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Le
jour de son anniversaire, Jeanne apprend de sa mère que son père
est un hindou qu'elle avait rencontré en voyage. Un "Intouchable",
lui dira sa mère. Jeanne est actrice. Elle abandonne les répétitions
de Sainte Jeanne des Abattoirs de Brecht mise en scène par son
amant pour partir en Inde.
Pour cela, elle a besoin d'argent. Elle demande à son agent d'accepter un rôle de cinéma qu'elle avait jusqu'ici toujours refusé. Les six jours de tournage sont un calvaire. Jeanne est réduite à un vague objet sexuel dans un film sans conviction.
Elle part en Inde. Dans l'avion elle côtoie un intouchable qui disparaît mystérieusement. Jeanne cherche son père à Bénarès parmi les embaumeurs.
Elle rencontre
son demi-frère et ses demi-surs. Le père revient pour
le mariage de l'aînée. La plus jeune sur prépare
Jeanne à la fête en remplaçant ses vêtements occidentaux
par une tenue appropriée. Jeanne, magnifiquement vêtue, s'approche
du père et s'évanouit. A son réveil, celui-ci lui explique
qu'il n'est pas son père, son oncle seulement. Il lui donne l'adresse
de son frère instituteur.
Jeanne va à sa rencontre, le voit dans sa classe, le suit dans la rue, sourit et s'en revient en France sans le rencontrer. Epanouie, elle exigea le silence de son amant-metteur en scène venu l'accueillir à l'aéroport.
Les
héroïnes de Jacquot se décident souvent sur un coup de
tête avant de ressentir profondément les raisons et les conséquences
de leur choix. Jeanne ici se montre décidée de bout en bout.
Elle est pourtant confrontée à un grand écart entre son
univers allant du Pont-à-Mousson des bistrots au Paris artiste qu'elle
connaît bien et la terre la plus étrangère qu'il soit
peut-être, cette Inde grouillante de mille activités.
Jeanne est contrainte à un détour mental de grande envergure pour retrouver l'identité qui soudain lui fait défaut. Sa quête passe par une longue rêverie auprès de ce qu'elle croit d'abord être sa proche famille : un rêve de richesse, de douceur et de compréhension. La réalité plus simple qu'elle découvre avec son vrai père n'a pas à s'opposer à ce premier rêve.
Emplie des deux expériences, la fausse et la vraie, probablement trouve-t-elle là une plénitude qui suffit à exiger le silence qu'elle demande à son amoureux lors de son retour. Ce silence est le gage d'une plénitude qui l'aidera dans son métier d'actrice, entre la vérité et le rêve.
Cet aller et retour entre la conscience intérieure et la réalité est subtilement mis en scène par les dialogues désynchronisés entre Jeanne et son amoureux. Dans une première séquence à Pont-à-Mousson, on entend off le commentaire de l'action en même temps qu'elle le vit. Elle énoncera plus tard ce discours à son amant. En Inde, on la voit dans un flash forward en taxi lorsqu'elle sort de l'aéroport Charles de Gaulle pendant que l'on entend sa voix off parler de son retour et réclamer le silence à son arrivée.
Jean-Luc Lacuve le 30/11/2006