Un enfant, assis au-dessus de son lit la nuit, voit son père entrer dans sa chambre et rejoindre sa mère. Il lui tend un verre d’eau puis lui allume une cigarette ; les deux fument bientôt ensemble avant de rejoindre leur chambre.
Le couple descend péniblement un escalier alors, qu'en dessous des marches, attend l’enfant, nu, accroupi.
L’enfant marche dans un tunnel de tôle éclairé d'une lampe. Au bout du tunnel sa mère est attachée à un poteau. Il la délivre et lui embrasse les mains.
Le couple et l’enfant fuient, comme poursuivis par une guerre dont on ne voit aucun autre signe que leurs visages et leurs gestes hagards, désaccordés. Ils s'éloignent de leur maison par la route puis courent à travers les champs, routes et forêts. Mais l'enfant se détache de la terreur qui les étreint.
« Le Révélateur est un film délibérément onirique qui tourne autour de ce que la psychanalyse appelle la scène primitive : comment naît un film, comment se fabrique un enfant, la première fois qu’un enfant voit ses parents faire l’amour. C’est "un muet" d’une heure, en noir et blanc, réalisé avec des moyens dérisoires, qui montre un petit garçon aux prises avec ses parents (Bernadette Lafont et Laurent Terzieff). Tous trois se déplacent dans un espace balisé par les représentations du rêve (un escalier, une route, une forêt…) et comme j’avais dû me contenter pour les éclairages d’une lampe de poche, les noirs et blancs très contrastés qui partagent violemment l’écran contribuent à produire une impression d’irréalité. » Philippe Garrel (Une caméra à la place du cœur, entretiens avec Thomas Lescure, Editions Admiranda/Institut de l’image, 1992)