Maurice Audin - la disparition
2010

En 1957, il apparait à Maurice Audin que la mission de civilisation des colons se fait à leur seul bénéfice : neuf dixièmes des enfants algériens ne va pas à l'école, neuf dixièmes de la population est analphabète. Il milite au parti communiste algérien qui revendique l'égalité pour tous les habitants d'Algérie. On y trouve, outre des communistes, des catholiques et des professeurs.

Maurice Audin est arrêté le 11 juin 57 pour avoir hébergé Caballero. Selon les membres de la famille politique de Maurice Audin et l’enquête de l'historien Pierre Vidal-Naquet (L'Affaire Audin), l'évasion était impossible, et le mathématicien serait mort au cours d'une séance de torture, assassiné le 21 juin 1957 par le lieutenant Charbonnier, officier de renseignement servant sous les ordres du général Massu.

Dès 1958, l'évidence de la mort de Maurice Audin sous la torture, grossièrement maquillée en évasion par un simulacre des militaires, est démontrée. L'instruction engagée à l'époque, qui paraissait devoir inévitablement impliquer les militaires et les plus hautes autorités politiques, finit par échouer à la suite de la loi d'amnistie de 1962, liée aux accords d'Evian.

Malgré toutes les tentatives engagées par Josette Audin ou le Comité Audin devant la justice (jusqu'en 2001), les causes de la disparition de Maurice Audin – la torture et le meurtre – ne sont officiellement toujours pas reconnues. En juin 2007, Josette Audin écrit au président de la République récemment élu pour lui demander que soit éclairci le mystère de la disparition de son mari et pour que la France assume sa responsabilité dans cette affaire. Le 1er janvier 2009, sa fille, Michèle Audin, refuse le grade de chevalier de la Légion d'honneur au motif que le président n'avait pas donné suite à la demande de sa mère ni même répondu à sa lettre.

Le film se base sur le récit de Pierre Vidal-Naquet L'affaire Audin. L'historien démontre méthodiquement la culpabilité de quelques militaires et, au-delà, les responsabilités du dispositif politico-militaro-judiciaire institué à partir de 1956 à Alger pour tenter de contrôler la crise.

Josette Audin témoigne de sa vie à Alger avec son jeune mari, son activité militante, l'arrestation de Maurice par les paras français, sa disparition. Maurice Audin - La disparition joue sur deux temporalités. A "l’évasion" de 1957 répondent aujourd’hui d’autres risques de disparition : l’oubli et l’indifférence. La torture ne s’est pas arrêtée avec Maurice Audin. En Algérie, d’autres Français et des milliers d’Algériens ont connu un sort comparable avant que cette pratique ne vienne s’exercer en France même, contre les militants du FLN. Plus tard ce sont les Harkis, puis des membres de l’OAS qui en ont été victimes, ce contre quoi Pierre Vidal-Naquet et le comité Audin se sont à nouveau insurgés. En Amérique du sud (Panama, Argentine) et plus récemment au Proche-Orient ou à Guantanamo, répression et renseignement ont continué de rimer avec torture.

 

Test du DVD

Editeur : Montparnasse, janvier 2012. Durée du film : 1h10. Durée des compléments : 1h02. Durée totale : 2h22.

Suppléments : Entretiens avec deux historiennes spécialisée de la Guerre d’Algérie : Sylvie Thénault, chargée de recherche au CNRS et Raphaëlle Branche, agrégée et docteur en histoire. La reconstitution de la disparition. François Demerliac revient sur sa démarche, en mettant notamment en avant le travail sur la reconstitution et ce qu’elle apporte au film.

 

 

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Avec : Josette Audin, Henri Alleg, Robert Badinter (eux-mêmes) Thierry Cantero (Le docteur Mairesse), Gabriel Champeix (Misiri), Olivier Charasson (Charbonnier), Olivier Derousseau (Valentin), Sébastien Descoins (Maurice Audin), Charles Heidet (Cuomo). 0h52.
François Demerliac
Genre : Documentaire sur la justice
dvd chez Carlotta Films
Thème : Guerre d'Algérie