Les salauds dorment en paix

Iwabuchi, haut fonctionnaire, vice-président de l'office public du développement des sols inexploités, marie sa fille, Yoshiko, à son secrétaire, Koichi Nishi. A peine la cérémonie terminée, des journalistes font intrusion car le comptable de Dairyu Construction, une société à laquelle l'office public a confié des terrains à construire a été arrêté. Les journalistes s'attendent à ce que soit dorénavant le directeur de cette société, Hatano, invité au mariage, qui soit arrêté. L'inspecteur délivre pourtant un mandat d'arrêt pour Wada, l'adjoint au service juridique de l'office qui, penaud, remet à son chef, Shirai, le discours qu'il devait tenir en l'honneur des jeunes mariés.

 Les journalistes, flairant le gros scandale, restent assister à la réception suivant la cérémonie de mariage. Shirai, le chef du service juridique, est très mal à l'aise dans son rôle improvisé de maitre de cérémonie et cède la parole à Arimura, puis à Moriyama, respectivement, président et directeur de l'office. Les journalistes commentent ces discours. Nishi, présenté comme orphelin, est devenu l'ami de Tatsuo, le frère de la mariée; il aurait profité du handicap de celle-ci, une jambe plus courte qui la rend boiteuse, pour la courtiser et devenir ainsi le secrétaire de son père. Tatsuo, sympathique fils à papa, dément toutefois publiquement ces accusations, fier de la droiture de son ami. Les journalistes remarquent alors que sont réunis à la tête de l'Office ceux qui s'étaient déjà illustrés, il y a cinq ans, dans le scandale du Nouveau bâtiment public : Iwabuchi en était directeur, Moriyama chef de division et Shirai chef de bureau. Ils avaient étouffé une affaire de corruption dans laquelle, l'adjoint du directeur s'était jeté du 7e étage. Au moment du dessert, alors que l’on s’apprête à couper la pièce montée, un second gâteau en forme d’immeuble arrive devant les invités ; elle a la forme du Nouveau bâtiment public et une rose est plantée dans une fenêtre du 7e étage. Shirai en est bouleversé.

Le lendemain, le scandale s'affiche dans les journaux. Wada et le comptable Miura sont accusés respectivement d'avoir reçu et émis des pots de vin. Mais le procureur Nonaka ne réussit pas à leur tirer le moindre renseignement. Après 20 jours de garde à vue, il les relâche. A sa sortie de prison, Miura apprend qu'il va être incarcéré de nouveau pour détournement de fonds. Son avocat lui transmet alors un message du directeur de Dairyu Construction comme quoi celui-ci compte sur lui. A bout et devant assumer des responsabilités trop grandes pour lui, Miura se suicide en se jetant sous un camion. La presse informe que Wada a suivi son exemple, on a trouvé un message près d'un volcan. En fait, Wada a été sauvé par Nishi, le gendre d'Iwabuchi, qui tient cependant à ce que l'on croit que l'adjoint du service juridique soit mort.

Wada ne comprend rien à cette situation. D'autant plus que Nishi le conduit assister clandestinement à ses propres funérailles où il voit les responsables de l'office apporter leurs condoléances à sa femme et sa fille. Wada devant de tels honneurs voudrait être mort. Nishi lui fait alors écouter un enregistrement qu'il a obtenu en cachant un sac dans le bar de nuit tenu par la maitresse de Moriyama. Celui-ci et Shirai se félicitent de la mort de Wada qui les arrange bien.

Shirai doit déposer l'argent de la corruption dans un coffre secret de la banque. Il passe pour cela recouper la clé dans une consigne. Arrivé à la banque, il constate avec effroi que tout l'argent du coffre, 5 millions, a été volé. A sa place dans le coffre figure une photographie du Nouveau bâtiment public avec une croix sur une fenêtre du 7e étage. Il s'en explique difficilement auprès de Moriyama et Iwabuchi. Contraint de rendre les clés du coffre il doit présenter sa sacoche... dans laquelle Nishi a préalablement mis les 5 millions. Abasourdi, décrédibilisé Nishi rentre chez lui mais voit surgir Wada dans la nuit. N'arrivant pas à s'expliquer devant ses chefs, en proie à une nouvelle apparition de ce qu'il croit être le fantôme de Wada, la raison de Shirai est ébranlée.

Nishi s'en veut de négliger Yoshiko en rentrant tard le soir. Les dirigeants de Dairyu Construction, indignés d'avoir du donner 3 milliards de pots de vin pour emporter le marché à 12 milliards, veulent que Shirai soit rassuré et retrouve la raison. Iwabuchi décide donc de l'éliminer après une dernière réunion de conciliation où il est terrorisé de voir les mêmes méthodes douces employées contre lui que contre, Furuya, l'adjoint qui s'était suicide.

