Martin Rémi discute avec d’autres acteurs devant la Comédie-Française quand il voit passer une femme vêtue d'un imperméable noir et ses cheveux blonds ramenées en chignon. La femme obtient la clé des loges et remplace le poudrier d'un comédien. Elle enlève sa perruque blonde pour ressortir incognito de la Comédie-Française.
Lors de la représentation, Martin voit le comédien principal, Vlad, souffrir de rougeur et de suffocations de plus en plus évidentes avant de s'écrouler. Martin se précipite vers lui pour l'entendre dire qu'il meurt empoisonné par le parfum vert ; dans les coulisses le commissaire Fanch l'observe alors que la salle est évacuée. Les comédiens, choqués, se retrouvent dans leur bar habituel et Caroline, le voyant déboussolé, lui conseille d'annuler son rendez-vous du lendemain pour son divorce. Martin s'éloigne pour prendre l'air mais est embarqué par le commissaire et deux acolytes. Ils le conduisent dans un manoir isolé à Rambouillet où les murs sont décorés de planches de bandes-dessinées. Il y rencontre un homme mystérieux qui se lance dans de longues tirades sur la politisation de la jeunesse, et leur envie de se révolter contre le système qui ne leur a rien donné de ce qu’il promettait. Martin finit par craindre pour sa vie d'autant qu’on lui injecte le contenu d'une seringue.
Néanmoins, Martin se retrouve au petit matin, groggy, dans un taxi dont le chauffeur lui dit avoir payé pour le reconduire dans Paris. Complètement dérouté par ce qui vient de lui arriver ces dernières heures, Martin s'aperçoit de plus qu'il fait la une des journaux étant recherché pour le meurtre de Vlad. Il se rend dans une librairie spécialisée dans la bande-dessinée, ayant déduit que son ravisseur devait être un collectionneur de BD. Les libraires sont bien en mal de lui répondre mais Claire Cahan qui attend desserrement un acheteur pour sa BD "C’est là que mes ennuis commencent" et est en en pleine crise familiale, déchirée entre sa mère et sa sœur, décide de l’accompagner dans sa quête de réponses afin de fuir ses propres tracas. Elle le conduit chez un galeriste spécialisé dans la bande dessinée dont l'assistante leur révèle que seul parmi ses clients fortunés pouvant habiter Rambouillet est un certain Vandamm, haut fonctionnaire à la commission européenne de Bruxelles.
Les services de renseignements, dirigée par Louise, ont compris que Martin était vraisemblablement innocent et ont décidé de le suivre alors qu’il prend le train pour Bruxelles avec un agent en civil. Claire et Martin sont assis à coté d’un père vie débordé par la vitalité de son enfant mais qu'ils surprennent avec une photographie de l'homme qui a enlevé Martin. Elle l'a prise dans une enveloppe jetée dans la poubelle du compartiment où ils retrouvent une carte postale reproduisant L'odeur verte, un tableau de Kandinsky. Avant d'arriver à Bruxelles, ils voient l'homme qui les observait dans le train, assassiné.
A Bruxelles, Martin repère la tueuse à l'imperméable et ils comprennent qu'elle est venue pour tuer Vandamm. Ils courent à sa poursuite en prévenant les services de sécurité. La tueuse tire sur Claire la blessant à la cheville mais, cernée, elle se jette en bas de l'immeuble. Louise met sous protection policière Claire et Martin et leur révèle que l'homme qui s'était fait passer pour Vandamm à Rambouillet est en fait un criminel international du nom de Hartz qui projette de renverser les démocraties avec son organisation, le parfum vert, en diffusant des fake-news à haute intensité grâce à un logiciel, l'anthracite qu'il vient de faire passer hors de la Russie. Vlad travaillait pour Louise et soupçonnait un membre de la troupe d'indiquer à Hartz où se trouvait l'anthracite après l'avoir ramené de l'un de leurs nombreux voyages en Europe de l'est.
La prochaine étape est à Budapest où la comédie française joue L'illusion Comique de Corneille. Ils prennent un train pour la Hongrie et Martin manque d'étouffer d'angoisse en gare de Nuremberg. Sur place, ils découvrent que la pièce sera jouée sans sur-titres mais que les spectateurs lisent le texte en tchèque et en français sur leur livret. Claire comprend que l'espion va subtilement s'écarter du texte pour donner une indication à Hartz. Le soir de la représentation, il vient avec des complices qui occupent un rang entier. Claire repère la faute mais c'est trop tard, elle est kidnappée par les hommes de main de Hartz pendant que celui-ci transmet en bout de rang une combinaison de lettres à une vieille femme en bout de rang. Heureusement, le vent emporte son message et Martin fait libérer Claire. L'anthracite reste dans son coffre.
Après Denis Podalydes avec son Mystère de la chambre jaune, Nicolas Pariser ressuscite le genre mineur du film de détective, variation sur le mode léger du film noir. Il pèse pourtant sur les héros le poids de leur ascendance juive Ashkénaze mais le destin ne joue pas grand rôle dans cette histoire. Certes, l'arrêt en gare de Nuremberg est oppressant et la bande de malfrats prétendant instiller des fake-news à grand échelle avec leur logiciel anthracite pour le plus grand réveil des nationalismes inquiète mais l'humour ou la désinvolture quant à la conduite de l'histoire désamorce sans cesse un trop grand sérieux.
L'intrigue "bout de ficelle, selle de cheval" (une femme à l'imperméable et au chignon, une bande dessinée, un tableau de Kandinsky, le siège du parlement européen, une enfance chez les scout ashkénazes, un théâtre en Hongrie, le vent qui emporte un message secret) est prétexte à quelques citations. La plupart sont tirées de Hitchcock. De Vertigo, le chignon de Madeleine pour la tueuse à l'imperméable; de Marnie le changement de couleur de cheveux; de La mort aux trousses une partie du générique coloré, l'enlèvement de Martin dans un manoir isolé pour tenter de le faire parler qui reprend la scène identique où Vandamm était interprété par James Mason. Ici, Hartz se dissimule sous ce nom d'emprunt de Vandamm alors que Rüdiger Vogler ressemble un peu à James Mason. Celui-ci décidait de saouler sa victime pour la faire périr dans un accident de voiture. Ici, c'est seulement un narcotique qui est injecté à Martin pour se retrouver, en voiture, au bord de la Seine ; la poursuite au secours du haut-fonctionnaire se fait, non plus dans le bâtiment de l'ONU, mais dans celui de la Commission européenne. La lecture décalée, à suspens, du texte de l'Illusion Comique décalque celui du suivi de la partition à la fin de L'homme qui en savait trop avec là aussi un mode mineur : un mot qui reste mystérieux au lieu du retentissant coup de cymbale. Les scènes dans le train et son meurtre rappellent davantage Une femme disparait que L'inconnu du Nord express. Par ailleurs, coupe de cheveux et pantalon de golf pour Martin et les deux policiers chargés de le protéger qui pastichent les Dupont et Dupond sont des allusions à Tintin.
Divertissement léger et sophistiqué, décalé et volontiers désinvolte, Le parfum vert est une proposition à contre-courant de l'époque mais dont l'arôme se garde longtemps.
Jean-Luc Lacuve, le 10 janvier 2023