Roy McBride livre à l'ordinateur l'évaluation psychologique demandée. Il est un astronaute conscient de sa valeur ayant sacrifié à son métier même l'amour de sa femme, Eve, qui l'a quitté. Il n'a aucun état d'âme, fils d'un héros de la conquête spatiale, il veut poursuivre sur cette voie. L'évaluation étant validée, il lui est permis de sortir dans l'espace. Roy McBride travaille sur l’Antenne spatiale internationale, colossal échafaudage s'élevant à des centaines de kilomètres au dessus de la terre. C'est alors que l'antenne est victime d'une catastrophe provoquant des explosions en chaine. Mc Bride descend en chute libre vers la terre. Maitrisant son pouls qui ne bat jamais au-delà de 80 pulsations par minutes, il ralentit sa chute en offrant un maximum de résistante à l'air et parvient ainsi à ouvrir son parachute sans que les débris de la station ne le lacèrent complètement
L'antenne spatiale internationale est l'oeuvre de SpaceCom, la nouvelle branche de l’armée américaine. Les plus hautes instances félicitent le major Roy McBride pour avoir survécu et lui annoncent qu'il va devoir accomplir une mission ultrasecrète : la catastrophe a été provoquée par de gigantesques surtensions électriques en provenance des confins du système solaire, de Neptune probablement. Or il y a seize ans, le père de Roy McBride est parti chercher des preuves de vie intelligente, justement vers Neptune. Si on lui avait jusque là fait croire, ainsi qua toute la planète, que son père était mort en héros lors de cette mission, c'était un mensonge car on avait seulement perdu sa trace. Son père est sans doute à l'origine des surtensions ou il essaie de les combattre. Roy devra partir pour Mars, dernière planète colonisée par l'homme afin d'entrer en communication avec Neptune et savoir si son père est toumos vivant et s'il est possible de l'aider à stopper les surtensions qui ne cessent de provoquer catastrophes et victimes ; 400 000 déjà
Pour atteindre Mars, il faut embarquer vers la lune; Afin de ne pas attirer l'attention, McBride doit prendre un vol commercial. Il atterrit ainsi sur une colonie lunaire transformée en gigantesque galerie marchand. Mais ce commerce loin des idéaux des pionniers n'est que la partie protégée de la lune. Partout ailleurs, il se livre des combats entre puissance. Des pirates pourraient menacer sa mission. Pour le protéger on lui a adjoint le colonel Tom Pruitt, autrefois un ami de son père mais qui refusa de sacrifier des années à un idéal. En rejoignant la face cachée de la lune où est stationnée la fusée pour mars, le convoi de McBride et Puitt est attaqué par des pirates et seuls ceux-ci survivent grâce au sang-froid de McBride. Blessé Puitt confie à McBride que SpaceComn n'a qu'un seul but : tuer son père, probable responsable des surtensions. Cela ne semble pas gêner McBride qui embarque pour Mars....
Il faut tout le déploiement technique et financier d'un film de science-fiction sur la conquête spatiale à James Gray pour proposer une alternative à la terrible loi des pères qui pesait jusqu'alors sur ses personnages. Les scènes d'actions deviennent ainsi de plus en plus désuètes, belles et symboliques au fur et à mesure que le message d'espoir dans notre monde, dans sa capacité à changer, emplit le cœur et l'esprit du fils.
Un film d'action
Dans sa première partie, le film enchaîne plusieurs scènes d'action teintées d'un léger irréalisme au profit d'une recherche esthétique. Ainsi la superbe vue de la terre du haut de l'antenne spatiale puis la chute vertigineuse de McBride ; ainsi la course poursuite sur la lune avec McBride levant son bras en silence pour dérouler derrière lui un panache de poussière cosmique. Sont aussi mises en avant les préoccupations contemporaines avec l'inacceptable de la souffrance animale que l'on fait subir dans l'espace aux singes de laboratoire... qui se révoltent alors sauvagement.
Après l'arrivée en catastrophe sur Mars, les scènes d'action deviennent de plus en plus invraisemblables au fur et mesurent qu'elles se chargent de poids symboliques. Chez James Gray en effet, les fautes des pères retombaient jusqu'ici toujours sur les fils. The lost city of Z (2016) poussait à son extrême la loi maudite des pères qui finissent toujours par avoir raison en plombant le désir d'autonomie de leurs fils.
Ainsi, lorsqu'il aborde Mars, McBride est encore persuadé qu'il doit de poursuivre l'idéal d'héroïsme, de sacrifice par le travail avec le rejet de toute attache familiale, quitte à, lui-même, accepter de tuer son père pour le bien de l'humanité. Néanmoins, le doute l'assaille lorsqu'il est écarté de la mission vers Neptune et apprend par Helen Lantos, qui dirige la base, que son père a tué une centaine de personnes qui se mutinaient contre une mission trop longue. Clifford McBride s'était mis en dehors de l'humanité ordinaire en acceptant de tuer des innocents aussi bien que des mutinés afin de poursuivre la mission qu'il commandait.
Renaissance
Les scènes d'actions qui suivent vont se dénuer de toute forme de spectaculaire pour privilégier le dénuement humain face à la machinerie. Le second parcours est ainsi amorcé par un bain dans le lac souterrain, sorte de liquide amniotique. C'est ensuite une ascension complètement improbable dans une fusée qui a déjà ses moteurs allumés. Face à son père, qui a nié la dimension humaine par rapport à la recherche d'un idéal abstrait, qui a maté une seconde rébellion mais n'a pu empêcher la fabrication d'une source d'énergie incontrôlée à partir de l'antimatière, Roy McBride plaide le renoncement et la possibilité d'un second départ. Mais le père est depuis trop longtemps victime du "phénomène de la dépense gâchée"; ayant tant investi dans la recherche d'une intelligence extraterrestre, il ne peut concevoir de revenir sur terre.
L'adieu au père, loin d'une bouillie psychologique lourdingue, d'un affrontement apocalyptique, prend la forme d'un cordon ombilicale que l'on coupe. Le retour sur la fusée advient grâce à un simple morceau de tôle en forme de bouclier qui protége des astéroïdes. Et c'est la force de l'explosion atomique, sous la forme d'une simple boule de feu, qui permet le retour vers la terre.
Aller jusqu'aux confins de l'espace pour être enfin libéré de la loi du père, c'est ce qu'affirmait la locution latine initiale "Per aspera ad astra" (Par des sentiers ardus jusqu'aux étoiles). Mais c'est pour mieux en revenir, changé. À l'éloignement du père qui meurt au fond de l'espace répondent les mains tendues vers McBride quand on ouvre la capsule qui l'a ramené sur terre. Il est sans doute dommageable qu'on ait imposé à James Gray un épilogue encore plus explicite sur la joie d'aimer ceux qui nous sont proche. Il avait déjà dit à son père en guise de morale pragmatique l'inutilité d'espérer autre chose que "We’re all we’ve got» (Nous sommes tout ce que nous avons).
Jean-Luc Lacuve, le 1er octobre 2019