(1883–1925)
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Gabriel Leuvielle, futur Max Linder, naît en 1883 à Cavernes, commune de Saint-Loubès en Gironde. Son père, Jean Leuvielle, et sa mère, Suzanne Baron, sont vignerons. Au Conservatoire de Bordeaux, le jeune Gabriel Leuvielle, s'essaie au répertoire classique sous le pseudonyme de Max Lacerda. En 1904, il adopte le pseudonyme de Max Linder. La même année, il s'installe à Paris où il joue à lAmbigu et aux Variétés, avant de débuter au cinéma, chez Pathé, en 1905.
Louis J. Gasnier met en scène ses premiers courts-métrages : La première sortie d'un collégien (1905), Les contrebandiers (1906), La mort d'un toréador mais le public le préfère dans la comédie où un succès considérable l'attend. Après quelques sketches burlesques (Un mariage à l'italienne, Les Débuts d'un yachtman et des comédies d'époque comme Dix femmes pour un mari en 1906), il crée le personnage de Max, jeune dandy élégant, hâbleur, séducteur et sportif hors pair. Max est riche, élégant, raffiné, amateur de vie de luxe toujours mêlé à des aventures loufoques dont il se tire avec brio. Max Linder se dote aussi d'un physique reconnaissable : costumes élégants, avec chapeau de soie haut-de-forme, petite moustache. Il est tour à tour escamoteur, professeur de tango, toréador, pédicure, maître d'hôtel, médecin D'un film à l'autre, il court après une fiancée volage, se fait battre en duel, est victime d'un abus de quinquina, ou se mesure à Nick Winter, le célèbre détective, dans un film co-réalisé avec Paul Garbagni.
Max Linder, première star du cinéma
Il signe la mise en scène de Les débuts de Max au cinéma (1910) et tourne une centaine de courts-métrages d'une ou deux bobines. Il devient la première star internationale de cinéma en 1910, grâce notamment aux encarts publicitaires de Pathé, quelques années avant qu'Hollywood invente les siennes.
L'apport de Max Linder au cinéma comique naissant est immense : il enrichit des scénarios vulgaires d'une grande finesse d'observation, d'une mesure presque réaliste ; il réconcilie le cirque et le vaudeville, la grosse farce et la comédie légère ; enfin, il impose un type profondément original, caractéristique de son époque. De Chaplin à Pierre Etaix, tous les grands comiques de l'écran lui doivent quelque chose. Il initie le genre burlesque (slapstick) qui influencera Max Sennett. Son idée de création d'un personnage représentant un caractère social a été reprise par Charlie Chaplin. Ses exploits physiques seront prolongés par Buster Keaton et Harold Lloyd. Attentif à la précision des dispositifs (la laisse du chien, jute assez courte pour ne pouvoir attaquer vraiment Max, déguisé en épouvantail dans Soyez ma femme) il le laisse ensuite exploser dans un déchainement burlesque avec poursuite. Il fait preuve, comme Chaplin, d'un goût pour la vengeance aussi violente (coups de pied, eau d'arrosoir, jets d'objets de toutes sortes) qu'enfantine envers les méchants.
Charles Pathé lui ayant initialement confié la réalisation de ses films à condition de ne pas dépasser une journée de tournage, il expérimente les vertus du plan long qui atteint une forme de perfection dans Max et Jane veulent faire du théâtre : huit plans seulement pour douze minutes avec de multiples entrées et sorties de champ des personnages. Le dernier plan se termine avec un traveling arrière qui élargit le champ pour montrer que la scène a lieu dans un théâtre. La finesse psychologique accompagne les déchaînements burlesques ; les acteurs ont des gestes suffisamment précis ou s'adressent discrètement à la caméra pour faire comprendre leur intention ce qui évite l'interruption de l'action par des cartons. On n'en compte pas plus d'un par court-métrage et encore l'unique carton, "le temps a passé", de Max et Jane veulent faire du théâtre est un piège !
