Au printemps, Gerri, conseillère médicale, et Tom, géologue, forment un couple heureux, adepte du jardinage. Pour la distraire, ils invitent à dîner Mary, une collègue célibataire de Gerri qui éméchée se lamente sur le désastre de sa vie amoureuse. Gerri et Tom entretiennent une relation chaleureuse avec leur fils Joe, juriste de 30 ans qui constate que tous ses amis s'apprêtent à convoler en justes noces alors qu'il est toujours célibataire.
En été, Ken vient à Londres pour passer le week-end avec Gerri et Tom. Ken travaille à Hull, à l'agence nationale pour l'emploi. Originaires de Derby, Tom et lui sont des amis d'enfance. Ken boit beaucoup en se plaignant de sa vie sinistre de célibataire. Le lendemain, alors que Gerri va profiter du soleil au jardin, Tom, Ken, Joe et un voisin font une partie de golf. Tous se retrouvent autour d'un barbecue où Mary déboule en retard, au volant de sa nouvelle voiture d'occasion. Glaciale avec Ken qui tente de flirter innocemment avec elle, elle fait des avances pressantes à Joe, malgré la différence d'âge.
A l'automne, alors que Gerri et Tom rentrent du jardin, Joe les attend avec une heureuse surprise, cachée derrière la porte : sa nouvelle petite amie Katie, ergothérapeute. Elle plaît tout de suite à ses parents, mais Mary, invitée pour le thé, manifeste avec grossièreté sa jalousie et son hostilité à l'égard de Katie ce qui les contrarie beaucoup, bien que compatissant aux ennuis de voiture de Mary.
En hiver, Gerri, Tom et Joe se rendent à Derby en voiture pour assister à l'enterrement de la femme de Ronnie, le frère aîné de Tom. Carl, le fils de Ronnie, arrive en retard au crematorium et, de retour chez son père, se montre assez agressif. L'assistance quitte rapidement les lieux et Carl part à son tour en claquant la porte. Gerri et Tom proposent à Ronnie de venir avec eux à Londres. Alors qu'ils sont au jardin, Mary débarque chez eux à l'improviste. A bout de nerfs, elle se met à boire du thé en fumant cigarette sur cigarette sous l'oeil perplexe de Ronnie. À leur retour, Gerri et Tom ne sont guère enchantés par la présence de Mary, d'autant que Joe et Katie sont attendus pour le dîner. Mais Mary se confond en excuses et Gerri l'invite finalement, non sans réticence, à se joindre à eux. Pendant le dîner, alors que Gerri et Tom se remémorent leurs jeunes années de routards, que Katie et Joe se réjouissent de leur prochain voyage à Paris et que Ronnie savoure tranquillement sa bière et son dîner, Mary prend conscience de la triste vacuité de sa vie.
Mike Leigh dresse une nouvelle fois des portraits "plein d'humanité" qui font son renom. Tom et Gerri (la seule chose rigolote du film) accueillent donc l'un son ami d'enfance, Ken, et l'autre sa collègue de travail, Mary, sans grand espoir de les changer tant ils semblent hors d'atteinte de leur vie petite bourgeoise qui, eux, les satisfait pleinement. Ils seront au comble du bonheur lorsque leur grand poupon de fils trouvera l'âme sur et abandonneront pour cela la collègue Mary qui s'était bien imprudemment laissé aller à rêver de l'épouser. Gerri lui assénera alors sa morale, aussi bien pensante que responsable : "la famille d'abord" et "sois responsable de toi" avant de lui faire l'insigne honneur de l'accepter une nouvelle fois à sa table.
Lors de cette dernière séquence, Mike Leigh consent à abandonner les champs contrechamps qui constituent 99 % de sa mise en scène pour un grand traveling circulaire qui tourne autour des deux couples satisfaits des parents et du fils enfin fiancé pour cadrer Ronnie, paisible, et coincer Mary l'alcoolique repiquant une nouvelle fois le nez dans son verre. Mike Leigh, met ainsi K. O. un personnage auquel il n'a donné aucune chance : c'est lui qui a tricoté ce scénario où Mary apparait toujours à côté de la plaque.
On peut envier ce couple "parfait" aux passe-temps toujours bien comme il faut, à la mutuelle tendresse et qui n'abandonne pas les gens en détresse. Néanmoins, ils ne peuvent rien pour eux et les saisons passent, une à une, bien rendues dans leurs diverses couleurs, sans que rien ne se passe... Another year.
Jean-Luc Lacuve , le 01/01/2011.