Pier Ulmann vivote à Paris, entre chantiers et larcins qu’il commet pour le compte de Rachid, sa seule "famille". Son histoire le rattrape le jour où son père est retrouvé mort dans la rue, après une longue déchéance. Bête noire d’une riche famille de diamantaires basée à Anvers, il ne lui laisse rien, à part l'histoire de son bannissement par les Ulmann et une soif amère de vengeance. Sur l’invitation de son cousin Gabi, Pier se rend à Anvers pour rénover les bureaux de la prestigieuse firme Ulmann. La consigne de Rachid est simple : « Tu vas là-bas pour voir, et pour prendre. » Mais un diamant a beaucoup de facettes…
La séquence initiale, la main coupée par la meule de diamants, même si elle se révélera être mensongère, est d'une violence et splendeur extrêmes qui permettent l'adhésion au besoin de vengeance du personnage. La séquence du pigeon mis à mort, l'œil fatigué de Pier, la légende sur l'origine du nom d'Anvers (la main jetée) concourent à développer des harmoniques légendaires sur la petite mélodie bien classique de la vengeance.
La piste d'une sensibilité de classe partagée avec Luisa, notamment avec le dessin offert du quartier de Rimini à Rome, l'offre de plusieurs pères alternatifs (Joseph, Rick ou même le sage Gopal) pour calmer cette vengeance sont également des atouts du film auquel s'ajoute la base documentaire de la taille et du commerce des diamants. Le final choisi, la fuite, de toutes ces solutions possibles, est courageux mais se révèle un peu décevant : on voit mal Rick soulagé (c'est quand même probablement le sens de la fuite d'Anvers en train) après les malheurs qu'il a généré. La fable à tirer du film reste ainsi un peu faible : tout ça pour ça !
Jean-Luc Lacuve le 24/06/2016