Un premier problème de santé, et un accident pendant un tournage, l'obligent à s'arrêter plusieurs mois en 1911. Mais c'est surtout la guerre de 1914 qui interrompt cette carrière sans précédent. Envoyé au front, gazé, il est définitivement réformé.
Max Linder, cinéaste américain
En 1916, s'estimant rétabli, il signe un contrat mirifique avec les Studios Essanay de Chicago, que Chaplin venait de quitter. Mais, sa santé encore fragile le trahit et ne lui permet de tourner que trois films (Max comes across, Max wants a divorce, Max in a taxi) sur les douze prévus. Malade, il rentre en France pour se faire soigner chez lui.
Il faut attendre plus d'un an pour qu'il puisse tourner à nouveau, à la demande de son ami Tristan Bernard, pour une adaptation cinématographique du Petit Café, tournée par son fils Raymond Bernard. Le film obtient, tant de la critique que du public, un accueil enthousiaste : aux yeux de chacun, Max était de retour !
Mais Max Linder, lui, repart aux États-Unis, à Hollywood, devenue la capitale mondiale du cinéma. Il est tout à la fois producteur, scénariste, metteur en scène et principal interprète des trois longs métrages qu'il produit successivement : Sept ans de malheur (1920), avec la célèbre scène du miroir reprise par les Marx Brothers dans La Soupe aux canards (1933), tandis que celle de la cage aux fauves inspirera Chaplin pour Le Cirque (1927), Soyez ma femme (1921) où Max poursuit assidument la femme qu'il aime, n'hésitant pas à se déguiser pour l'occasion , et ce qu'il considérait comme son meilleur film, L'étroit Mousquetaire (1922), désopilante parodie de l'uvre de Fred Niblo avec Douglas Fairbanks.
Cette dernière réalisation à peine terminée, Max, exténué, se voit une nouvelle fois obligé de quitter les États-Unis, et c'est en convalescence à Lausanne qu'il reçoit le télégramme de félicitations de Douglas Fairbanks, lui annonçant le succès du film qui sera prolongé en France. Puis il tourne avec Abel Gance dans Au secours, un film où Max fait le pari de rester au moins une heure dans un château prétendument hanté. Le talent comique de Linder s'y combine avec les effets spéciaux d'un Abel Gance cherchant toujours les limites expressives d'un médium encore nouveau. Mais la divergence de vue des deux auteurs sur le montage en repoussera la sortie.
Fin tragique et long purgatoire
Le 23 août 1923, Max Linder épouse une jeune fille de 17 ans, Ninette Peters, et part en Autriche tourner Le roi du cirque, avec Vilma Banky qu'il coréalise avec Édouard-Émile Violet. Malgré les critiques élogieuses que ce film remporte (il est aujourd'hui perdu) , malgré sa nomination à la présidence de la Société des Auteurs de Films, malgré la préparation terminée de la super production Le chevalier Barkas, malgré son engagement pour tourner une adaptation du Chasseur de chez Maxim's il abandonne brusquement tous ses projets et, à l'âge de 41 ans, le 31 octobre 1925, il se suicide dans sa chambre d'hôtel, après avoir assassiné son épouse, sans que personne n'ait jamais découvert pourquoi.
Le roi du cirque (1924, perdu)
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Le chevalier Barkas , jamais tourné
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Sa salle de cinéma, le Ciné Max Linder à Paris, dont il était propriétaire et exploitant, existe toujours aujourd'hui. Elle est située sur les grands boulevards et porte toujours son nom, le Max Linder Panorama. Maud Linder, sa fille, a écrit un beau livre sur son père et elle a réussi, après de considérables efforts, à retrouver et restaurer un certain nombre de ses films. En 1963, elle compose En compagnie de Max Linder : collage bout à bout des trois derniers films de Max Linder qui sort en salles et réalise L'homme au chapeau de soie qui retrace la vie de son père. Restaurés numériquement, ces films sont distribués en salle en octobre 2012 par Mk2 et réunis dans une édition DVD par Montparnasse en novembre 2012.
Filmographie :
1908 : L'obsession de l'équilibre, Vive la vie de garçon.
