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Paris,
le Palais de Justice. Des personnes arrêtées en flagrant délit
passent devant le substitut du procureur, dans un minuscule bureau, pour un
entretien d'une dizaine de minutes où sont précisées
et notées leurs versions de l'infraction commise, circonstances dérisoires
ou douloureuses, déclarations contradictoires, aveux, regrets, flot
de paroles confuses ou mutisme buté, roublardise, aveuglement, incompréhension
sincère ou feinte devant la machinerie judiciaire, que le magistrat
tente de démêler avec plus ou moins de patience selon les cas
La caméra enregistre quatorze témoignages, devant trois substituts,
certains des déférés rencontrant aussi, dans un autre
lieu, l'avocat commis d'office ou l'enquêtrice de personnalité.
Les prévenus se succèdent. Un voleur à la tire récidiviste.
Un drogué qui voudrait subir une cure de désintoxication. Un
joueur de bonneteau volubile, indicateur de police à l'occasion. Un
mari violent
qui accuse sa femme de le frapper. Une jeune femme alcoolique.
Une voleuse qui agit non pour revendre, mais pour elle, pour posséder
"des choses touchant à la féminité" - elle
ne sait comment arrêter, en se suicidant peut-être ? Un garçon
qui, en état d'ivresse, a insulté des policiers et met cela
sur le compte de la liberté d'expression. Un autre, genre fils de famille,
qui a "taggé" un wagon de métro. Quelques étrangers
en situation irrégulière et dépassés par la complexité
des règlements. Une fille qui ne craint pas de se contredire, devant
l'enquêtrice, la substitut puis l'avocat : volait-elle ou non une voiture
? Sait-elle ou non conduire ? Son défenseur lui suggère une
stratégie : voleuse certes, mais aussi et surtout en rupture de famille,
prostituée pour survivre, toxicomane et séropositive. Un homme,
enfin, voleur de portefeuille, sans antécédents judiciaires,
mais conduit à ce geste parce qu'il est chômeur et qu'il doit
nourrir sa famille.
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