(1924–1983)
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Jeune étudiant, Erik Løchen tente de s'enfuir en Suède pour entrer dans la résistance. Arrêté, il est envoyé dans les camps de Berg et de Grin où il reste à 7 mois. Relâché en 1944, il rejoint la résistance communiste. A la fin de la guerre, beaucoup de ses amis d'enfance ont été tués. Il en garde un profond traumatisme. Pianiste et bassiste de jazz, il joue pendant des années avec Rowland Greenberg. Conscience de la forme, mêlée à la peur de mourir et à la paranoïa vont influencer La chasse (1959), présenté au festival de Cannes 1960 avec des films de la nouvelle vague.

Après La chasse, Erik Løchen met 13 ans à réaliser Objection (1972). Représentation politique de la réalité, c'est un méta-film, "une expérience de torsion des niveaux de réalité et de temps circulaire". Les cinq bobines peuvent être montées dans un ordre aléatoire offrant 125 possibilités. Ces possibilités statistiques sont moins intéressantes que la relation directe que Lochen espère du spectateur avec le processus du film. Après Stanislavski et Brecht, la dramaturgie remet en cause les conventions. C'est d'abord un film politique assez dur des années 70 avec la guerre froide qui prend la Norvège en tenailles mais où humour, conflits d'opinons et ironie ont leur place.ilm postmoderne avec une société où la critique, la pensée a de la valeur tout en sachant qu'elle est, par bien des aspects, impuissante. Certains dialogues ou actions sont maintenant un peu désuets. Néanmoins le film reste ouvert à l'interprétation. Le réalisateur n'étant pas le représentant de Lochen, l'auteur est absent : c'est au public d'interpréter.

Présenté à Oslo plusieurs semaines dans la version dite de 1972, Lochen en propose une autre, en 1980 où le dernier chapitre est présenté en premier, 2e, 1er, 3e et 4e. Le film trouve, maintenant ses pleines possibilités avec le DVD qui est un medium non linéaire.

Erik Løchen préparait avant de mourir un long métrage constitué de séquences d'actualités, chaque séquence étant actualisée tous les trois, quatre ou cinq ans.

Si l’on ne doit à Erik Løchen que deux longs métrages - La Chasse (1959) et Objection (1972) ce sont des jalons essentiels dans la marche du Septième Art norvégien vers la modernité cinématographique en phase avec les expériences de Resnais et de Robbe-Grillet.

 

Filmographie :
Courts-métrages :
1950 : Borgere av i morgen
1953 : Oss fotgjengere imellom
1976 : Un sudiste dans le Nord (Søring nordover, 15')
1977 : Les Vikings de Barstad (Barstadvikingane, 27')

Longs-métrages:

1959 La chasse
(Jakten). Avec : Rolf Søder(Bjørn), Bente Børsum (Guri), Tor Stokke (Knut). 1h34.

Bjorn et Knut, deux amis proches, convoitent tous deux Guri. La belle épouse le premier, tandis que le second part à l'étranger pour oublier. Quelques années plus tard, Knut revient, et un séjour de chasse dans la steppe norvégienne les réunit à nouveau. Les vieux démons se réveillent, le passé vient se mêler au présent, et la tension monte...

   
1972 Objection
(Motforestilling). Avec : Espen Skjønberg Per Theodor Haugen, Kari Rasmussen, Knut Husebø, Anne Marie Ottersen. 1h37.

Une équipe de film s'active sur un tournage. Le réalisateur est interviewé. Ce que son film raconte ? "Laissons le spectateur inventer l'intrigue". Sa forme ? "Qu'il n'ait ni début ni fin !". Bientôt le tournage et la réalité se combinent, une histoire d'amour entre acteurs se mélange à des manipulations politiques...