1909 : Une campagne électorale, Max et la doctoresse, Un mariage à l'américaine, Le voleur mondain, La vengeance du bottier.
1910 : Les exploits du jeune Tartarin, Je voudrais un enfant, Max est distrait, La fuite de gaz, Max champion de boxe, Mon chien rapporte, Mariage au puzzle, Un cross-country original, Les débuts de Max au cinéma, La flûte merveilleuse, Comment Max fait le tour du monde, Qui a tué Max ?
1911 : Par habitude, Max se marie, Voisin... voisine, Max prend un bain , Max en convalescence (Max dans sa famille), Max a un duel, Max victime du quinquina.
1912 : Max collectionneur de chaussures, Max lance la mode, Max reprend sa liberté, Max et son chien Dick, Max amoureux de la teinturière, Max contre Nick Winter, Max bandit par amour, Que peut-il avoir ?, Max escamoteur, Max et son âne, La malle au mariage, Une nuit agitée, Max cocher de fiacre, Max et les femmes, Une idylle à la ferme, Un pari original, Max peintre par amour, Le mal de mer, L'amour tenace, Le voyage de noces en Espagne, Max boxeur par amour, Max émule de Tartarin, Max, professeur de tango, Entente cordiale, La vengeance du domestique, Max veut grandir, Le roman de Max, Un enlèvement en hydroaéroplane, Un mariage au téléphone, Max a peur de l'eau, Max et la statue.
1913 : Un mariage imprévu, Les escarpins de Max, La ruse de Max, La médaille du sauvetage, Max jockey par amour, Max est charitable, Max Linder pratique tous les sports, La rivalité de Max, Le duel de Max, Max toréador, Max n'aime pas les chats, Max et le billet doux, Le chapeau de Max, Max virtuose, Max fait des conquêtes, Les vacances de Max, Max pédicure.
1914 : Max et le commissaire, Max décoré , Le 2 août 1914 Max illusionniste, L'anglais tel que Max le parle, Max et le mari jaloux, N'embrassez pas votre bonne, Le mariage forcé, Dick est un chien savant, Max et Jane veulent faire du théâtre.
1915 : Max et sa belle-mère, Max asthmatique, Coiffeur par amour, Le hasard et l'amour
1916 : Max entre deux feux, Max dans les airs, Max et la Main-qui-étreint, Max et l'espion
1917 : Max et le sac, Max Comes Across, Max Wants a Divorce, Max in a Taxi , Max médécin malgré lui, Max devrait porter des bretelles.
1921 | Sept ans de malheur |
(Seven Years Bad Luck). Avec : Max Linder (Max), Alta Allen (Betty, la fiancée de Max), Ralph McCullough (John, le valet de Max). 1h02. Max enterre sa vie de garçon et rentre saoul chez lui. Au matin, le valet de chambre court après la bonne et casse le grand miroir de Max. Le valet de chambre demande au cuisinier de mimer les gestes de Max en train de se raser afin qu’il ne s’aperçoive de rien... |
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1921 | Soyez ma femme |
(Be My Wife). Avec : Max Linder (Max), Alta Allen (Mary), Caroline Rankin (Tante Agathe), Lincoln Stedman (Archie). 0h55. Max est amoureux. Hélas, la charmante enfant vit avec une tante revêche qui a pris Max en grippe. Il va donc devoir user de stratagèmes pour parvenir à épouser la belle. |
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1922 | |
(The Three Must-Get-Theres). Avec : Max Linder (D'Artagnan), Frank Cooke (Louis XIII), Harry Mann (Buckingham). 0h55. Dans un hameau perdu de Gascogne, le coquet D'Artagnan reçoit de son père une épée (qui sert aussi de tournebroche) et un lettre de recommandation pour la compagnie des mousquetaires. D'Artagnan a autant de mal à quitter son père qu'en a son cheval qui regrette la jolie vache de l'étable.... |
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1924 |
Le roi du cirque |
Avec : Max Linder, Eugen Burg, Gyula Szöreghy, Ernst Günther, Vilma Bánky. Film perdu |
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