Première nuit : Taipei, hiver 2049 – 17h-Minuit. Dans un monde futuriste en proie à la discrimination, la microtechnologie progresse tandis que la société, elle, ne cesse de vieillir et de reculer de manière irréversible. Les relations humaines en pâtissent, et deviennent aussi froides qu’un hiver glacial. Zhang Dong Ling, un garde de sécurité d’une soixante d’années animé par une rage qu’il a contenue depuis des années, décide de prendre sa revanche face à un officier haut-gradé qui a bousillé sa vie lors d’une nuit bien particulière, 30 ans plus tôt…
Deuxième nuit : Taipei – Été 2016 – 22h-5h Zhang Dong Ling, un jeune flic plein d’innocence, surprend accidentellement sa femme en train de faire l’amour avec son supérieur. Après s’être initialement confronté à cet homme, Zhang Dong Ling fait finalement le choix de réprimer sa colère pour l’intérêt de la famille et surtout celui de leur enfant. Déambulant dans les rues une nuit, il rencontre par hasard une jeune femme étrangère, Ara, qu’il avait arrêtée plus tôt. Ara, comme lui, ne veut pas non plus retourner chez elle. Ces deux âmes en peine passent la nuit ensemble, mêlée de désirs inavoués et pourtant réciproques, qui marqueront la vie de Zhang à tout jamais…
Troisième nuit : Taipei – Printemps 2000 – 23h-6h Big Sister Wang est prise au piège par la police dans un marché de nuit. Emmenée au commissariat, elle est menottée à côté d’un homme de 18 ans, lui aussi avec des menottes aux poignets, qui s’avère être Zhang Dong Ling. Au fur et à mesure de leurs discussions, ils vont tous deux se rendre compte que leurs passés sont liés, bien plus qu’ils ne peuvent l’imaginer…
Un peu comme Irréversible (Gaspar Noé, 2002) ou Three Times (Hou Hsiao-Hsien, 2005), Face à la nuit bouleverse l'ordre temporel de ses différentes séquences. Il prend comme point de départ le futur pour se finir par le passé. Le travail sur la lumière et la musique rappelle parfois Wong Kar-Wai mais la succession des épisodes dans l'ordre temporel inverse permet de comprendre la personalité de Zhang Dong Ling dont la violence parait d'abord indéfendable avant de comprendre la révélation sur sa femme dans la deuxieme partie où c'est sa rigidité qui parait artificielle mais qui s'explique par le traumatisme de la perte de la mère qu'il n'aura reconnue que le temps d'un dernier regard d’une voiture à une autre sous la pluie.
Belles rimes visuelles sur les tâches de naissance, les parcours en bus ou le vol de la moto.