Une saynète mise en scène par le réalisateur dans une classe. Un élève perturbe le cours. Le professeur exclut sept élèves pour une semaine, à moins qu’un d’eux dénonce le coupable.
Cette saynète est montrée successivement aux véritables pères des élèves, qui émettent leur opinion sur la situation et sur l’attitude que devraient observer enseignant et étudiants.
Cas n°1. Un élève dénonce un de ses camarades et
reprend sa place dans la classe. Cet enchainement est alors commenté
par la plupart des dirigeants politiques et spirituels du moment très
particulier que le pays est en train de vivre : deux ministres, des directeurs
de médias, deux religieux islamiques de haut rang dont le procureur
général des tribunaux révolutionnaires, le secrétaire
général du Parti communiste iranien, le chef du parti libéral,
un dirigeant de la Ligue des droits de lhomme, le grand rabbin de Téhéran,
larchevêque de léglise arménienne, un des
cinéastes les plus connus, un grand acteur très populaire.
Cas n°2. Personne na dénoncé le perturbateur et tous
les élèves sont restés dans le couloir une semaine entière
avec de nouveaux discours.
Tourné au printemps et à lété 1979, le film na été projeté quune fois, en septembre, juste avant létablissement de la toute puissance islamiste. Il a depuis fait lobjet dune rigoureuse interdiction, même si il a été possible de sortir du pays des copies vidéo qui, malgré leur mauvaise qualité, ont passionnés les chanceux qui ont pu la voir, notamment au Festival de Locarno 1995. De manière nullement fortuite, le film a ressurgi dans le sillage du Mouvement vert, sur YouTube puis, avec une meilleure qualité, sur Vimeo. Cette réapparition a suscité la tenue dun colloque organisé à la New York University par le chercheur Hadi Gharabaghi.
Source : Jean-Michel Frodon, Slate.fr, le 3/02/2014