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Chien de la casse

2023

Avec : Anthony Bajon (François dit Dog), Raphaël Quenard (Antoine Miralès), Galatea Bellugi (Elsa), Dominique Reymond (Christiane Miralès), Bernard Blancan (Bernard), Nathan Le Graciet (Paco), Mélanie Martinez (Charlotte). 1h33.

Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du centre de l'Hérault, Le Pouget, et se retrouvent souvent les soirs d'été sur la place haute du village pour discuter, Mirales ayant pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Dans la nuit, Dog accompagne Mirales à Port Camargue chez son fournisseur de haschich, qu'il revendra ensuite au détail. A la sortie de l'immeuble, Dog a une courte altercation avec une fille qui l'a insulté pour le regard qu'il a posé sur elle. Mirales apaise la situation.

Le matin, Mirales quitte la maison où sa mère, artiste neurasthénique peint une toile en à plats de couleur représentant le village. Accompagné de son chien fidèle, Malabar, Mirales va porter ses gâteaux, des zezettes, à Mme Dufour, la pianiste retraitée qui habite en face de Dog. Celui-ci est absent.

Dog prend en stop Elsa, uen jeune fille de son âge qui vient habiter la maison de sa tante, au village, pour les vacances. L'après-midi Dog et Mirales jouent à la PlayStation mais Mirales préférerait sortir s'aérer. Quand Dog lui avoue que le sms qu'il reçoit vient d'Elsa, Mirales mime sa transformation en femme pour taquiner son ami. Le soir, ils viennent inviter Elsa à les rejoindre sur la place haute. Comme d'habitude Mirales fait son show. Alors que Paco et Charlotte veulent ouvrir un restaurant il s'entête à expliquer, se targuant de son CAP de cuisinier que dans une recette traditionnelle de la région, il vaut mieux ôter la crème fraiche et les lardons. Fatigué, Dog s'en va, immédiatement suivi par Elsa.

Le matin Elsa est venu chez Dog qui lui parle de Mme Dufour que l'on entend jouer du piano et de son amitié pour Mirales. Quand celui-ci vient le chercher pour sortir, Dog refuse préférant rester avec Elsa.

Mirales vend ses barres de haschich à Enzo. Il retrouve Dog pour un pique nique avec Elsa au col des vents afin d'y entrainer Malabar à ramener des balles de tennis. Mirales sur la place haute fait part à Dog de sa tristesse de voir sa mère s'enfermer dans sa maison et sa solitude. Dog se fait rabrouer pour penser à autre chose. Dog revoie en effet Elsa qui prend en selfie une belle photo d'eux deux. Mais alors qu'un rapprochement entrer eux est imminent, Mirales appelle  Dog pour l'accompagner dans uen vente chez un couple d'amis. Au cours de la conversation, Dog un peu absent, fait preuve d'une inculture manifeste en  demandant si le Québec est loin du Canada. Il est immédiatement abaissé par Mirales.

Quand les garçons du village jouent au football sous le regard des filles, Dog se montre particulièrement habile et brillant en attaque. Le soir de son anniversaire, Mirales, au nom de ses amis réunis au restaurant, lui offre un maillot de foot floqué à son surnom. Il précise toutefois qu'Elsa n'a pas participé. Elsa lui fait le reproche de l'avoir exclue à dessin. Pour calmer la situation Charlotte lui demande se raconter un peu. Elsa est venue pendant les vacances d'été garder la maison de sa tante pour pouvoir gagner de l'argent en sous-louant son appartement de Rennes où elle fait un master de littérature comparée. Mirales insiste pour qu'elle en donne l'intitulé et à la stupéfaction d’Elsa en traduit simplement le sens : comment Herman Hesse, qu'il a beaucoup lu, poétise sa prose en s'éloignant plus ou moins des canons classiques. Il la rabaisse quand elle exprime son désir de travailler dans un cinéma d'art et essai,  trouvant présomptueux sa volonté comme simple caissière d'animer des débats. Il agresse ensuite frontalement Dog, lui reprochant de faire du bruit en mangeant. Dog se tait et va aux toilettes. Elsa tente de défendre son ami mais Mirales l'agresse de nouveau verbalement jusqu'au retour de Dog. Dans la soirée en boite qui suit Dog et Elsa s'embrassent longuement sous le regard de Mirales.

Dog et Elsa discutent au bar. Mirales vient les retrouver; Elsa voudrait qu'il s'en aille et part quand Dog reste passif. Mirales vient exprimer son désarroi à son fournisseur de Port Camargue qui lui recommande de baisser ses prétentions en matière d'amour absolue et d'essayer de rencontrer une femme réelle. Mirales joue seul avec Malabar pendant qu’Elsa et Dog regardent la télévision puis font l'amour. Pendant ce temps Mirales en réussit pas à convaincre sa mère de sa recette de pate sans crème fraiche et appelle vainement Dog au téléphone. Celui-ci regrette le manque de tendresse d’Elsa qui pianote au téléphone. Elle se trahit en indiquant qu'elle parle à son copain puis rétropédale difficilement en affirmant que c'est son ex-copain. Paco fait visiter le local de son futur restaurant à Mirales. Elsa vient vainement demande du haschich à Mirales qui refuse ne voulant pas qu'elle y entraine Dog. Mirales va écouter La tempête de Beethoven chez Mme Dufour.

