En Angleterre, sous le règne d'Edouard VII (1901-1910), Helen Schlegel est invitée à Howards End chez les Wilcox où elle tombe amoureuse du fils cadet, Paul. Elle s'en ouvre par lettre à sa sœur et à son frère, Margaret et Tibby, qui reçoivent leur tante, Juley, qui les chaperonne de loin mais avec attention depuis que leurs parents sont morts. Mais l'idylle entre Paul et Helen cesse à peine commencée. Paul, sans fortune prétexte son départ pour le Nigeria, où il espère s'enrichir et Helen ne semble pas trop meurtrie.
Helen redoute toutefois la venue de sa famille après l'envoi de sa lettre. Le télégramme envoyé immédiatement par Paul et Helen arrive en effet trop tard. Tante Juley a immédiatement pris le train pour Hilton. C'est Charles, le fils aîné, qu'elle rencontre à la gare où il vient de conduire Henry Wilcox qui doit travailler à Londres. Tante Juley s'ouvre sans fard de l'amour qu'elle croit établi entre celui qui s'est présenté comme "le jeune Wilcox" et sa nièce. Charles, qui tarde à comprendre la méprise qu'il a lui-même provoqué, se montre particulièrement grossier, insinuant qu'Helen n'a sans doute pas compris que Paul était pauvre. Tante Juley, confuse et toute pleine de nobles valeurs, ne peut en supporter davantage, et voudrait descendre de la voiture qui la conduit à Howards End. Heureusement Helen est là pour la réconforter.
Quelques mois plus tard à Londres. Helen assiste à une conférence sur "le sens de la musique" au "Ethical hall". Un orateur prétentieux croit pouvoir ramener la 5e symphonie de Beethoven à un combat entre les héros et les gnomes. Helen s'empare par mégarde du parapluie de son voisin, un jeune employé, Leonard Bast. Pour récupérer son bien, il la suit sous la pluie jusque chez elle. Ce même jour, Charles Wilcox épouse Dolly. Margaret découvre avec consternation que les Wilcox ont emménagé pour quelques semaines en face de leur appartement, sur Wickham place, pour cet événement. Si bien que, lorsque Leonard sonne à leur porte pour récupérer son parapluie, Tibby, préoccupé, se montre peu engageant. Leonard séduit néanmoins ses deux sœurs par sa franchise et son ingénuité qui lui font promettre de revenir les voir. Leonard Bast, prend ainsi la carte de visite que lui tend Margaret et rentre dans une lointaine banlieue de Londres où il retrouve dans un pauvre appartement près de la voie ferrée, sa femme, Jacky, qu'il a épousé par devoir contre la volonté de ses parents. Jacky se montre jalouse et plus concernée par l'amour charnel que par les qualités intellectuelles de son mari.
Margaret fait une visite de courtoisie aux Wilcox, plus précisément à Ruth, la mère, qui se sent seule et qu'elle avait brièvement rencontrée auparavant, lors de vacances à Speyer en Allemagne. Margaret apprend à Ruth qu'elle devra bientôt déménager car son propriétaire a décidé de vendre pour obtenir une belle plus-value. Ruth de son coté tient à Howards end qu'elle tient de son frère. Elle regrette les quelques aménagements modernes que Henry y a apporté. Les deux femmes deviennent amies grâce à la délicatesse de Margaret. Bonne et intelligente, Margaret admet devant ses amis progressistes, les idées très conservatrices de Ruth sur le seul droit de vote aux hommes, notamment. Margaret aide Ruth, très fatiguée avant une opération chirurgicale nécessaire, à faire ses courses de Noël. De retour chez elle Ruth, très reconnaissante, parle à Margaret d'Howards End, du châtaigner où sont incrustées quatre dents de cochon. Les paysans pensent que s'ils mâchent un morceau d'écorce cela soignera leur mal de dent. . Emue, Ruth veut entraîner immédiatement Margaret à Howard end par le train de cinq heures. Margaret refuse d'abord puis la rejoint à la gare; mais le retour d'Ivie et henry empêche ce voyage.
Ruth, opérée à l'hôpital, meurt peu après et lègue Howards end à celle qui est devenue son amie et qui va bientôt devoir quitter l'appartement londonien où elle est née. La famille de Ruth ne l'entend pas ainsi et Henry, Charles, Dolly et Ivie brûlent le papier des dernières volontés de leur épouse et mère.
