En 1943, après trente ans d'enseignement de l'allemand, le professeur Hyakken Uchida annonce à ses élèves qu'il prend sa retraite pour mieux se consacrer à sa carrière d'écrivain. Il est ovationné par ses jeunes élèves, qui lui donnent le titre respectueux de Sensei (Maître), et vont continuer à lui témoigner une attentive affection.
Mais, en ce temps de guerre, Tokyo vit sous la menace permanente des bombardements américains. La maison du professeur est détruite au cours d'un raid aérien, et il doit s'installer, en compagnie de sa femme, dans une modeste cabane, avec les quelques livres qu'ils ont pu sauver de l'incendie. Pourtant, il continue à recevoir ses anciens élèves qui, après la guerre, l'aident à reconstruire une maison, et assistent à d'amicales réunions à chacun de ses anniversaires. On lui pose régulièrement la question de savoir s'il est prêt à "passer dans l'autre monde" ("Maada-kai ?"), et le Maître répond, après avoir bu une chope de bière, "Pas encore !" ("Maadadayo").
Il a aussi pris en affection un chat errant qu'il a baptisé Nora, et auquel il dédie son journal. Un jour, le chat disparaît, et le Maître est plongé dans une grande affliction. Malgré l'aide de ses disciples, on ne retrouvera jamais Nora.
Lors de la dix-septième réunion avec ses anciens élèves, le professeur, âgé de soixante-dix sept ans, proclame encore une fois qu'il n'est "pas encore prêt", mais se trouve pris de malaise, et doit s'aliter. Il rêve aux jeux de cache-cache de son enfance
Entre ces cérémonies, qui sont une sorte de fil rouge dans le film et qui ponctuent la vie de l'ancien professeur, on le voit évoluer au quotidien, entre petits bonheurs (le thé avec ses anciens étudiants), et ses malheurs (la perte de sa maison, la fuite de son chat...)
Dans son dernier film, Kurosawa, loin de nous dépeindre la chute d'un homme vers la vieillesse et la mort, réalise au contraire un portrait d'une incroyable jeunesse, pleine d'ironie et de tendresse. A aucun moment du film, on ne tombe dans le pathos ou le larmoyant. A 83 ans, le vieux maître Kurosawa, qu'on ne peut s'empêcher de comparer avec l'ancien professeur d'allemand, nous montre qu'il ne semble pas avoir peur de la mort, et que la vieillesse est loin de tous les clichés habituels (décadence physique et morale), pour se situer au contraire dans un retour à l'état d'enfant (comme dans un cercle). La fin du film accentue encore plus cet effet : le vieil homme, qui a eu une attaque, est au bord de la mort mais pense à son enfance, filmée en rêves par Kurosawa.