Venise. Un homme a convié à dîner une riche et belle jeune femme, dans la suite qu'il occupe dans un palace. Or, la belle n'est pas celle qu'elle prétend être: elle se nomme Lily Vautier et fait profession de dévaliser les hommes qu'elle séduit. Mais, tandis qu'elle lui fait les poches, son hôte lui vole ses bijoux! Lily reconnaît alors en Gaston le prince des escrocs, le fameux-roi des pickpockets. Chacun reconnaissant en l'autre un confrère de très haut niveau, Lily et Gaston décident d'autant plus volontiers de s'associer que l'amour est né entre eux.
L'Europe tout entière retentit bientôt du bruit de "leurs exploits". Un jour, dans un journal, ils trouvent la petite annonce passée par Mariette Collet, une riche veuve qui promet une forte récompense à qui lui rapportera le sac qu'elle a perdu. Or, ce sac se trouve en la possession de Lily et de Gaston, qui l'ont volé. Gaston ne tarde pas à restituer son bien à Madame Collet. Comprenant le parti qu'il peut tirer de la situation, il entre même à son service et fait engager Lily en qualité de secrétaire.
Le but des deux compères est bien sûr de faire main basse sur le contenu du coffre-fort de Mariette Collet. Mais entre celle-ci et Gaston, une idylle s'ébauche bientôt, dont Lily paraît faire les frais. Gaston semblant renoncer à son projet de vol par amour pour Mariette, Lily se charge de dérober les cent mille francs que contient le coffre-fort. Pour la protéger, Gaston révèle à Mariette sa véritable personnalité.
Étant convenus, à regret, que leur amour était impossible, Gaston et Mariette se séparent. Gaston rejoint Lily, en emportant le collier de perles de Mariette. Quant à Lily, elle a emporté les cent mille francs et le sac de sa rivale.
Le film démarre assez lentement pour devenir émminement subtil et efficace lorsque tous les personnages se retrouvent dans la riche demeure de Mariette Collet. Alors que le spectateur s'est d'abord investi dans l'histoire d'amour entre Lily et Gaston, Lubitsch parvient à le retourner au profit de celle entre Gaston et Mariette puis à la convaincre du bien fondé du choix final. Rien n'est décidemment jamais vraiment certain chez Lubitsch, surtout pas les sentiments.
Dans Les films de ma vie, François Truffaut relevait le jeu avec le cendrier en forme de gondole qui titille le subconscient du comptable de madame Collet. Il finira par lui rappeller qu'il s'est fait berner par Gaston à Venise. Il s'agit là d'un des plus beaux indices d'équivocité mis en scène par Lubitsch : simple cendier pour partager les discussions mondaines ou objet révélateur de la personnalité réelle de Gaston.