Alors que Shirai rentre chez lui, un tueur l'attend mais Nishi le sauve. Avec Wada, il l'amène jusqu'au 7e étage du Nouveau bâtiment public où il menace de le jeter par la fenêtre ou de l'empoisonner. La raison de Shirai bascule définitivement et Nishi l'abonne là espérant qu'il sera retrouvé là prostré le matin ce qui déclenchera un scandale.

Mais, le matin, rien ne transparait dans les journaux. Nishi en déduit qu'il a été trop faible et qu'il aurait du tuer Shirai. Son ami le persuade du contraire et lui fait comprendre qu'il est amoureux de Yoshiko. Pour la protéger sans doute devrait-il renoncer à sa vengeance. Pendant ce temps, Moriyama a compris que quelqu'un se cachait derrière cette machination, probablement quelqu'un ayant parti liée avec  Furuya, l'adjoint qui s'était suicidé. Il interroge sa femme qui lui indique que son mari avait connu une  première femme de laquelle il avait eu un enfant.  Moriyama découvre, stupéfait,  Nishi sur une photographie de l'enterrement de Furuya. Moriyama s'empresse de prévenir Iwabuchi de l'identité de son secrétaire. Tatsuo, surprend leur conversation et  chasse Nishi  d'un coup de fusil lorsqu'il renter innocemment avec un bouquet de fleurs pour Yoshiko.

Iwabuchi s'entretient avec les dirigeants de Dayru  Construction qui le tancent vertement. Au téléphone Nishi lui annonce qu'il détient Moriyama. Celui-ci  est en effet prisonnier dans l'ancienne usine de munitions de Musashino où Nishi et son ami de toujours, Itakura, furent mobilisés pendant la guerre. Ils ont ensuite changé d'identité pour permettre à Nishi d'assumer sa vengeance. Moriyama, pour obtenir à mange, indique où se trouvent cachés les 15 millions de yens, 10 ans de salaires, reçus en pot de vin. Wada s'enfuit et Nishi Itakura craignent que ce soit pour prévenir ses patrons : "ce n'est pas un homme c'est un fonctionnaire. Un être à part conditionné par la bureaucratie" mais Wada ramène Yoshiko afin qu'elle sache que Nishi l'aime. Celui-ci lui archonte la triste histoire de sa culpabilité : son père l'avait abandonné avec sa mère pour épouser une femme lui permettant dextre cadre mais il était venu se réconcilier avec lui la veille de sa mort, en vain. Il lui avait laissé 1,5 millions de yens que Nishi a consacrés à se venger. Yoshiko accepte que Nishi  dénonce son père qui expiera ses fautes en prison.

Iwabuchi se prépare à utiliser le somnifère que lui a envoyé son mystérieux correspondant au téléphone lorsqu'il voit rentre Yoshiko. Il la berne en lui faisant croire que Nishi est menacé par Tatsuo parti avec un fusil et lui fiat prendre le somnifère une fois qu'elle a révélé la cache. Lorsque Tatsuo rentre il réveille Yoshiko qui comprend qu'elle a été trompée. Ils se rendent en voiture à l'ancienne usine de munitions de Musashino. Itakura est en pleurs : Nishi vient d'être tué: il était dans la voiture écrabouillé sur la voie de chemin de fer qu'ils ont croisé. Des hommes de mais d'Iwabuchi l'ont torturés puis lui ont injecté de l'alcool dans le sang avant de le conduire dans la voiture sur la voie ferrée. Wada doit aussi avoir été exécuté. Il n'y  a plus de preuve.  Tetsuo  et  Yoshiko disent adieu à leur père. Celui-ci appelé le politique haut placé qu'il protège. Il  va démissionner et rependre des vacances en Europe avant de retrouver un nouveau poste à son retour

Film noir sur la corruption à l'œuvre chez les hauts fonctionnaires chargés de l'attribution des marchés publics, le film en analyse les effets désastreux chez les cadres consciencieux. Sous le poids de ce qu'ils croient leur responsabilité morale vis à vis de leurs supérieurs, les cadres intermédiaires sont amenés à se suicider. Les journalistes s'en moquent d'ailleurs : "c'est le rituel de la corruption". Ces tortures morales que Nishi a vu appliquer à son père lui font dire que "Même les vaches ou les porcs sont tués plus humainement".

Le film prend la forme du film noir, où même l'inflexible Nishi finit par avoir les dessous tant les politiques eux-mêmes sont impliqués dans ce qu'ils demandent à leur haute administration. Si Iwabuchi, est puni c'est par le malheur qui envahit sa sphère intime. Ses enfants qu'il aime sincèrement comprennent qu'il est à l'origine de leur malheur; la perte d'un mari aimé pour Yoshiko et d'un ami pour Tetsuo.

Jean-Luc Lacuve, le 13/04/2016