Née en 1964
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Laura Poitras nait le 2 février 1964 à Boston. Elle grandit près de là, à Holliston (Massachusetts), dans une famille aisée et philanthrope. Son père, James Poitras, est diplômé du Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1963. Il travaille au Massachusetts General Hospital où il met en œuvre des systèmes informatiques pour les soins aux patients avant de rejoindre Highland Laboratories, l'entreprise familiale fondée par son père. La mère de Laura Poitras, Patricia Poitras, est infirmière et possède une licence en philosophie obtenue au Wellesley College et une maîtrise en service social à Smith College.  Ils font un don de 20 000 000 de dollars au McGovern Institute for Brain Research (Institut McGovern pour la recherche sur le cerveau) en 2007.

Laura Poitras a initialement le projet de devenir chef de cuisine et travaille comme cuisinière durant quelques années à L'Espalier ; un restaurant français à Boston ; mais après avoir terminé son éducation secondaire à la Sudbury Valley School, où il n'y a pas de notes ni de division des élèves par âge, déménage à San Francisco. Elle prend des cours au San Francisco Art Institute, où elle étudie avec le cinéaste expérimental Ernie Gehr. En 1992, elle s'installe à New York et commence à faire carrière dans le monde du cinéma, tout en poursuivant ses études en théorie sociale et politique à l'université The New School.

À la suite de la réalisation de son documentaire My Country, My Country en 2004 et 2005 sur l’occupation américaine en Irak, Laura Poitras est placée sur la liste de surveillance du département de la Sécurité intérieure des États-Unis et sera arrêtée plus de 40 fois à la frontière américaine. Cette première partie de la trilogie sur les conséquences des attentats du 11 septembre esti nommée aux Oscars

En 2011, elle commence la réalisation d'un documentaire sur les programmes de surveillance de masse des États-Unis, incluant ceux de la NSA et les lanceurs d'alerte. Dans ce cadre, elle interviewe les activistes Julian Assange de WikiLeaks et Jacob Appelbaum.

Fin 2012, elle est cofondatrice de Freedom of the Press Foundation avec notamment le journaliste Glenn Greenwald et le lanceur d'alerte Daniel Ellsberg. Cette organisation a pour but de financer et soutenir la liberté d'expression et la liberté de la presse. Elle a ainsi levé des fonds pour retranscrire l'intégralité du procès de Bradley Manning, le soldat américain accusé d'avoir transmis 250 000 câbles diplomatiques américains et 500 000 rapports de l'armée américaine concernant la seconde guerre de l'histoire contemporaine de l'Afghanistan et de la guerre d'Irak à WikiLeaks ; l'armée américaine ayant refusé de publier les transcriptions.

En janvier 2013, Laura Poitras et Glenn Greenwald ont été choisis par le lanceur d’alerte Edward Snowden pour faire ses révélations. Edward Snowden la contacte anonymement, car il souhaite lui communiquer des informations sur les programmes de surveillance du gouvernement américain. Le 6 juin 2013 à Hong Kong, elle réalise la première interview d'Edward Snowden, dans le cadre du tournage de son documentaire. Snowden lui a alors confié entre 15 000 et 20 000 documents secrets, et seulement une petite partie des documents a été révélée. Dans ce cadre, en 2013, elle entame une collaboration comme journaliste indépendante avec le New York Times, The Washington Post, The Guardian et Der Spiegel.

Le 10 février 2014, Laura Poitras participe, avec Glenn Greenwald et Jeremy Scahill au lancement du magazine en ligne The Intercept, la première publication de First Look Media, financé par Pierre Omidyar. À court terme, le magazine doit servir de plateforme pour présenter les documents sur la NSA révélés par Edward Snowden et ainsi poursuivre la publication d’enquêtes sur la surveillance globale par les États-Unis.

Le 14 avril 2014, l'édition américaine du Guardian et le Washington Post reçoivent le prix Pulitzer du service public pour leur publication des révélations sur le système de surveillance de la National Security Agency (NSA) rendues possibles grâce aux documents fournis par Edward Snowden.

