Dans une école catholique d'une grande ville, le père O'Malley et la soeur Benedict se livrent à une rivalité amicale.
Analyse de Jacques
Lourcelles :
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Après le triomphe imprévu de La
route semée d'étoiles, McCarey ne trouvant pas de scénario
digne de ce film, décide de lui donner une suite. Il reprend le même
personnage de prêtre interprété par Bing Crosby et l'envoie
cette fois accomplir son sacerdoce parmi des religieuses dans un milieu tout
pareil à celui de la route semée d'étoiles : un oasis
de calme et de sérénité situé au cur d'une
grande ville. Dans cet ermitage, d'ailleurs menacé de disparition,
toutes sortes de problèmes humains, qui n'ont rien perdu aujourd'hui
de leur actualité (séparation des parents, sentiment d'abandon
des enfants, échec scolaire, etc.) viendront chercher et trouver une
solution paisible et harmonieuse
Une dramaturgie souple, invisible, supérieurement habile et inventive, expose l'action sous la forme d'un chapelet de très longues scènes qui semblent indépendantes les unes des autres tant elles ont leur durée et leur contenu, leur émotion propres. Elles sont en réalité profondément reliées entre elles par leur inspiration et leur finalité communes : mettre en pratique une conception souriante de la spiritualité et de la bonté comme catharsis permanente, comme remède providentiel à tous les maux physiques et moraux de l'humanité
Chacune de ces scènes (le discours inaugural de O'Malley face à une assemblée de nonnes auxquelles la vision d'un chat jouant avec le chapeau du prêtre donne le fou rire ; la leçon de boxe donnée à un enfant par la sur supérieure ; la représentation de la nativité jouée par des bébés etc.) apparaît comme une improvisation géniale, créée dans le pur présent du tournage par un cinéaste dont le bonheur d'expression n'a d'égal que la fermeté des convictions
Ingrid Bergman trouve ici son plus beau rôle en ce sens qu'on n'imagine personne capable de le jouer à sa place et de le porter à un tel degré d'épanouissement et de plénitude
A chaque vision, le film replace le spectateur dans cette
zone affective de lui-même où le rire et les larmes communiquent,
où la distance entre les personnages et lui s'abolit, car il entre
sans effort en contact avec ce que les personanges ont de meilleur et
de plus bénéfique. Les films de McCarey n'ont d'ailleurs
pas d'autre but : "J'aime qu'on rie, j'aime qu'on pleure, disait-il,
j'aime que l'histoire raconte quelque chose et je veux que le public à
la sortie de la salle se sente plus heureux qu'il ne l'était en
entrant".
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