Schizophrenia
1983

Prologue : Pistolet à la main, un homme frappe à la porte d'une bâtisse et tue la vieille dame venant à sa rencontre.

Film : Le psychopathe est enfermé dans une cellule et monologue "La peur dans les yeux, un couteau planté dans la poitrine, c'est le dernier souvenir que j'ai de ma mère. J'ai alors passé quatre ans en prison même si elle a survécu. Ensuite tout allait bien jusqu'à ce qu'une septuagénaire croise mon chemin. Mon Dieu furent ses derniers mots. Je ne la connaissais pas, je ne lui ai rien volé. Cette foutue idée m'avait envahi. Il fallait que je le fasse. Impossible de l'expliquer. J'en ai pris pour dix ans derrière les barreaux". Le psychopathe est libéré et sort dans la rue. "Il reconnait avoir commis des crimes par pur plaisir et n'être pas libéré de son obsession. "Je le savais cela se reproduirait, c'était inévitable mais cette fois ils ne m'auront pas...

Le psychopathe pénètre dans le café d'une station essence et cherche des victimes à tuer. Pourquoi pas ces deux jolies filles mais pas facile de trouver un prétexte pour les emmener. Il prend un taxi, défait son lacet de chaussure pour étrangler la conductrice qui panique avant qu'il ne passe à l'acte. Il s'enfuit en forêt. L'homme s'enfuit et se réfugie dans une maison où habitent une vieille dame, sa fille et son fils handicapé. Excité par le nouveau terrain de jeu qui s'offre à lui, le tueur décide du tuer el fils, puis la mère et, lorsque la fille s'enfuit, il se résout à la poignarder à mort. Comme le cygne qu'il tua enfant pour boire son sang, il tente de boire le sien puis sans doute de se masturber sur elle.

Au matin, il décide de mettre les trois cadavres dans la voiture pour effrayer les nouvelles victimes qu'il ne manquera pas de faire.

Hagard maculé de sang, il conduit trop vite et s'encastre dans une voiture à l'arrêt. Les passants tentent de le retenir. Il fuit vers le café de la station-service où il voudrait bien emmener les deux filles. La police survient et l'arrête. Il ne semble aps conscient de sa perte inéluctable : "Tous ont peur de moi. Je vais être célèbre. Je regrette de ne pas avoir attrapé les deux filles, j'aurais pu passer un bon moment à les faire souffrir". Il sera condamné à perpétuité.

S'inspirant d'une affaire de triple meurtre qui secoua l'Autriche en 1980, l'affaire Kniesek, Gerald Kargl réalise avec Schizophrenia un choc esthétique et formel, porté par le travail du chef opérateur Zbigniew Rybczynski et l'utilisation incessante d'un monologue intérieur. La caméra ne lâche pas le protagoniste pendant 24 heures avec une seule ellipse notable quand il dort. La caméra est la plus mobile possible utilisant un filmage au travers de miroirs pour obtenir des angles inattendus, un câble d'acier tendu sur laquelle glisse une caméra ou un harnachement spécial pour des panoramiques circulaires rapides autour du personnage.

Alors que les films de Michael Hanneke (Funny Games et Henry, portrait d'un serial killer) sont emplis d'un discours moral surplombant (c'est pas beau mais c'est comme ça que nous sommes), celui de Kargl dresse un constat terrible de la frénésie meurtrière d'un psychopathe dépassé par ses pulsions.

Le prologue a été réalisé à la demande du distributeur international pour rallonger la durée du film. Satisfait de son premier montage, Gerald Kargl ne disposait plus d'aucun budget pour ce faire. Des scènes supplémentaires ont néanmoins été tournées, en une seule journée par une équipe très réduite composée d'Erwin Leder, de quelques figurants, de plusieurs assistants caméra, de la maquilleuse et du réalisateur lui-même.

En dehors du crime qui le conduit en prison dont la libération est le début du film est présenté un long rapport de police (5') :

"Il est arrêté par la police qui constate qu'il s'est caché et est retourné sur le lieu du crime à 2 heures du matin où la police l'arrête. L'assassinat n'est plus pour lui qu'un souvenir trouble, sans mobile. Le psychiatre le déclare responsable de ses actes. Le tribunal le condamne à dix ans d'emprisonnement croyant à un vol à main armé prémédité avec crime. Pourtant dès son plus jeune âge, il avait emprunté la voie criminelle. Il nait en 1950, sa mère se sépare de son père, alcoolique. Il est élevé par sa grand-mère. Il vole est envoyé au séminaire pour être prêtre mais est surpris pour acte de sadisme envers les animaux. Sa mère le reprend avec son beau-père qui lui inflige des châtiments corporels. A 14 ans, il fait la connaissance d'Annemarie, 45 ans, avec qui il assouvit ses pulsions masochistes. Il l'attache, la frappe et la fouette. Il caresse l'espoir de s'en prendre à sa mère, aux femmes, aux animaux. Il frappe sa mère de plusieurs coups de couteau dans une dispute. Il fuit à Paris est expulsé et écope de 4 ans d'emprisonnement pour tentative de meurtre. Libéré il s'attaque à un cygne dans un parc. Il lui coupe la tête et boit son sang. Il est ensuite condamné à sept peines de prison en deux ans. Il rencontre Suzie F., une prostituée. Il assassine l'actrice Elizabeth D, écope de dix ans de prison et se comporte en détenu modèle. Le 28 octobre, il est libéré."

Mieux vaut se laisser guider par la voix intérieure du personnage et ce d'autant que l'explication du traumatisme est plus complète. Est évoqué sa souffrance d'être moins aimé que sa soeur par sa mère. Un jour, il bat sa sœur et la peur qu'il lit dans ses yeux lui donne une grande satisfaction. Il alors est envoyé chez sa grand-mère qui l'élève.... Quand l'envie de voir la peur remplace celle du don d'amour.

Jean-Luc Lacuve le 08/07/2012

Test du DVD

Editeur : Carlotta-Films, juillet 2012. Nouveau master restauré, version originale, sous-titres français. 20 €

Alalyse du DVD

 

 

Retour à la page d'accueil

(Angst). Avec : Erwin Leder (le psychopathe), Robert Hunger-Bühler (Voix off), Silvia Rabenreither, Karin Springer (les filles), Edith Rosset , Josefine Lakatha (les mères). 0h07+1h15.

 
dvd