Par amour pour Shoko, une fille de famille, Atsushi Wakizaka, jeune homme sans fortune, tue un homme qui a, dans le passé, violé cette dernière, et lui a fait depuis subir un chantage incessant. Le lendemain du crime, Wakizaka reçoit la visite de Hayami, un fonctionnaire, témoin du meurtre dans le train, qui lui propose ce marché : si Wakizaka consent à conserver en lieu sûr trente millions de yens que Hayami a détournés de l'administration, et s'il s'engage à les lui rendre à sa sortie de prison cinq ans plus tard, il ne dira rien à la police sur le crime. Wakizaka, coincé, accepte ce marché.
Quatre ans plus tard, alors que Hayami purge sa peine, Wakizaka apprend que Shoko s'est mariée. Désespéré par la "trahison" de celle qui était le plus grand amour de sa vie, il décide de se livrer à tous les plaisirs de la terre, en dépensant l'argent de Hayami, et de se tuer lorsque celui-ci sortira de prison. Pendant des mois, il mène la grande vie et entretient diverses filles de rencontre, une infirmière, une prostituée, etc., jusqu'au jour où il apprend que Hayami est mort en prison. C'est alors que Shoko, ruinée, et le croyant très riche, vient s'offrir à lui pour de l'argent. Mais Wakrizaka, sans argent, avoue la vérité à Shoko à propos du crime et du marché, et la quitte. Il sera arrêté peu après sur dénonciation de Shoko...
Dans L’au-delà des interdits, bonus du DVD Carlotta édité en 2008, Jean Douchet affirme que c'est dans ce film qu'Oshima met en place sa théorie de la subjectivité comme témoin du réel. Il s'agit de filmer objectivement un point de vue subjectif en montrant comment les puissantes contraintes de la société produisent des tensions violentes dans le vécu mental.
Ici, le premier plan (l'héroïne masquée par ce qui semble être un gâteau de mariage à l'occidental) renvoie au dernier (le visage dur et impassible de Shoko); la boucle est bouclée et montre comment Wakizaka n'a jamais été, autrement que dans ses rêves, capable d'accéder à Shoko.
L'expressionnisme du repas pris avec le violeur de Shoko indique que Wakizaka tente d'éliminer cette part de lui-même qui l'effraie. Oshima exacerbe le montage, toujours heurté, en rupture perpétuelle. La séquence avec les parents, depuis son entrée par la petite porte, montre que jamais il ne pourra être admis dans famille aristocratique.
Wakizaka fait son malheur pour avoir crû aux valeurs de la société, avoir montré une grandeur d'âme surannée. Le plan-séquence accentue son irréalité, sa réduction à un produit subjectif. Le fonctionnaire le ramène à la banale corruption généralisée.
Le héros utilise l'idéalisation d'un amour sublimé, chevaleresque, pour laisser libre cours à la montée de ses désirs refoulés. Il se sert de l'interdit social pour lever ses propres interdits sexuels. C'est ce que signifie la séquence où une Shoko rêvée vient chez lui. Alors qu'il décide de se livrer aux plaisirs de la chair, la présence subjective de Shoko s'estompe, d'abord visuellement, puis vocalement.
Wakizaka rencontre successivement quatre femmes qui sont des images dégradées de ce qu'aurait pu être sa relation avec Shoko. C'est d'abord Itomi, la fille de bar. Dans le grand appartement bourgeois qu'il lui offre, trône un grand lit nuptial. Il aurait dû être l'endroit où Shoko aurait perdu sa virginité. C'est celui où il perd son pucelage.
Avec Shizuko, on passe de la comédie de mœurs au mélodrame naturaliste. Cet épisode évoque ce qu'aurait été un mariage sans argent avec Shoko. Elle n'apparaît pas dans cet épisode car la cruauté exige de prendre ses distances avec l'objet de jouissance.
Keiko est une femme libre, indépendante, moderne, classe moyenne. Elle exige le mariage. Elle empiète sur le désir d'une Shoko aristocratique. Mari est la la femme parfaite, femme du peuple, muette et esclave sexuelle.
Editeur : Carlotta-Films. Nouveau master restauré,
version originale, sous-titres français. Format 2.35.
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Suppléments:
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