moi, avec mon besoin quasi organique d'émotions intimes - à la sécheresse de forme que prêchait Koulechov Instinctivement, j'étais attiré par les êtres humains, c'est eux que je voulais peindre, c'est leur âme que je voulais pénétrer de même qu'Eisenstein avait pénétré l'âme de son Cuirassé Potemkine".