Au bord de la route nationale, une croix avec des fleurs. Lucas s'exprime face caméra: il ne se reconnaît plus. Il faut que ça cesse. Il étudie au lycée de Chambéry où il est élève interne car la commune de La chambre où il habite est à une heure de route. Il a un petit copain, Oscar, qui l'aime sans retour. Une quinzaine de jours avant le drame, son père l'a conduit au lycée et est sorti de la route à cause d'un conducteur imprudent. Lucas, maintenant qu'il sait son père mort, aurait aimé mourir avec lui ce jour là. C'est dans la nuit qu'on vient lui annoncer que son père a eu un grave accident. Le trajet en voiture avec son frère et sa cousine suffit pour qu'il comprenne que son père est mort. Il tente de sourire à la famille mais la crise de larmes et de cris survient quand il va se reposer. Sa mère aussi est effondrée. Et la famille envahissante ne peut pas grand-chose pour les réconforter. Lucas en veut à son grand frère, Quentin, d’avoir sa vie à Paris et de les abandonner au malheur se contentant de leur accorder quelques visites par an. Les deux frères en viennent aux mains avant la réconciliation et l'invitation de Quentin à Lucas pour une semaine à Paris. Lucas va coucher chez Oscar. Au matin, il retrouve Quentin sur la tombe de leur père.
Quentin et Lucas arrivent à Paris. Ils retrouvent Lilio, le colocataire de Quentin qui s'occupe de Lucas pour la soirée pendant que Quentin est parti voir sa copine. Il joue de la guitare et le réconforte quand il comprend que les paroles peuvent évoquer la perte de son père. Le lendemain, Quentin chasse sans ménagement Lucas de chez lui car il attend une curatrice qui lui proposera peut-être d'exposer ses œuvres. Quentin passe la journée seul avant de rejoindre son frère pour 18 heures. Il n'est pas là mais lui donne rendez-vous au bar, L'arc en ciel. Quentin, qui a amené des fleurs pour fêter le succès de son frère dit-il, retrouve Lilio et Sonia, leur ancienne prof des beaux-arts. Sonia explique à Lilio qu'étudiant, il avait mal compris les codes de l'humour juif et s'était ainsi trouvé exclu du cercle de relations qui auraient pu favoriser sa carrière. Elle lui propose de s'orienter vers les masques africains. Lilio se tait mais n'en pense pas moins, riant ensuite de cette assignation. Le soir, Lilio montre ses dessins très érotiques à Lucas. Celui-ci explique face caméra pourquoi cette journée fut fantastique. Il contacte par une application un jeune parisien qui fut un amant passionné et il rentra prier dans une église et eut une explication de la signification de la résurrection (retrouver l'espoir après une perte douloureuse).
La seconde journée, Lilio le fait courir dès le matin dans les rues de Paris et l'invite le soir dans le restaurant de sa mère après la fermeture. Sur le chemin du retour, Lucas embrasse Lilio mais celui-ci le repousse. Il a 29 ans et, pour lui, Lucas sera toujours le petit frère de Quentin. Le troisième jour, Quentin laisse son frère après une visite du Louvre et lui indique la direction du musée de l'orangerie. Mais Lucas sait Lilio à la maison et va le rejoindre. Il découvre qu'il se prostitue et attend un client. Lucas attend le client et lui donne son numéro.
Ainsi le lendemain c’est lui qui attend le client et exige qu'il dise à Lilio tout ce qu'il va lui faire. Quentin rentre à l'improviste et, choqué, renvoie Lucas chez leur mère.
Lucas rentre chez lui sans repère et honteux, sali par le lamentable échec de ses amours. Isabelle, ne peut calmer sa souffrance et il se tranche les veines dans la voiture. Il est interné à l'hôpital. Lilio vient le revoir et l'assure que même s'il ne l'aime pas comme il le voudrait, il pense à lui tous les jours. Lucas retrouve goût à la vie et, par l'intermédiaire de sa mère, lui envoie une chanson à la guitare.
Lucas vivait dans un cocon, entre une mère enseignante et un père prothésiste dentaire. A la mort de celui-ci, il se fait promesse de ne vivre que pour lui-même. L'expérimentation de ce désir de vivre pleinement à Paris se fracasse sur un amour non partagé. Suit le retour à Chambéry et l'enfermement dans le silence, la tentative de suicide et la résilience lorsque la parole de Lilio lui fait revoir le monde sous un jour plus attrayant.
Le film possède ainsi une dramaturgie simple, en trois parties, le deuil du père ; la vie à Paris et le retour à Chambéry. Mais le récit est soumis à d'incessants aller et retour avec de multiples flash-back conduits par une voix-off qui retarde les moments décisifs. Comme pour mettre en accord le récit adolescent : "Je m'appelle Lucas. Je suis lycéen et ma vie est devenue une bête sauvage que je ne peux plus approcher sans qu’elle me morde", la caméra décadre sans cesse, accepte les faux-raccords et saisit les visages en gros-plan. Ce récit d'une éducation sentimentale remise à plus tard est placé sous le signe des couleurs rose et blanche. Roses et blanches sont les fleurs sur la croix blanche qui marque le lieu du décès du père. Rose est la couleur du pull de Lilio, des fleurs qu'apporte Lucas pour Quentin le prétend-il mais dont on peut aussi penser qu'elles sont destinées à la maison où réside Lilio. Rose est la couleur de la rencontre avec l'amant parisien. Rose enfin est la couleur des joues qui s'animent les jours d'hiver et de neige.
La musique accompagne et intensifie ce parcours. Le morceau sur lequel les parents dansait Electricity (Orchestral Manoeuvres In The Dark), la chanson jouée à la guitare par Lilio le premier soir : Conchiglie (Andrea Laszlo de Simone) le karaoké de Lukas Donna Donna Mia (Toto Cutugno) et même Sylvie Vartan : Irrésistiblement ; ou Robert Palmer : Johnny and Mary pour un générique final plein d'énergie.
Jean-Luc Lacuve, le 10 décembre 2022.