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Les cloches de sainte Marie

1945

(The Bells of St Mary's). Avec : Bing Crosby (Père Chuck O'Malley), Ingrid Bergman (Soeur Benedict), Henry Travers (Horace P. Bogardus), William Gargan (le père de Patsy), Ruth Donnelly (Soeur Michael). 2h06.

Dans une école catholique d'une grande ville, le père O'Malley et la soeur Benedict se livrent à une rivalité amicale.

Analyse de Jacques Lourcelles :
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Après le triomphe imprévu de La route semée d'étoiles, McCarey ne trouvant pas de scénario digne de ce film, décide de lui donner une suite. Il reprend le même personnage de prêtre interprété par Bing Crosby et l'envoie cette fois accomplir son sacerdoce parmi des religieuses dans un milieu tout pareil à celui de la route semée d'étoiles : un oasis de calme et de sérénité situé au cœur d'une grande ville. Dans cet ermitage, d'ailleurs menacé de disparition, toutes sortes de problèmes humains, qui n'ont rien perdu aujourd'hui de leur actualité (séparation des parents, sentiment d'abandon des enfants, échec scolaire, etc.) viendront chercher et trouver une solution paisible et harmonieuse

Une dramaturgie souple, invisible, supérieurement habile et inventive, expose l'action sous la forme d'un chapelet de très longues scènes qui semblent indépendantes les unes des autres tant elles ont leur durée et leur contenu, leur émotion propres. Elles sont en réalité profondément reliées entre elles par leur inspiration et leur finalité communes : mettre en pratique une conception souriante de la spiritualité et de la bonté comme catharsis permanente, comme remède providentiel à tous les maux physiques et moraux de l'humanité

Chacune de ces scènes (le discours inaugural de O'Malley face à une assemblée de nonnes auxquelles la vision d'un chat jouant avec le chapeau du prêtre donne le fou rire ; la leçon de boxe donnée à un enfant par la sœur supérieure ; la représentation de la nativité jouée par des bébés etc.) apparaît comme une improvisation géniale, créée dans le pur présent du tournage par un cinéaste dont le bonheur d'expression n'a d'égal que la fermeté des convictions

Ingrid Bergman trouve ici son plus beau rôle en ce sens qu'on n'imagine personne capable de le jouer à sa place et de le porter à un tel degré d'épanouissement et de plénitude

A chaque vision, le film replace le spectateur dans cette zone affective de lui-même où le rire et les larmes communiquent, où la distance entre les personnages et lui s'abolit, car il entre sans effort en contact avec ce que les personanges ont de meilleur et de plus bénéfique. Les films de McCarey n'ont d'ailleurs pas d'autre but : "J'aime qu'on rie, j'aime qu'on pleure, disait-il, j'aime que l'histoire raconte quelque chose et je veux que le public à la sortie de la salle se sente plus heureux qu'il ne l'était en entrant".
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Jacques Lourcelles

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