Leonard se lève pour admirer les étoiles et s'en va marcher dans la nuit. Jalouse, Jacky va "réclamer" son mari chez les Schlegel. Ceux ci s'en amusent et plus encore quand Mr Bast s'annonce; c'est la carte reçue un an plus tôt qui a motivé la jalousie de Jackie. Il avait marché toute la nuit du samedi en quittant son bureau, guidé par l'étoile polaire. Il avait suivi en cela l'inspiration de The ordeal of Richard Feverel (George Meredith, 1859) où, dans son dernier chapitre, le héros marche toute la nuit jusqu'à l'aube. Mais, ingénu et sincère, Leonard admet qu'il n'a pas trouvé belle l'aube, grise, alors qui ressentait surtout la faim.
Les deux sœurs apprécient ainsi en Leonard un être empli de curiosité intellectuelle et du désir d’améliorer son sort. Avec les femmes progressistes de leur groupe de discussion, elles aimeraient l'aider. A la sortie du club, elles apprennent de Henry Wilcox que la compagnie d’assurances dans laquelle Leonard travaille, The Porphyrion fire insurance company, sera bientôt en faillite. Henry veut bien donner des conseils mais refuse d'employer lui même Leonard.
Margaret et Helen ont invité Leonard pour lui transmettre l'information sur la précarité de son emploi mais l'arrivée impromptue de Henry et Ivie le met en colère n'admettant pas cette double intrusion dans sa vie. Helen l'amadoue toutefois et le convainc de leur louable intention. Henry est choqué de ces démonstrations violentes. Il voit un lui un "type" d'homme et non un être particulier. Il est venu avec Ivy pour lui offrir un flacon de parfum qui aurait été selon eux un cadeau de Ruth. Margaret en est très heureuse.
Gênée d'avoir spolié Margaret, Ivie l'invite au restaurant avec son fiancé, Percy Cahill, et son père. Henry s'y montre plein de morgue envers les serveurs mais se laisse désarmer par le charme de Margaret. Celle-ci s'ouvre franchement de ses difficultés à trouver un nouvel appartement. Henry promet de l'aider dans ses démarches immobilières. Il refuse toutefois fermement d'inciter ses locataires d'Howards End à partir.
Quelque temps après, alors que Margaret, Helen et Tibby sont en vacances sur la côte dans la maison de tante Juley, Margaret reçoit une lettre d'Henry l'enjoignant à venir toutes affaires cessantes à Londres. Il lui propose le mariage, ce que Margaret accepte.
Lorsque henry vient chez tante Juley, Helen apprend que, sur ses conseils pressant, Henry a quitté son poste mais doit se contenter d'un travail beaucoup moins bien payé à la banque Dempster. Les deux sœurs en informent Henry qui leur déclare que la compagnie d'assurance que Leonard a quitté va très bien car elle s'est débarrassée de ses actifs douteux. Margaret est désappointée et calme à grand peine la colère d'Helen qui éclate lorsque henry parle de la bataille pour la vie et conseille de ne pas avoir d'attitude sentimentale envers les pauvres : "Les pauvres sont pauvres, j'en suis désolé mais cela est ainsi".
Henry propose de se servir de Howards end pour entreposer les meubles de Wickham place. Le couple prévoit aussi d’utiliser Howards End comme entrepôt pour les affaires de Margaret et de ses frères et sœurs. Richard se montre inutilement blessant et Dolly oublie exprès les clés lors de la visite en voiture. Restée seule le temps de leur aller-retour sur Londres, Margaret rencontre Miss Avery, la vieille domestique de Ruth, qu'elle séduit immédiatement. Elle retrouve aussi les dents de cochon plantées dans le châtaigner.
Helen rencontre par hasard Leonard dans une banque et apprend qu'il a finalement perdu son poste à cause d'une réduction des effectifs. Elle en est atterrée
Quelques mois plus tard, Margaret seconde efficacement Henry pour organiser le mariage de sa fille, Ivie, dans son domaine d'Oniton Grange dans le Shropshire. Margaret est choquée quand Helen arrive avec les Bast, qu’elle a trouvé vivant dans une pauvreté extrême. Considérant qu'Henry est responsable de leur sort, Helen demande qu'il les aide. Margaret, contre la promesse qu'Helen va quitter la réception pour un hôtel du voisinage, négocie une embauche de Leonard auprès d'Henry. Cependant, Jacky s'enivre à la réception et quand elle voit Henry, elle le reconnaît et le désigne comme un ancien amant qu'elle connut des années auparavant. Henry est embarrassé et honteux de devoir admettre avoir été adultère, profitant de la détresse de Jacky, alors orpheline sans argent à Chypre. Margaret, effrayée par la mauvaise conscience butée de Henry lui pardonne bien volontiers sa faute passée mais doit se résoudre à écrire une lettre où elle signifie à Helen qu'elle ne peut plus rien pour les Bast. Helen reçoit la lettre tard dans la nuit. Au matin, elle fait avec Leonard une promenade en barque où ils succombent à leur attirance mutuelle et font l'amour dans les près au bord de l'eau.
