Mai 1980, fuyant une manifestation réprimée par l'armée, Hyun-woo, jeune militant socialiste, trouve refuge dans la montagne auprès de Yoon-hee. Après avoir vécu une histoire d'amour passionnée, Hyun-woo fait le choix de retourner à ses activités politiques. Incarcéré dès son retour en ville, il sortira de prison 17 ans plus tard. Il redécouvre alors son pays et se souvient de son passé avec Yoon-hee.
Le plus habile du film est ce qu'il ne dit pas. Hyun-woo, Yoon-hee et les militants socialistes sont une génération perdue. Leur révolte n'est plus de mise aujourd'hui, la jeune femme qu'est devenue leur enfant porte jupe courte et téléphone portable et se meut à l'aise dans l'univers capitaliste du Séoul d'aujourd'hui. Hyun-woo le sait et ne se permet pas même une remarque lorsqu'il apprend que sa mère s'est livrée à la spéculation immobilière et est devenue riche pendant qu'il était en prison. Emouvant aussi le retour de Yoon-hee sur le lieu où s'est immolée par le feu son amie militante et où elle évoque sa solitude des derniers instants.
Pour le reste, la construction épouvantablement lourde du film en flash-backs étouffe toute émotion. Le vieillissement de l'acteur, entre cheveux bruns et cheveux blanc, est terriblement artificiel. Les scènes d'amour du jardin où Hyun-woo et Yoon-hee sont exilés ne permettent jamais que se déploie le moindre sentiment tant la menace constate du départ de Hyun-woo est-il leur seul sujet de conversation. Son arrestation devient alors une attente obligée du scénario qui n'omet pas de souligner ses effets par une musique lourdingue et des paysages gentiment symboliques.
En tricotant son histoire avec une maille pour le passé et une maille pour le présent, une maille pour l'image et une pour la musique, Im Sang-soo oublie de prendre le moindre risque dans ne serait-ce qu'une séquence ; toutes trop convenues.
J.- L. L. le 22/04/2007.