Albert Kirchner |
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(1860-1902) |
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2 films | ||
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Albert Jean Fritz Kirchner nait à Hambourg le 8 septembre 1860. En 1883, il commence son activité de photographe à Paris, en fondant la société en nom collectif « Kirchner dit Léar et Cie au n°50 de la rue Saint-Lazare.
En 1892, il est inculpé d'outrages aux bonnes mœurs: « à l'aide d'un nombreux personnel, il racolait des filles mineures qu'il plaçait, dans des poses non équivoques, devant son objectif. Puis il faisait vendre par des courtiers très sûrs ces articles de Paris, qui étaient très demandés ». Il est condamné à 15 mois de prison, 500 francs d'amende, et 5 ans d'interdiction de territoire.
En 1896, il est engagé comme opérateur chez Eugène Pirou, un photographe renommé, auteur d’albums de Visions d’art contenant des clichés de jolies Parisiennes plus ou moins déshabillées.
Enthousiasmé par l'invention du procédé Lumière en 1895, Albert Kirchner adapte en 1896 une pièce de théâtre très en vogue à l'Olympia, Le Coucher de la mariée, et en tire le plus ancien film érotique qui nous soit parvenu, avec l’actrice Louise Willy. Le film, du même titre, est exploité par Pirou au Café de la paix, avec un appareil Joly-Normandin, et connaît un grand succès.
En 1897, Albert Kirchner dépose, avec Paul Anthelme, un brevet9pour un « appareil chronophotographique perfectionné ». L'appareil est lancé sous le nom « Biographe français », et est fabriqué dans les ateliers de M. Héry (un ancien ouvrier d'Henri Joly), en format 35 et 60 mm. Albert Kirchner installe l'appareil dans les sous-sols de l’Olympia, au musée Oller, et effectue des projections qui servent d’intermède au spectacle. Le Biographe français fonctionne également au Café Frontin, 6, boulevard Poissonnière.
Au printemps 1897, Albert Kirchner tourne avec Georges Michel Coissac une Passion du Christ pour la Maison de la Bonne Presse, organe de propagande religieuse de l'Église catholique. Tourné à Paris, en douze tableaux vivants, d'une durée de5 minutes, il est le premier film de l'histoire du cinéma fondé sur la vie du Christ. Malgré ou grâce à la polémique qui accompagne sa sortie (« faut-il représenter le Christ ? »), le film est montré en France et à l'étranger, et il influence profondément les réalisateurs ultérieurs : en février 1898, le révérend Thomas F. Dixon Jr. (par ailleurs romancier et auteur de The Clansman, dont D. W. Griffith tire son film Naissance d'une nation) s'en sert dans ses prêches. Aujourd'hui, le film est toujours porté disparu.
En 1897 encore, Albert Kirchner réalise une douzaine de scènes comiques dans le goût des premiers films Lumière : Bataille d’oreillers, L’arroseur arrosé, etc.
En septembre 1897 et janvier 1898, il dépose deux nouveaux brevets pour des appareils également baptisés « Biographe français ».
Entre les deux dates, Albert Kirchner accompagne le Père Bailly dans un pèlerinage en Terre sainte, d’où il ramène quelques vues de Palestine et d’Égypte. En 1901, on le trouve encore cité dans une affaire de trafic d'images pornographiques.
Peu de temps après, Albert Kirchner cède tous ses négatifs à la Gaumont et l’ensemble de ses brevets à la Maison de la Bonne Presse. Il meurt en 1902 à l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne, où il était interné.
1896 | Le coucher de la mariée |
Avec : Louise Willy (La mariée). 7'.
Un couple de jeunes mariés devant le lit nuptial, en plan séquence et cadrage en pied : revenant des noces, le mari s'extasie devant son épouse qui minaude ; celle-ci lui demande de se retirer pendant qu'elle se déshabille ; il met un paravent entre elle et lui ; elle enlève un à un les multiples vêtements qu'elle porte (veste, robe, jupons, sous-jupons, corsage) ; le mari ne tient pas en place, tantôt s'épongeant le front, tantôt lisant un journal, tantôt jetant des regards concupiscents par-dessus le paravent. Les acteurs adressent de nombreux regards vers la caméra. |
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1897 | La Passion du Christ |
Film perdu | |