Laura Poitras diffuse son film documentaire Citizenfour en avant-première le 10 octobre 2014 au Festival du film de New York. Le documentaire, qui évoque la surveillance mondiale généralisée, retrace notamment l'histoire d'Edward Snowden de Hong Kong à Moscou. Citizenfour était le pseudonyme utilisé par Edward Snowden pour signer son premier email envoyé à Laura Poitras en janvier 2013. Ce troisième volet de sa trilogie sur les conséquences des attentats du 11 septembre, remporte l’Oscar du Meilleur documentaire en 2015, ainsi que des prix décernés par les British Film Academy Awards, les Independent Spirit Awards, la Directors Guild of America, la Deutscher Filmpreis, les Gotham Awards et bien d’autres.

Au printemps 2016, elle est invitée par le Whitney Museum de New York à réaliser l'exposition Astro Noise, qui reprend certaines de ses recherches précédentes, et les place dans un nouveau contexte. Astro Noise (la perturbation des radiations astrales) était le nom du fichier envoyé par Edward Snowden à Poitras, contenant un nombre important de données collectées.

En 2019, First Look Media décide d'arrêter le travail de recherche dans les archives Snowden et de s'en séparer. Poitras dénonce cette décision en faisant valoir que ni elle ni le comité directeur n'ont été consultés à ce suje. Le 30 novembre 2020, elle cesse de travailler pour The Intercept et First Look Media. En janvier 2021, elle publie une lettre ouverte dans laquelle elle revient sur son départ. Elle dit avoir été licenciée de The Intercept à la suite des critiques qu'elle a publiquement émises, notamment dans le New York Times, à l'encontre de First Look Media qui n'aurait pas suffisamment protégé Reality Winner après qu'elle eut transmis au journal des documents classés, menant ainsi à son arrestation. Laura Poitras allègue également que First Look Media s'est engagé dans une opération de couverture visant à masquer ses défaillances dans cette affaire. Selon First Look Media, Poitras n'est pas licenciée mais c'est plutôt son contrat qui n'est pas renouvelé, la journaliste n'aurait exercée aucune activité au sein de la société depuis plus de deux ans.

En 2021, elle est pour la première fois exposée en Europe, à la galerie n.b.k. de Berlin.

Filmographie :

2006 My Country, My Country
Documentaire. 1h30.

La campagne que mène un médecin sunnite pour les premières élections en Irak.

   
2010 The Oath
Documentaire. Avec : Salim Hamdan, Abu Jandal (Eux-mêmes), Oussama ben Laden (archives). 1h30.

Deux hommes dont la rencontre fatidique en 1996 les a mis sur une série d'événements qui les ont conduits en Afghanistan, Oussama ben Laden, le 11 septembre, Guantanamo et la Cour suprême des États-Unis.

   
2014 Citizenfour
Documentaire. Avec : Edward Snowden, Glenn Greenwald, Laura Poitras, Kevin Bankston (Eux mêmes). 1h54.

En 2013, Edward Snowden déclenche l’un des plus grands séismes politiques aux Etats-Unis en révélant des documents secret-défense de la NSA. Sous le nom le code "Citizenfour", il contacte la documentariste américaine Laura Poitras. Elle part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel Citizenfour, un document historique unique et un portrait intime d’Edward Snowden.

   
2016 Risk
Avec : Julian Assange, Sarah Harrison, Jacob Appelbaum, Joseph Farrell, Renata Avila Jennifer Robinson (Eux-mêmes). 1h26.

La réalisatrice oscarisée de Citizenfour tourne sa caméra sur l’éditeur de WikiLeaks, Julian Assange,une autre de ces voix qui défient les autorités et mettent en question la surveillance des citoyens par l’État.

   
2022 Toute la beauté et le sang versé
(All the Beauty and the Bloodshed). Avec : Nan Goldin (Photographe et fondatrice de P.A.I.N.), David Velasco (Rédacteur en chef de Artforum), Megan Kapler, Marina Berio Noemi Bonazzi, Harry Cullen (Membres de P.A.I.N), Patrick Radden Keefe (Journaliste), Robert Suarez (Urban Survivors Union). 1h27.

Nan Goldin a révolutionné l’art de la photographie et réinventé la notion du genre et les définitions de la normalité. Immense artiste, Nan Goldin est aussi une activiste infatigable, qui, depuis des années, se bat contre la famille Sackler, responsable de la crise des opiacés aux États Unis et dans le monde. Toute la beauté et le sang versé nous mène au cœur de ses combats artistiques et politiques, mus par l’amitié, l’humanisme et l’émotion.