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Moulin Rouge

1952

Voir : Photogrammes
Genre : Biopic

Avec : José Ferrer (Henri de Toulouse-Lautrec), Colette Marchand (Marie Charlet), Zsa Zsa Gabor (Jane Avril), Suzanne Flon (Myriamme Hayam), Claude Nollier (la Comtesse), Katherine Kath (La Goulue), Lee Montague (Maurice Joyant), Peter Cushing (Marcel de Lavoisier), Christopher Lee (Georges Seurat). 1h59.

Paris 1890. Toulouse Lautrec est au Moulin-Rouge où il est l'ami des vedettes de l'établissement, Jane Avril, La Goulue, Aïcha l'Algérienne, Valentin le Désossé. Le patron lui promet qu'il pourra boire gratuitement pendant deux mois s'il lui peint une affiche pour son établissement.

En rentrant de cette soirée, Toulouse Lautrec se souvient. A la suite d'une chute dans un escalier du château familial d'Albi, Henri resta infirme toute sa vie : avec un corps d'adulte sur des jambes d'enfant. Aucune femme ne veut de lui. Jeanne d'Armagnac, sa cousine dont il est amoureux, le repousse. Henri trompe sa solitude en peignant puis décide de monter à Paris.

Ce soir, Toulouse-Lautrec rencontre Marie Charlet, une prostituée qui lui demande sa protection. Il la cache chez lui et finit par l'aimer passionnément. Mais Marie se moque de son infirmité et le quitte. Au bord du suicide, Toulouse-Lautrec s'enfonce toujours plus dans l'alcoolisme mais peint toujours se moquant du succès grandissant qui entoure son œuvre.

1900. Un soir, rentrant en calèche par le pont Alexandre III, Toulouse rencontre une femme sur le pont dont il pense qu'elle va se suicider. Elle lui dit qu'il n'en est rien. Maurice Joyant organise une exposition qui est un succès notamment grâce aux achats du roi de Serbie. Quelques jours plus tard, Jane Avril lui présente la femme rencontrée sur le pont. C'est Myriamme qui est mannequin. La jeune femme avoue une grande admiration pour ses toiles. Henri et Myriamme se revoient fréquemment. Mais le peintre ne croit plus à l'amour et c'est lui qui abandonne Myriamme au moment où elle lui demande pourtant si elle est doit épouser le beau Marcel de Lavoisier qu'elle n'aime pas.

1901. Toulouse devient un pilier de bar. Tous les soirs, la police le ramasse ivre-mort dans les rues de la capitale. Sa famille le ramène au château familial où il finira par mourir de délirium tremens et après avoir appris que ses toiles viennent d'être admises au Louvre qui a accepté la collection d'Isaac de Camondo.

analyse La biographie de Toulouse-Lautrec ne se départit pas du cliché de la vie malheureuse d'artiste. Toute l'intense vie sociale de Lautrec, ses voyages à l'étranger ont disparu. De même, sa liaison avec Marie Charlet, jeune modèle de 17 ans qu'il connut en 1883, est déplacée en 1890 avec une prostituée incapable de constance amoureuse. Le personnage de Myriamme Hayam est inventé. Lautrec admirait Van Gogh, rencontré en 1886, comme il est dit et se considérait bien comme "le peintre de la rue et des trottoirs".

La performance d'acteur de José Ferrer, qui interprète Lautrec en marchant sur les genoux, donne néanmoins une grande authenticité au personnage. L'intense lucidité succède à l'infinie tristesse : "La seule chose qui vous dit que la Joconde est de Leonard est la petit plaque qui porte son nom. Voilà ce que tu vénères, idiot". Ou, à son père : "C'est un travail. Je connais mieux cette question que vous père. Vous n'avez jamais travaillé.... Vous ne m'avez jamais aidé dans le passé, je n'attends rien de vous pour l'avenir". "Il est faux de dire que le grand art est simple. Pourquoi le serait-il ? La vie n'est pas simple. Rien chez l'homme ne l'est".

Le tableau du portrait de Marie Charlet que l'on voit en 1890 puis, plein cadre en 1900, est confectionné pour les besoins du film. Son emploi est clairement mélodramatique : "Ces yeux tristes me disaient qu'il y avait des choses pire que le froid et la faim ou même la solitude" dit ainsi de lui Myriamme Hayam.

En revanche, les œuvres de Lautrec sont bien montrées. L'affiche de La Goulue pour le Moulin rouge fait l'objet d'un tableau préalable au travail de lithographie chez le père Cotelle en 1891. La dimension publicitaire des affiches de Lautrec est bien évaluée. Elles font d'abord scandale mais il dira finalement : "Avec mes affiches, j'ai détruit La goulue : Le Moulin rouge est devenu respectable. Il n'y a plus de place pour elle".

Par deux fois, une succession d'œuvres sont montrées. A la fin de la première partie, l'utilisation d'un montage alterné rapide sur des parties de tableaux, qui semblent ainsi dialoguer, les anime pour leur donner un équivalent de la vie trépidante qu'ils représentent. Au début de la seconde, alors que Toulouse se rend chez des prostituées après l'exposition de son marchand Maurice Joyant, ce sont des fondus-enchainés qui servent de liaison aux tableaux représentant des femmes de modestes conditions dont l'humanité est ainsi doucement exaltée.

Mais ce sont surtout les décors, les costumes, le maquillage, les décors et le Technicolor qui sont remarquablement utilisés. Lorsque Lautrec dévoile son tableau qui servira d'affiche au Moulin Rouge, il est vertement critiqué par tous ceux qui lui ont servi de modèle, notamment par Valentin qui se plaint que son menton est très exagéré : "On permet à un artiste certaines libertés" explique Lautrec. C'est justement cette liberté dans l'expression des couleurs et le maquillage des acteurs et notamment du menton de Valentin qui rend le mieux compte de l'expressivité de la peinture de Lautrec.

Jean-Luc Lacuve le 13/01/2013

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