Helen, contrariée par la décision de Margaret d'épouser un homme qu'elle déteste, part pour l'Allemagne. Elle veut laisser une pension de5000 livres (près d'un an de ses rentes) à Leonard mais celui-ci refuse. Il ne trouve néanmoins toujours pas de travail
Margaret et Henry se marient dans l'intimité. Après des mois de silence avec Helen, uniquement entrecoupés d'envois de cartes postales, Margaret s'inquiète. Quand tante Juley tombe malade, elle demande à Helen de retourner en Angleterre pour lui rendre visite. Toutefois quand Helen apprend que sa tante est guérie, elle évite de voir Margaret ou Rudy.
Craignant qu'Helen soit devenue mentalement instable, Margaret s'en ouvre à Henry qui lui conseille de l'attirer à Howards End pour récupérer ses affaires, puis d'y faire venir un médecin. Lorsqu'elle, Henry et un médecin se présentent, elle réalise qu'Helen est enceinte et sur le point d'accoucher. Helen insiste pour rentrer seule en Allemagne dans le but d'élever son bébé, mais, touchée par l'adéquation de leurs affaires avec la maison, demande qu'elle soit autorisée à passer la nuit à Howards End avant son départ. Margaret en fait la demande à Henry, mais il refuse obstinément se réfugiant dans des valeurs d'ordre moral que Margaret a beau jeu de lui rappeler qu'il a lui-même bafoué. Henry, qui voudrait faire payer le séducteur d'Helen, ordonne à Charles, qui sera le futur propriétaire de la maison, de veiller à ce qu'Helen ait quitté les lieux le lendemain
Charles est venu à Oxford interroger Tibby sur le séducteur d'Helen qui lui avoue qu'il s'agit sans doute de Leonard Blast.
Ce même jour, Leonard, vivant toujours dans la pauvreté avec Jacky à Londres vient chez les Schlegel où il apprend qu'ils sont à Howards End. Le soir, Henry ordonne à Charles de chasser Helen le lendemain matin. Les affaires supérieures du droit de propriété
La nuit Leonard cauchemarde et décide d'aller à Howards End demander des nouvelles d'Helen. A peine Margaret prononce le nom de Leonard Blast que Charles, venu en voiture pour précipiter le départ d'Helen, gifle "le séducteur"
Charles se rend vite compte que Leonard est le père du bébé et commence à l'assaillir pour avoir "déshonoré" Helen. Dans sa colère, Charles frappe Leonard avec le plat d'une épée. Leonard s'agrippe à une étagère pour parer les coups. La bibliothèque s'effondre sur lui, ce qui, vu son état de santé, provoque sa mort immédiate. Le médecin diagnostique une crise cardiaque comme cause probable de la mort mais Charles lui-même déclare avoir préalablement frappé Leonard de plusieurs coups du plat de l'épée.
Margaret dit à Henry qu'elle le quitte pour aider Helen à élever son bébé. Ils partiront en Allemagne une fois l'enquête terminée Henry, hébété, lui dit que l'enquête de police inculpera Charles d'homicide involontaire, ce qui lui vaudra une peine de prison.
Un an plus tard, L'été suivant. Paul, Ivie et la femme de Charles, Dolly, se réunissent à Howards End. Henry et Margaret sont toujours ensemble et vivent avec Helen et son jeune fils. Henry dit à ses enfants qu’à sa mort, Margaret recevra Howards End, mais pas d’argent, à sa propre demande. Dolly signale l'ironie de l'héritage de la maison qui reviendra finalement à Margaret selon le dernier souhait de Mme Wilcox. Margaret entend pour la première fois cette révélation qu'Henry lui avoue aussi comme de si rien n'était. Margaret, qui veille maintenant sur lui car il est très diminué, lui pardonne comme elle a pardonné tout le reste.
Troisième adaptation d'un roman de E. M. Forster pour James Ivory après Chambre avec vue en 1985 et Maurice en 1987.
Howards End développe le thème du caractère infranchissable des différences sociales. Les principaux personnages tentent de se comprendre et communiquer les uns avec les autres par-delà les barrières sociales mais sont "only connect...", selon les mots de la fameuse épigraphe du roman.
Seul l'anéantissement de Henry Wilcox, suite à la condamnation de son fils, l'amène à renoncer à son rang et à vivre, diminué intellectuellement et physiquement, dans ce petit paradis hors du temps qu'est Howards End.
Jean-Luc Lacuve le 23/12/2015.