Dog et Elsa vont chez Bernard chercher de la drogue. Dog se fait humilier par la bande de Dimitri qui lui reproche d'avoir insulté sa copine. Au retour, Dog exaspéré par l'appel que reçoit Elsa de la part de son copain perd un bref instant le contrôle de sa voiture évitant de justesse un accident. Elsa met fin sèchement à leur relation. Pour se venger Dog retourne la nuit dessiner un pénis sur le capos de la voiture de Dimitri

Mirales refuse de vendre plus que sa dose habituelle à Enzo, prétextant que c’est sans doute pour  revendre à Elsa et Dog. Il participe à la décoration du restaurant de Paco. Il achète des billets de loterie  sagittaire à Bernard. Il constate que Dog ne répond pas à son appel. Il le conduit au col des vents et quand Dog affirme qu'il n'a pas besoin de lui, il le laisse repartir seul. Dimitri cherche à connaitre le nom de celui qu'il sait avoir tagué sa voiture auprès du fournisseur de drogue de Port Camargue. Il vient en force sur la place du village forçant Enzo à faire venir Dog. Celui-ci s'enfuit et appel au secours Mirales qui s'arme d'une barre de fer; l'un des assaillants sort un couteau, Malabar l'attaque et se fait tuer; chacun rentre alors chez soi. Dog et Mirales enterrent Malabar au col des vents avec sa continue en guise de  prière.

C'est l'automne. La vie a repris au village. Dog est à l'armée. Il envie une vidéo à Miralès où il reprend leur jeu du regard vers rien d'autrefois. Bernard est  toujours sur la place du village attendant quelqu’un pour lui lire le résultat de son ticket de jeu. Paco a ouvert son restaurant Miralès y traville comme cuisinier.

Le film échappe constamment au réalisme de surface et approfondit toujours la psychologie des personnages bien au-delà de l’histoire de jeunes qui trainent ensemble, écoutent de la musique, jouent au ballon, boivent de l’alcool, fument du shit, se battent, et n’ont pour refaire le monde qu’un banc ou un terrain de foot. Les rues du village sont vidées de tout figurant pour resserrer l'intrigue sur les réactions des personnages, leurs paroles ou leurs silences.

Il y quelque chose de l’ordre de la théâtralité, avec de nombreux plans frontaux, comme s’ils ne pouvaient pas échapper au cadre. Ainsi dans la voiture quand Mirales demande à Elsa d'exprimer son plus grand rêve. Elsa refuse et Mirales réplique que le sein est d’être avec elle seul dans la voiture. Elsa soupçonne une drague bien lourde mais Mirales la surprend en déclarant que le rêve c'est la situation présente : être capable de l'apprécier pleinement sans se projeter dans un avenir illusoire. Les deux ou trois échappées vers le col du vent, non loin du village, disent cet espace de liberté pour apprécier le temps présent d'une camaraderie possible. La tension maximum est celle entretenue par Mirales au restaurant. Scène de repas qui par sa violence contenue est digne de celles mythiques de Maurice Pialat dans Loulou ou  A nos amours

Eclairage toujours magnifiques, la nuit au Pouget ou à l'aube, les parcours en voiture, l'espace du Col des vents, l’éclairage chaleureux du restaurant alors que la tension monte au maximum puis l'éclairage alternativement violet ou noir sur les deux faces du visage de Mirales dans la boite de nuit

Le titre évoque en effet une amitié toxique. Il y a d'abord la métaphore du chien, car l’amitié entre Mirales et Dog évoque la relation maître-chien, un rapport dominant/dominé mais aussi un amour indéfectible, un courage et une fidélité presque absurde. Chien de la casse est une injure venue des banlieues. Elle est adressée par Dimitri, le chef de bande de Port Camargue à Dog qui il vient le rosser. Le chien de la casse, c’est celui qui fait les choses pour lui, malgré ses amis, considérant que l’autre est aussi un chien de la casse. C’est un film sur l’amitié d’enfance, celle que l’on n’a pas vraiment choisie parce que ce sont des gens de notre village. Mirales et Dog se sont rencontrés enfants, ils ont grandi ensemble et sont presque comme des frères. Dans ce genre d’amitié fraternelle, on est condamné à grandir ensemble mais arrive un moment où on choisit véritablement ses amis, «en adulte».

Mirales est névrosé, cabossé et ne sait pas aimer car même s’il aime profondément son pote, il veut le changer, l’insulte et n’œuvre pas pour son bien. Pareil pour son univers : il est mal dans sa peau, mal dans sa place et porte un regard abimé sur son monde qu’il aimerait aussi transformer, ou quitter. Il lit, s’intéresse aux choses, a des passions, mais c’est comme si tout était contenu. Et au lieu d’essayer de devenir adulte, de se transformer et de mieux s’aimer, il cherche à changer les autres. Tout cela dans une retenue qui l’empêche vraiment d’exploser. Le goût des lettres ne fait pas de Mirales quelqu’un de rare. Il ne lit pas pour briller en société parce que ça fait partie de son éducation, qu’il est curieux et qu’il aime profondément les livres. Il lit certes mal Herman Hesse pour qui l'amitié est une valeur d'ouverture. Il change son regard quand Dog s'en va à l'armée et qu'il peut trouver à canaliser son énergie en étant cuisinier dans le restaurant de Paco

Citations célèbres : "Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui à qui je mens. », Tous les jours vont à la mort, le dernier y arrive Les Essais, Montaigne, 1580

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