"Manny" Balestrero est contrebassiste dans une boîte de nuit à la mode, le Stork Club. En allant emprunter de l'argent sur sa police d'assurance, il est reconnu par les employés du bureau comme étant l'auteur d'un hold-up qui eut lieu quelques semaines plus tôt au même endroit. Dès lors, la machine judiciaire se mêt à broyer Manny : on le questionne, on le confronte à des témoins, on l'emprisonne... Rose, sa femme, parvient à réunir la caution pour le libérer.
Rose et Manny vont trouver l'avocat O'Connor qui accepte de défendre le musicien. Mais, à la recherche d'alibis possibles, Manny va d'échecs en échecs. Devant l'avalanche de ces coups du sort, Rose perd la raison et doit être internée dans un hôpital psychiatrique. Resté seul, Manny comparait devant la Cour de Justice mais le procès, grâce à l'habileté de maître O'Connor, est annulé pour vice de forme. C'est durant ce nouveau délai que la chance sourit enfin à Manny : le véritable auteur des hold-up se manifeste à nouveau et, pris sur le fait, l'innocente. Mais à l'hôpital, Rose semble indifférente à la bonne nouvelle : il lui faudra encore de longs mois avant qu'elle ne recouvre la raison.
Hitchcock traite ici si sérieusement du thème du faux coupable, omniprésent dans ses films, qu'il ne fait pas même son habituelle apparition pour ne pas distraire le spectateur. Il commence ainsi son film par un plan très dramatique de lui-même entrant dans un studio et présentant le film.
Un homme ordinaire piégé par une situation qui le dépasse, il n'a rien fait, ça lui est simplement arrivé. Hitchcock essaie d'introduire un peu du réalisme européen. Rossellini a alors beaucoup de succès. Grande attention aussi à la femme. Sa culpabilité d'avoir cru son mari coupable la rend folle, elle paie très cher le doute et la fin de leur amour.
Autre aspect moderne du film : Hitchcock tient à des décors réels comme ceux qu'utilisait Elia Kazan. Beau portrait de New York en 1956, on voit beaucoup la ville, l'intérieur du Stork club. L'extérieur du cabinet d'avocat est réel mais l'intérieur avec le métro est filmé en studio.
Cependant toujours beaucoup d'invention : le cercle subjectif, lorsque Manny est en prison, est réalisé avec une caméra attaché sur une plate forme fixée à un pivot. Le plan filmé par la fenêtre étroite de la prison utilise un grand angle avec une toute petite cellule, réduite pour éviter les déformations de perspective
Film également empreint de catholicisme. Manny garde son rosaire en
prison ; il le tient lors du proces. Sa mère lui demande prier ; il
regardealors l'image de Jésus et on voit le vrai criminel dans la rue qui
se dirige vers ce qui le fera pendre.
Troisième musique de Herrmann pour Hitchcock, musique retenue sans longs thèmes, insistante irritante avec ses trompettes en sourdine aussi mordante que la peur et l'incertitude de Manny, plus lyrique avec la famille