Jean Lavigne s'est évadé, a tué, est poursuivi par la police. Au cours de sa fuite, il rencontre une femme le long d'un canal, l'aide à porter une lourde couveuse à pétrole. Elle est veuve et d'un certain âge. Elle l'héberge. Entrée à quatorze ans comme servante chez Couderc, mariée à dix-sept au fils de la famille et veuve de bonne heure, elle a pris la direction de la maison. Elle y vit seule avec son beau-père, Henri Couderc, dont elle soulage à l'occasion les besoins érotiques, et qui lui assure en retour la mainmise sur la ferme. Ses belle-sœur, hostiles, qui vivent de l'autre côté de l'écluse cherchent en effet vainement de la lui reprendre.
Jean trouve presque un foyer, se passionne pour la couveuse à pétrole qu'il répare espérant faire naitre une dizaine de poussins et participe activement aux travaux de la ferme. Il devient l'amant de la veuve. Mais il séduit aussi Félicie, la fille de l'une des belle-sœur de Tati. Ses échappées auprès de la jolie voisine provoquent la jalousie de la veuve et la colère de la belle-famille. Lecteurs assidus de l'action française, les gendres accusent faussement Jean de viol sur Félicie et contraignent celle-ci à voler sa carte d'identité. Elle se révèle falsifié et sa photo transmise à Paris permet de découvrir son identité.
Dans la nuit alors que La veuve et Jean dorment ensemble, la nasse se referme autour de la ferme. Lorsque le soleil se lève et que l'assaut peut être donné, Félicie parvient à prévenir Jean. C'est trop tard, il s'enfuit mais les dizaines de gardes mobiles, déjà réunis pour mettre fin à une occupation d'usine, le contraignent à retourner à la ferme trouver un ultime refuge. La veuve l'accueille et reste avec lui. Les coups de feu atteignent la lampe à pétrole de la couveuse qui provoque un incendie. Jean fuit est a mitraillé par les gendarmes mobiles ; la veuve atteinte dune balle perdue meure également.
Dans cette adaptation libre du roman éponyme de Georges Simenon, Pierre Granier-Deferre orchestre la rencontre de deux monstres sacrés du cinéma français, Simone Signoret et Alain Delon. L'actrice compose avec force et intensité cette veuve paria face au jeune Alain Delon, relativement sobre en voyou un brin rêveur.
Au face à face et l'étude psychologique de la jalousie de Simenon qui voit Jean tuer la veuve à coups de marteau, Pierre Granier-Deferre substitue un arrière plan social et politique. La relation de Jean et de la veuve intrigue et dérange dans une France rurale des années 1930 pleine de préjugés et de ressentiments. La montée du fascisme avec l'influence des Croix de feu, la propagande de l'Action française, l'antisémitisme, la crainte des révoltes ouvrières aboutissent au massacre final orchestré par la police.
Jean-Luc Lacuve, le 6 avril 2020