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American animals

2018

Festival de Deauville 20118 Avec : Barry Keoghan (Spencer), Evan Peters (Warren), Jared Abrahamson (Eric), Blake Jenner (Chas), Ann Dowd (Betty Jean) et Spencer Reinhard, Warren Lipka, Eric Borsuk, Chas Allen, Betty Jean Gooch (eux-mêmes). 1h56.

2004, Lexington, Kentucky. Pour tromper leur ennui existentiel et faire quelque chose de grand dans leur vie , Spencer Reinhard et Warren Lipka, deux fils de bonne famille promis à un bel avenir, imaginent un plan audacieux. Ils vont voler des livres rares exposés dans la bibliothèque de l’Université Transylvania où Spencer étudie, dont les trois gros volumes du classique de John James Aububon, "Birds of America"  qui vaut à lui seul près de 12 millions de dollars, pour ensuite les revendre sur le marché noir.

Ainsi, le 17 décembre 2004, un jeune homme se présente dans la section des livres rares de la bibliothèque gardée sous clé par la bibliothécaire, Betty Jean Gooch. Mais tout ne s'est pas passé comme prévu. Qu'est-il arrivé ? Vont témoigner en parallèle de l'action les vrais protagonistes de l'histoire 13 ans après les faits.

 American Animals reconstitue les événements dans une fiction conjuguée au passé, tout en donnant la parole, au présent, par voie documentaire, aux complices d’hier. Dotés de profils dépareillés, Spencer Reinhard, au tempérament artiste, Warren Lipka, la tête brûlée, Chas Allen, le riche sportif, et Eric Borsuk, le mathématicien n'étaient pas tant motivés par l’argent que par un goût de l’aventure ; un besoin de savoir ce qui se passe lorsqu’on franchit la limite.

Bart Layton, poursuit sa tentative de docufiction après The Impostor, sur l’étrange histoire d’un voleur d’identités, le Français Frédéric Bourdin, s’étant fait passer pour un enfant texan disparu des années plus tôt.  Layton fait ainsi jouer  les quatre complices et la bibliothécaire dans des passages de la reconstitution avec acteurs, tout en recourant à des comédiens peu connus pour incarner les supposés « vrais » parents des garçons dans des segments cette fois de faux documentaire. Une manière pour Layton de remettre en cause la notion d’authenticité, de vérité. Il creuse aussi cette notion avec les versions des faits différentes de  Lipka et Reinhard, lorsqu'ils se remémorent qui est à l'origine de l'initiative du vol ou de leur correspondant en Angleterre. Sait-on même si Warren ne ment pas en disant être allé aux Pays-Bas rencontrer de potentiels acheteurs; L'aspect réflexion sur le cinéma est renforcé par les références cinématographiques : au Reservoir dogs de Tarantino avec les noms de couleurs des personnages, à Scorsese sans parler de Rashomon, de Kurosawa, avec les témoignages contradictoires selon qui raconte.

On pourra trouver sévère la peine de prison encourue par chacun des quatre complices (sept ans) alors que la fin est inutilement moralisatrice avec une parole finale dédiée à Betty Jean Gooch, la bibliothécaire, certes bâillonnée et attachée. La piste que chacun qui a  vécu une épreuve (la folie de Van Gogh, la cécité de Monet évoqués par Spencer) peut en tirer profit dans sa vie reste inexploitée.