Un seigneur était fort riche mais, affublé d'une barbe bleue qui le rendait si laid et si terrible, il n'était ni femme ni fille qui ne s'enfuit devant lui. Cette fois Barbe-bleue cherchait une huitième femme.
Il présente à des jeunes filles libres d'alliance son immense fortune : un tas d'or puis un coffret rempli de bijoux et de pierres précieuses. Un vieux grigou de père, attiré par tant de fortune décide de marier sa fille de force. On fait entrer le notaire et la belle doit signer son contrat de mariage.
Dans la cuisine, on prépare le banquet. Rien ne sera trop beau pour fêter ces huitièmes noces de Barbe bleue. Sur une immense table le banquet est dressé. Tous les invités entrent richement parés, puis Barbe bleue et voici son épouse qui porte une magnifique robe blanche.
La mariée trouve que son mari n'est pas si terrible que ça et commence à bien l'aimer. Au bout d'un mois, Barbe bleue déclare qu'il doit partir pour un voyage de six semaines au moins. Pendant son absence, elle pourra faire venir ses bonnes amies, se promener où bon lui semble. Il lui donne toutes ses clés même, celle du coffre où est toute sa fortune. La seule qu'il lui interdit d'utiliser est celle du petit cabinet en haut de ces quelques marches. Il prévient sa femme que si elle l'utilise sa colère et sa punition seront terribles.
Mais femme est curieuse et l'envie de savoir ce qu'il y a derrière la porte est si forte que la belle est tentée par le diable. Elle prend la petite clé et ouvre la porte du cabinet Tout d'abord, elle ne voit rien mais elle distingue du sang sur le sol et découvre le spectacle horrible des sept précédentes femmes de Barbe-bleue égorgées. La clé est tachée de sang. Elle a beau la laver, rien n'y fait : la clé est ensorcelée. Apparaît la fée, sa marraine qui lui montre ce qui l'attend. Le soir, elle est assaillie de cauchemars terribles et de visions d'horreur.
Revenu le soir même, Barbe-bleue découvre la clé tachée de sang. "Je sais que vous avez ouvert le cabinet interdit lui dit-il. Préparez-vous à mourir, je vous donne un demi-quart d'heure".Anxieuse, l'épouse montée vers la tour demande : "Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir ?". "Je ne vois rien et puis si, je vois de la poussière au loin. Ce sont nos frères. Ils sont loin. Arriveront-ils à temps ?"
Barbe-bleue monte vers la tour, se saisit de son épouse par les cheveux et la traîne dans la cour du château. Il lève le couteau sur elle mais, à ce moment, on heurte la porte. Ce sont les deux frères. Ils passent leur épée au travers du corps de Barbe-bleue. Comme Barbe-bleue n'avait pas d'héritiers, toute la fortune revient à sa huitième femme. Elle récompense tous ceux qui l'ont aidé et put se marier et oublier sa terrible vie avec Barbe bleue.
L’influence de Doré sur Méliès est indéniable, tant dans le style visuel, propre aux derniers romantiques, que pour le choix des scénarios. Comme dans Le Petit Chaperon Rouge (film perdu, 1901) ou Cendrillon (1899), Méliès aime entremêler la simplicité des histoires et des scènes des contes de Perrault avec des visuels sophistiqués inspirés de Gustave Doré. Les illustrations de Doré pour la nouvelle traduction de Théophile Gautier des Aventures du Baron de Münchausen ont clairement influencé la version filmée de Méliès, tournée en 1911. Plus généralement, les visions gothiques de Doré ont régulièrement été utilisées comme référence encyclopédique par Méliès pour la conception de ses décors peints.