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Trains étroitement surveillés

1966

(Ostre sledované vlaky). Avec : Václav Neckár (Milos Hrma), Jitka Scoffin (Masa), Nada Urbánková (Victoria Freie), Josef Somr (Hubika, le sous-chef de gare), Vlastimil Brodsky (Zednicek), Vladimir Valenta (Max), Alois Vachek (Novak), Jitka Zelenohorská (Zdenicka Svatá) Ferdinand Kruta (Oncle Noneman). 1h33.

Milos est un jeune garçon sympathique, mais qui n'a pas l'air très dégourdi. Surtout avec son uniforme des chemins de fer, où il vient d'entrer pour y tenir son premier emploi dans une petite gare de province. Il n'a pas beaucoup de travail car c'est la guerre et seuls quelques trains militaires allemands passent par là. Alors Milos a le temps de penser à Masa, cheminote comme lui mais nettement plus éveillée. Et celle-ci voudrait bien que le benêt lui prouve sa flamme. Mais c'est aussi la première expérience amoureuse du garçon qui ne prouve que sa maladresse à la jeune fille. Milos se croit impuissant et tente de se suicider. Sauvé in extremis, il revient à la gare. Le médecin l'a rassuré sur sa virilité mais il lui reste à la démontrer. D'autant que Masa insiste...

Une occasion inattendue va lui être offerte d'apprendre l'amour avec une résistante, Victoria Freie, qui passait par là avec le projet de faire sauter un train allemand. C'est le sous-chef de gare qui devait accomplir cette délicate mission mais, au matin du jour de l'attentat, il est interpellé par ses supérieurs pour avoir décoré les fesses et les cuisses de Zdenicka Svatá; la télégraphiste de la station, avec tous les tampons du bureau. Aussi Milos, maintenant plein de confiance après la nuit passée avec Victoria Freie, se substitue-t-il au fonctionnaire lubrique et, maladroit une dernière fois, saute avec le train. Masa ne saura donc jamais quel homme était devenu son petit ami.

Pour son premier long métrage, Jiří Menzel adapte le roman d’un des plus grands écrivains tchèques, Bohumil Hrabal, dont les œuvres dérangent le régime et charment la génération montante du cinéma.

Menzel frappe fort pour son premier coup – Oscar du meilleur film étranger –, avec l’histoire du jeune Miloš en apprentissage pour devenir sous-chef de gare, mais aussi pour devenir un homme, et même un héros. Sur fond de deuxième guerre mondiale, l’histoire intime rejoint la grande Histoire. Le cinéaste met le sexe et la guerre au même niveau, et dans la petite gare paisible qui vit au rythme des trains qui passent, chacun semble se réconforter comme il peut. Colombophilie, jeux érotiques et résistance, des situations souvent tragiques gonflées de poésie et d’humour mélancolique.

L’enchaînement de plans simples très courts rappellent l’influence du cinéma muet. On pense à Chaplin, mais aussi au jeune Polanski avec son air timide et gauche. Avec Trains étroitement surveillés, Jiří Menzel devient le chef de file du cinéma tchèque aux côtés de Miloš Forman.

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