La pièce rapportée

Paul Château-Têtard, vieux garçon de 45 ans et pur produit du 16e arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie et tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava. Leur mariage n’est pas du goût de « maman », Adélaïde Château-Têtard, qu’on appelle aussi la Reine Mère. Pourtant cette dernière s’en accommode : un héritier serait le bienvenu. Mais le bébé tarde à venir...  Une guerre sans pitié s’engage entre les deux femmes, la Reine-mère étant persuadée qu’Ava trompe son fils. Il doit bien y avoir un amant quelque part…

Après Les amours d'Anaïs, Anaïs Demoustier interprète de nouveau un personnage plein de liberté et d'allant. Philippe Katerine, exubérant et doux, et William Lebghil, maladroit, donnent aussi le meilleur pour leur personnage. En revanche, il n'est pas donné à Josiane Balasko (La reine-mère), Jocelyne Augier (Conchita) et Philippe Duquesne (Dalac) de sortir des stéréotypes de leur rôle ce qui affaiblit les moments passés en leur compagnie.

Le scénario est adapté de 'Il faut un héritier', une nouvelle très courte de huit pages de la dramaturge Noëlle Renaude parue dans les années 1980 dans le magazine Bonne Soirée. Antonin Peretjatko y insère la nouvelle de Tchékhov, Roman d’une contrebasse, moment burlesque très réussi. La construction en flashbacks emboîtés les uns dans les autres assagit en revanche le coté burlesque et la voix off se contente d'être teintée d'ironie : « Madame Château-Têtard savait qu’elle n’était pas allée chez sa filleule, et elle allait lui faire avaler ses mensonges, à cette sale petite pute. » La voix off prend parti, alors qu’elle est censée être neutre créant ainsi un effet comique.

Des gilets jaunes à la théorie du ruissellement, en passant par la suppression de l’ISF et le campement de tentes au nord de Paris, La Pièce rapportée comprend des références bienvenues à l'actualité.

Jean-Luc Lacuve, le 9 décembre 2021