Koutaïssi à 230 kilomètres à l'ouest de Tbilissi. Lisa, préparatrice en pharmacie, et Giorgi, footballeur, se rencontrent à la sortie de l'école et sont tellement troublés que leurs pas prennent par deux fois la mauvaise direction. Le soir, ils se croisent de nouveau à un carrefour. Tombés amoureux, ils se donnent rendez-vous pour le lendemain au café sur le pont du Rioni. Mes les "amis" de Lisa, un arbuste, un feu tricolore, une gouttière et la brise l'avertissent que le mauvais œil lui a jeté un sort. : Le lendemain elle va se réveiller sous une autre apparence. Une voiture qui passait par là empêche la brise d'en dire plus.
Lisa, heureuse de sa rencontre mais effrayée du mauvais sort, en parle à son amie et colocataire, Maya. Dans la nuit, Lisa change d'apparence et devient méconnaissable. Maya part travailler à sa place et lui conseille de rester étudier chez elle. Mais Lisa s'aperçoit qu'elle a tout oublié de son métier. En effet, la brise n'a pas eu le temps de lui dire que, non seulement elle, mais Giorgi s'est transformé et, l’un et l’autre ont tout oublié de leurs passions respectives.
Giorgi se retrouve donc sous une nouvelle apparence sans en être averti et constate qu'on ne le reconnaît plus dans son équipe dont il est exclu d'autant plus qu'il a perdu tout talent footballistique.
Le soir, Lisa et Giorgi décident néanmoins d'aller au rendez-vous fixé mais ni l'un ni l'autre ne se reconnaissent. Ils se font tous deux engager dans ce petit bar en plein air qui devait être leur point de rencontre, elle comme serveuse des glaces, lui comme rabatteur : il fixe les passants près du bar en leur proposant de tenir deux minutes accrochés par les bras. En cet été 2018, la ville vit au rythme de la coupe du monde de football, retransmise pour les fans dans trois bars de la ville dont celui de Lisa et Giorg,i pour les matchs en nocturne seulement car le projecteur n'est pas assez puissant. Lisa rencontre à la recherche d'une personne pouvant metter fin au mauvais oeil rencontre seulement une chiromancienne dans une école de musique.
Les enfants s'amusent et jouent au football avec enthousiasme, le ballon s'élève dans l'air et retombe dans le cours du Rioni.
Deuxième partie. Travaillant dans le même bar, Lisa et Giorgi se parlent sans se reconnaitre. Le patron du bar les envoit dans une patisserie ccopérative chercher le gâteau d'anniversaire de sa femme à la campagne. Ils dégustent différents gâteaux avec d'autres clients autour d'une grande table sous un grand arbre. De son côté, Nino, une photographe célèbre, est chargée par le cinéaste Irakli de trouver cinquante couples dans Koutaïssi afin de faire un film sur six d'entre eux qu'elle aura sélectionnés. Lisa et Giorgi, malgré leur réticence, participent à ce casting. Le soir de la finale, où l'Argentine gagne, Giorgi, pourtant fan absolu de cette équipe, rate le match pour raccompagner Lisa chez elle. Le soir de la projection du film, ils découvrent que la pellicule a enregistré leur apparence d'autrefois; leur permettant de se reconnaître.
Le matin, les enfants de Koutaïssi dessinent à même leur peau avec de la peinture dorée le nom de Messi sur leur dos et s'en vont escalader le grand escalier vers le ciel.
Le titre original "Ras vkhedavt, rodesac cas vukurebt ? "Que voyons-nous quand nous regardons le ciel ?" indique déjà qu’il s'agit d'un conte poétique; le titre français insiste un peu plus sur la ville de Koutaïssi, jadis capitale de la Géorgie et plus loin encore de l’antique et florissante Colchide. Le film voudrait mettre en avant une dramaturgie relâchée au profit de vignettes un peu étranges comme autant de digressions avant la résolution du mauvais sort initialement jeté sur ses deux personnages. Encore faudrait-il qu’il parvienne à intéresser ou émouvoir aux animaux, enfants et personnages peuplant chacune de ces vignettes.
Une suite de vignettes poétiques
Les idées se contentent ainsi d'être une série de vignettes peu abouties, ensemble de propositions sans suite comme de demander au spectateur de fermer les yeux entre deux tintements, le temps de la transformation de l'ancienne en la nouvelle Lisa. La longue déambulation de Lisa dans une école de musique à la recherche d'une pseudo-magicienne leveuse de sorts, qui se révélera être une simple chiromancienne, est un prétexte à écouter les sons dissonants émanant des différents cours. La recherche d'un gâteau pour l'anniversaire de la femme du prioritaire du bar se transforme et dégustations de gâteaux sans intérêt autre que l'attente dans une campagne bucolique.
Au sein de ces vignettes, le réalisateur privilégie les plans sur les objets (verres de cristal, ballon de football, barre d'étirement, fil invisible accroché à un billet...) et les cadrages bressonniens qui préfèrent les mains ou les pieds aux visages.
Un kaléidoscope d'instantanés pourtant un peu longuets
La voix off, trop présente, commente, d'une ironie peu discrète, l'inconscience de notre époque devant le changement climatique ou le peu de cas fait à la condition animale. D'où, sans doute, les cadrages à hauteur de chien.
Le merveilleux s'incarne dans la victoire de l'Argentine, équipe préférée de Giorgi, à la coupe du monde 2018 alors qu'elle a été battue en 8e de finale par la France. Ce kaléidoscope d'instantanés se révèle un peu longuet car les chiens errants amateurs de football, la bande de jeunes du café, les préados jouant au football ne retiennent qu'un moment l'attention sans parvenir à nous (m') émouvoir.
Le film se clôt sur une résolution attendue depuis l'apparition du personnage de Nino, la photographe missionnée par le réalisateur : c'est le cinéma qui rend compte de notre vraie nature.
Jean-Luc Lacuve, le 16 mars 2022